Ce que j’émi lit 2021

Le mois de janvier défile à vive allure mais il est encore temps de dresser mon petit bilan de lectures de l’année passée en répondant au set de questions habituel qui circule sur les réseaux depuis quelques années. Même si je publie très peu ici et sur Instagram mes retours de lectures, c’est un rendez-vous poétique qui m’est devenu incontournable.

Mes derniers coups de coeur de l’année + une illustration signée Camille Jourdy en fonds d’écran pour égailler 2021

Décris-toi : Ressac (Diglee, La ville brûle, 2021, témoignage)

Comment te sens-tu ? Nowhere girl (Magali Le Huche, Dargaud, 2021, BD)

Décris où tu vis actuellement:  Bordeterre (Julia Thévenot, Sarbacane, 2020, roman ado)

Si tu pouvais aller où tu veux, où irais-tu ? Aux endroits brisés (Pauline Harmange, Fayard, 2021, roman adulte)

Ton moyen de transport préféré : Broadway limited (Malika Ferdjoukh, L’école des Loisirs, 2021, roman ado)

Ton/ta meilleur(e) ami(e) est : Le club des inadaptés (Martin Page, L’école des loisirs, 2010, roman jeunesse. Voyez aussi le post de Gaëlle sur l’adaptation BD de Cati Baur chez Rue de Sèvres)

Toi et tes amis vous êtesSacrées sorcières (Pénélope Bagieu d’après le roman de Roald Dahl, Gallimard jeunesse, 2020, BD jeunesse)

Comment est le temps ? Age tendre (Clémentine Beauvais, Sarbacane, 2020, roman ado)

Quel est ton moment préféré de la journée ? Avant le jour (Madeline Roth, La Fosse aux ours, 2021, roman adulte)

Qu’est la vie pour toi ? Mes 18 exils (Susie Morgenstern, L’Iconoclaste, 2021, témoignage)

Ta peur?  L’obsolescence programmée de nos sentiments (Zidrou, Aimée de Jongh, Dargaud, 2018, BD adulte)

Quel est le conseil que tu as à donner ? Malgré tout (Jordi Lafebre, Dargaud, 2020, BD adulte)

La pensée du jour :  Des Astres (Séverine Vidal, Sarbacane, 2019, roman ado)

Comment aimerais-tu mourir ?  Le souffle du géant (Tom Aureille, Sarbacane, 2021, BD jeunesse)

Les conditions actuelles de ton âme ?  En apnée (Meg Grehan, Talents hauts, 2020, roman ado)

Ton rêve ? D’or et d’oreillers (Flore Vesco, L’école des Loisirs, 2021, roman ado)

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Un thème, 3 romans: la Seconde Guerre Mondiale

On peut dire que je suis une lectrice éclectique. De par mon métier de bibliothécaire, je tâche de lire des ouvrages pour adultes comme pour enfants (surtout de la jeunesse mais chut!), de la BD en passant par le documentaire sans oublier le roman et ce en variant les genres si possible mais il faut bien avouer que le roman historique, ce n’est pas ma tasse de thé… Or, ces derniers mois, le plus grand des hasards a fait que j’ai lu plusieurs titres historiques et portant en particulier sur la période de la Seconde Guerre Mondiale. Très naïvement, je me dis que si j’avais eu entre les mains ces livres au cours de ma scolarité, ma vision de l’Histoire n’en aurait été que meilleure, en tout cas plus investie… Mais je ne doute pas que des enseignants usent et abusent de la littérature de jeunesse pour nourrir leurs cours. Si c’est votre cas, venez nous parler de votre expérience en commentaire; on est avides d’échanges!

Journal d’Anne Frank, Anne Frank, Livre de poche

Le premier titre proposé ne sera sans doute pas une découverte pour vous mais il me paraît néanmoins incontournable. Parce que c’est un véritable témoignage d’une jeune juive, parce que je l’ai lu ado et relu par la suite, parce que facile d’accès, parce que captivant…Evident!

Pour les plus jeunes enfants, je recommande Anne Franck dans la collection « Petite et grande » chez Kimane, une belle porte d’entrée au sujet. Une collection dont on reparlera à coup sûr!

Le garçon en pyjama rayé, John Boyne, Gallimard jeunesse, 2009

Ensuite, en respectant la chronologie de publications, il y a Le garçon en pyjama rayé. Pour ma part, je l’ai lu sur les conseils d’un ami enseignant en langues vivantes qui l’a proposé à ses élèves et ce sans rien savoir du sujet et quelle claque j’ai reçu. Si vous êtes ici, vous en savez déjà beaucoup et vous ne pourrez en faire de même mais je ne peux que vous conseiller de le faire découvrir sans rien dévoiler de l’histoire. Voici simplement l’une des premières pages pour vous donner le ton :

Max, Sarah Cohen-Scali, Gallimard jeunesse, 2012

L’ouvre-livres avait plébiscité ce titre et Gaëlle avait eu l’opportunité d’interviewer l’autrice Sarah Cohen-Scali après son obtention du prix Sorcières du roman ado en 2013 ici et multi-primée depuis pour Max.

On vous invite également à découvrir le reste de la bibliographie de Sarah Cohen-Scali et notamment Orphelins 88 paru chez Robert Laffont en 2018. Gaëlle confiait son avis de lecture sur notre compte Instagram.

La première page du roman où l’on découvre ce bébé nazi

L’éblouissante lumière des deux étoiles rouges, l’affaire des cahiers de Viktor et Nadia, Davide Morosinotto, L’école des loisirs, 2019

Enfin, ce pavé d’un auteur italien permet d’avoir le point de vue sur le conflit d’enfants jumeaux sous l’ère soviétique. C’est un magnifique objet-livre présentant de faux vrais facs-similés, des photos, des coupures de presse mais aussi les annotations manuscrites de l’officier chargé de juger le dossier. Il s’agit des cahiers de Nadia, qui rédige ses souvenirs en bleu et Viktor en rouge. Davide Morosinotto s’est inspiré pour sa fiction du parcours de l’un de ses grands-pères pour narrer ce pan d’Histoire méconnu.

Au royaume des ombres

Pour ce 3ème rendez-vous de l’année avec les 6-11 ans du centre de loisirs pour « Je lis, tu dessines », nous nous retrouvons au royaume des ombres. Le principe reste le même, sélectionner des livres pour la jeunesse mettant en scène le thème de diverses façons: jeux autour de pages découpées, ombres projetées, photographies d’ombres réelles mais aussi d’ombres projetées, ombres dessinées notamment.

La grenouille qui grimace, Ghislaine Herbéra, MeMo, 2017

Le petit chaperon rouge, Clémentine Sourdais, Hélium, 2012 – à lire équipé d’une lampe torche

Pleine lune, Antoine Guilloppé, Gautier-Languereau, 2010

La ronde des contes, Mélusine Thiry, Hongfei, 2011

Devinettes « Qui se cache dans l’ombre de la forêt sombre ? Des personnages peuplant les contes merveilleux traditionnels tels que le Vilain Petit canard, les Trois petits cochons, Poucette, le Chat botté, Boucle d’or…

Tout s’éclaire, Alice Zavaro, Voce verso, 2016 – la lampe d’un téléphone portable suffit 😉

Une ombre, Chae Seung-Yeon, L’élan vert, 2019

Quelle est ton ombre ? Cécile Gabriel, Mila éditions, 2008

La croccinelle, Michaël Escoffier, Matthieu Maudet, Frimousse, 2013 – album ici adapté sous forme d’un théâtre d’ombres. On a glané l’excellente idée chez Maryon Bricole qui détaille son projet .

Côté activité(s), de nombreuses pistes à exploiter:

  • Dessiner le contour d’objets au soleil
  • Découper des pages à la façon d’Antoine Guilloppé
  • Inventer ou reproduire des histoires en ombres chinoises en s’appuyant sur La magie des ombres chinoises, Fleurus, 2016
  • Fabriquer son propre théâtre d’ombres en carton

Autres idées de lecture sur le même thème:

Les papillons de Risha, Amarnath Hosany, Hongfei, 2018

George et son ombre, Davide Cali, Serge Bloch, Sarbacane, 2017

Avec le soleil, Susumu Shingu, Gallimard Jeunesse, 2018

L’histoire de Julie qui avait une ombre de garçon, Christian Bruel, Thierry Magnier, 2014

L’ombre d’Igor, Juliette Binet, Autrement, 2009

Ombres, Marta Monteiro, La joie de lire, 2018

Ombres, Suzy Lee, Kaleidoscope, 2010

Retrouvez ici la sélection réalisée par les bibliothécaires des services jeunesse de la Cité du Livre mettant en lumière des ouvrages documentaires traitant de l’image (trompe-l’œil, images en 3D, illusions d’optique….)

Avec des jouets

Qu’elle se déroule avant Noël ou même quelques temps après, cette séance autour des jouets se prête bien à la période – car qu’on le veuille ou non, on parle beaucoup d’eux! Pour cette seconde racontée de « Je lis, tu dessines » avec les 6-11 ans du centre de loisirs, on s’est ainsi creusé la tête pour dénicher des histoires où les jouets seraient les héros, du doudou aux peluches, du coffre à jouets en passant par les jeux de bain!

Pour une entrée mystérieuse et amusante, faire écouter la « Danse de la fée Dragée » tiré de Casse-Noisette de Tchaïkovski et faire semblant de ne pas voir ni entendre le groupe d’enfants le temps du morceau 😉

J’arrive chargée de mon sac…mais que contient-il donc ? Et de quoi parlent mes histoires aujourd’hui ?

La petite boîte, Eric Battut, Didier jeunesse, 2015

Le doudou des bois, Angélique Villeneuve, Amélie Vidélo, Sarbacane, 2016

Alors ? Kitty Crowther, Pastel, 2005 A lire avec pour fonds sonore le tic tac d’une vieille horloge

Lolotte et le coffre à jouets, Clothilde Delacroix, L’école des loisirs, 2015

Le Noël de Balthazar, Emma Kelly, Marie-Hélène Place, Caroline Fontaine-Riquier, Hatier, 2006

Jouets des champs, Anne Crausaz, MeMo, 2012

Le bain de Berk, Julien Béziat, Pastel,2016

Sam et Julia dans la maison des souris, Karina Schaapman, Gallimard jeunesse, 2012 – choisir quelques extraits

Livre chanté Le Noël du bois joli, Martine Bourre, Didier jeunesse, 1999 pour clore la racontée

L’activité de l’après-midi s’est inspirée du Gros livre des petits bricolages de Martine Camillieri au Seuil jeunesse et des aventures de Sam et Julia cités plus haut pour construire leur propre maison de poupées, constituée de différentes pièces créées dans des boîtes en carton de tailles diverses. C’est la récup’ qui a fourni meubles et éléments de décor (bouchons, échantillons de tapisserie, papiers et cartons variés etc).

Métiers imaginaires

Un rituel du soir en chasse un autre à la maison. La nouvelle lubie du môme depuis quelques semaines: annoncer à tour de rôle les rêves qui vont peupler notre nuit. On est très vite partis sur des idées farfelues et oniriques; un exercice ludique pour développer l’imagination des petits comme des grands. Malgré tout, Papa Maman pour nourrir et renouveler leur inspiration se sont emparés du recueil des Métiers imaginaires initialement auto édité par Anne Montel via une campagne de crowdfunding sur kickstarter.

A gauche Les métiers imaginaires, Anne Montel, auto édition, 2017
A droite Abécédaire des métiers imaginaires, Anne Montel, éditions Little Urban, 2020

A l’occasion du rendez-vous de février du challenge littéraire #challengeliredetout sur Instagram invitant à mettre en lumière un ouvrage autoédité, Anne Montel a accepté de dévoiler les coulisses de la création de ses Métiers imaginaires, un album au fort potentiel poétique, texte et images confondus.

  • Comment est née l’idée de ce projet d’auto-édition? 

Depuis mon premier projet d’auto-édition « La Grande Machinerie du petit N’importe quoi », j’avais envie de recommencer l’expérience. Ce livre regroupait mes dessins réalisés dans le cadre du challenge « Inktober » 2016, un événement annuel ouvert aux illustrateurs amateurs ou professionnels, qui consiste à réaliser 1 dessin par jour en octobre. Lorsque j’ai de nouveau participé en 2017, j’ai naturellement eu envie de réitérer l’expérience. Par contre, je ne sais pas si je recommencerai un financement participatif ; c’est à la fois très excitant et cela permet d’être soi-même aux commandes de décisions qu’on ne maîtrise pas dans le schéma classique d’édition, mais c’est surtout énormément de travail comptable, de manutention et autres tâches pas hyper épanouissantes.

  • Album auto-édité/abécédaire édité. Peux-tu revenir sur le travail éditorial effectué avec Little Urban? Est-ce la maison d’édition avec qui tu collabores régulièrement qui t’a approchée ou une volonté de ta part d’étoffer ton recueil?

Lors de son impression en auto-édition, le recueil de métiers imaginaires n’était pas sous la forme d’un abécédaire. C’est une idée de mon éditrice chez Little Urban. Loïc Clément (mon auteur préféré) m’a de son côté poussé à décliner de courtes histoires pour chaque lettre. Ce travail mené en collaboration avec ma maison d’édition a permis d’apporter une vraie plus-value à cette nouvelle exploitation. C’est moi qui les ai sollicités pour donner une nouvelle vie à l’ouvrage. Nous avons une très belle relation et j’étais ravie qu’ils accueillent mon projet à bras ouverts pour lui donner une seconde vie. Nous en sommes déjà à la seconde impression, et j’espère que cet album pourra vivre encore longtemps malgré sa sortie juste avant le premier confinement.

Un répertoire de 31 aquarelles au fil d’octobre
devenu 26 illustrations au fil de l’alphabet et toujours des métiers enchanteurs
  • Tu as confié récemment sur les réseaux et dans la presse travailler à une œuvre très personnelle où tu signerais texte & illustrations. Est-ce que cette première expérience d’autrice-illustratrice avec tes métiers imaginaires t’a enrichie, t’a aguerrie peut-être ?

J’ai en effet un projet de BD autobiographique en tant qu’ « autrice complète ». C’est un immense pas, scénariste étant un métier à part entière dont je ne maîtrise pas entièrement les codes. Heureusement, j’ai un auteur talentueux à la maison pour pouvoir me guider, sinon je serais un peu paumée ! J’ai aussi un projet d’album jeunesse qui attend sagement d’être contractualisé, en tant qu’autrice seulement. Je prends confiance petit à petit. C’est surtout le besoin d’exprimer et partager des choses au-delà du visuel qui m’anime. Dans cette période de multi-confinements, je ressens plus que jamais l’urgence de dire des choses à une assemblée plus large qu’au sein de mon foyer.

Pour en savoir plus sur l’univers d’Anne Montel, retrouvez la discussion en 3 parties avec son binôme préféré Loïc Clément et notre Gaëlle ici, et mais aussi une interview gourmande sur le blog La boîte à bonbecs des collègues bibliothécaires jeunesse de Chambéry ici!