Le Muz a besoin de vous !

LeMuzConnaissez-vous Le Muz ? C’est le musée en ligne créé en 2009 par Claude Ponti. Véritable galerie d’art numérique, on y découvre au fil des pages des dessins d’enfants étonnants, attendrissants, détonnants. On tombe même parfois sur les oeuvres de jeunesse d’illustrateurs d’aujourd’hui, comme Grégoire Solotareff !
Le dessin de Mamouth de Paul, 6 ans.

Le dessin de Mamouth de Paul, 6 ans.

Dessin de Grégoire Solotareff à cinq ans, en ligne sur le Muz.

Dessin de Grégoire Solotareff à cinq ans, en ligne sur le Muz.

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Le but de ce musée en ligne ? Collecter et valoriser les dessins des plus jeunes, car

« les enfants doivent savoir que des adultes prennent au sérieux leurs travaux, tout aussi sérieusement que les travaux des adultes. Et les adultes doivent savoir qu’on peut prendre  au sérieux des travaux d’enfants. Car il s’agit de patrimoine culturel de l’humanité. »

ImageAujourd’hui, le site du Muz est en bout de course ; et pour pouvoir en refaire un tout beau, tout neuf, cela demande un certain budget. Il ne manque pourtant pas grand chose…

C’est là que nous intervenons ; vous, nous, les lecteurs, les acteurs et les passionnés de la littérature jeunesse, les parents fiers de voir les oeuvres de leurs enfants ainsi valorisées… Nous pouvons agir, et donner quelques euros pour contribuer à cette belle cause. Ce sera également l’occasion d’accrocher chez nous de jolis dessins de Claude Ponti…
Lot de cinq cartes postales en contrepartie d'un don de 10 euros.

Lot de cinq cartes postales en contrepartie d’un don de 10 euros.

Ensemble, sauvons le Muz ! Pour participer, il suffit de se rendre sur la page dédiée au Muz sur le site de crowdfunding Ulule :

http://fr.ulule.com/sauvezlemuz/

Rencontre avec Eléonore Thuillier

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Eléonore Thuillier est une jeune illustratrice française qui monte, qui monte… Impossible d’entrer dans une librairie jeunesse sans tomber sur l’un de ses jolis dessins !

L’Ouvre-livres l’a rencontrée, et voilà ce qu’elle nous a raconté.

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Vous êtes illustratrice depuis 5 ans et avez publié plus d’une vingtaine de livres. Comment tout a commencé ? Que pensez-vous de ce chemin parcouru ?

En 2007, j’ai ouvert un blog sur lequel j’ai posté des dessins. Ce blog à été vu par un auteur : Michaël Escoffier. Il m’a proposé des textes et il y en a un en particulier qui m’a beaucoup plu. C’était le texte du Gentil P’tit lapin. J’ai commencé à en réaliser les illustrations puis nous l’avons soumis à Isabel Finkenstaedt des Éditions Kaléidoscope. Elle a beaucoup aimé et l’a publié. J’ai eu beaucoup de chance de commencer avec un auteur comme Michaël et une maison comme Kaléidoscope. Ça reste un de mes albums préférés, un très bon souvenir. Tout commençait. 

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Vous avez reçu deux prix : le prix Enfantaisie du « Meilleur album 2013 » au salon du livre et de la presse de Genève pour Jour de piscine et le prix « Petite enfance » du salon du livre de Gaillac 2012 pour Une histoire toute bête. Qu’ont-ils changé dans votre carrière ? Que représentent-ils pour vous ?

Ils n’ont pas changé fondamentalement ma carrière. Mais ça fait très plaisir d’avoir la reconnaissance des enfants, ça donne confiance. Car pour les 3 prix que j’ai eu le plaisir de recevoir, (j’ai obtenu aussi avec Orianne, le prix « coup de pouce » pour Le Loup qui cherchait une amoureuse en 2012), ce sont les enfants qui ont voté. C’est une belle récompense.

Le Loup qui voyageait dans le temps, écrit par Orianne Lallemand et illustré par Eleonore Thuillier. Editions Auzou, 2014.

Le Loup qui voyageait dans le temps, écrit par Orianne Lallemand et illustré par Eleonore Thuillier. Editions Auzou, 2014.

La série sur votre personnage Le Loup qui…, écrite par Orianne Lallemand, plaît beaucoup aux enfants : elle est en tête de gondole dans les librairies. Comment expliquez-vous ce succès ?

Je pense que le personnage est attachant. Il n’est pas parfait et moralisateur, il est plutôt maladroit, rigolo et râleur ce qui fait que les enfants l’aiment bien. Là encore j’ai vraiment beaucoup de chance.

Ce Loup se décline désormais en peluches ou en jouets. Avez-vous le sentiment que ce personnage  auquel vous avez donné corps, vous échappe désormais ?

Non, je n’ai pas ce sentiment là. Au contraire, quelle fierté pour moi de savoir que plein d’enfants ont adopté mon Loup comme doudou et qu’il fait partie de leur quotidien. Ensuite, Orianne et moi gardons un œil sur tout ce qui se fait. Il s’agit de ne pas faire n’importe quoi sous prétexte que le personnage plait. 

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Allez-vous parfois à la rencontre de vos lecteurs ? Si oui, que vous apportent-ils ?

J’y vais autant que je peux. C’est très important et enrichissant pour moi. Les enfants sont très contents de me voir et moi je suis ravie de rencontrer mes petits lecteurs. Il y a un joli échange. Les parents aussi sont adorables. Ça m’apporte énormément. 

 Vos illustrations sont bourrées de détails rigolos qui ne sont pas dans le texte ; par exemple, dans Le Loup qui voyageait dans le temps, on remarque un paillasson à l’entrée de la grotte des hommes préhistoriques, des lunettes 3D à un bal costumé à Versailles, ou encore une sonnette devant la caverne d’un énorme dragon. De quelle liberté l’illustrateur dispose-t-il face au texte ?

Je dispose de toutes les libertés. C’est ce qui est vraiment intéressant. J’adore distiller des références humoristiques dans les illustrations et ajouter une double lecture au texte. Et puis j’aime bien quand il se passe quelque chose en arrière plan qu’on ne remarque pas forcément à la première lecture. 

Le gentil p'tit lapin, écrit par Michaël Escoffier et illustré par Eléonore Thuillier. édition Kaléidoscope, 2009.

Le gentil p’tit lapin, écrit par Michaël Escoffier et illustré par Eléonore Thuillier. édition Kaléidoscope, 2009.

Vous travaillez avec plusieurs auteurs : Michaël Escoffier, Orianne Lallemand ou Jean Leroy pour n’en citer que trois. Comment s’établissent vos collaborations ? 

Les collaborations se font surtout par mail sauf pour Orianne avec qui j’ai le plaisir de travailler régulièrement. Il y a un réel échange. C’est passionnant et très enrichissant.

Vos illustrations permettent une seconde lecture de l’histoire, visuelle et ludique, avec des propositions fortes. Par exemple, dans Jour de piscine, vous n’hésitez pas à changer le sens de lecture, en faisant basculer le livre à la verticale pour en utiliser toute la longueur. Comment vous emparez-vous de l’objet livre ?

En fait, je me sers du livre comme support. J’essaie de ne pas avoir trop de contraintes et de casser un peu la « monotonie »… Ça rend la lecture plus « vivante » et j’ai remarqué que les enfants aimaient bien.

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Votre palette est très vaste : vous passez des dessins poétiques à d’autres plus comiques, vous utilisez des collages, des pochoirs, des crayons, de la peinture… Et pourtant, on reconnait tout de suite votre trait. Comment le définiriez-vous ?

Je ne sais pas vraiment. Je suis plus à l’aise lorsque je traite un texte humoristique, c’est certain. C’est le style qui me va le mieux pour le moment.

Est-ce que vous adaptez votre style à celui des auteurs ou est-ce l’envie de toucher à tout qui vous incite à utiliser différentes techniques ? 

J’adapte mon style au texte pas à l’auteur, à ce que j’imagine dès la première lecture. Je me laisse guider. J’essaie, je me trompe, je recommence… J’ai de plus en plus envie d’essayer de nouvelles choses.

Jour de piscine, écrit par Christine Naumann-Villemin et illustré par Eléonore Thuillier. Editions Kaléidoscope, 2012.

Jour de piscine, écrit par Christine Naumann-Villemin et illustré par Eléonore Thuillier. Editions Kaléidoscope, 2012.

Vous habitez en Tunisie et travaillez pour des éditeurs français. Comment organisez-vous votre journée de travail ?

Assez classiquement. Je travaille de 9h à 16h environ. Grâce à internet je suis tout le temps en contact avec mes éditeurs et auteurs. C’est comme si j’habitais en France, il n’y a pas de différence. 

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Je me demande à quoi ressemble votre bureau…  Est-ce un coin de votre maison ou une pièce dédiée ? À quoi ressemble-t-il ? Croule-t-il sous vos croquis ou est-il impeccablement rangé ?

Je rêve d’avoir un atelier mais pour le moment mon bureau est dans un coin et croule sous le bazar…

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Parlons références. Avez-vous des livres cultes ? Des illustrateurs vous ont-ils inspirée ? Quelles sont vos dernières découvertes, vos derniers coups de cœur ?

J’ai un livre culte, celui qui m’a donné envie de faire ce métier. C’est Ma maison de Delphine Durand. Sinon il y a beaucoup d’illustrateurs dont j’admire le travail. Mes derniers coups de cœurs sont nombreux, j’adore l’humour de Vincent Malone (auteur de la série des Kiki par exemple ou encore du génial Quand papa était petit, y’avait des dinosaures. Et j’admire des illustrateurs comme Carter Goodrich et Peter de Sève. 

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Quels sont vos projets actuels ? Quelles sont vos envies pour la suite de votre carrière ? Souhaiteriez-vous écrire et illustrer vos propres histoires ?

Mon envie c’est de continuer sur ma lancée. J’ai une nouvelle série intitulée Rosie et Rosette (éditions De la Martinière) dont je suis à la fois l’auteure et l’illustratrice. Je continue la série du Loup qui… chez Auzou avec Orianne. Et puis d’autres albums sont en préparation. Bref, je ne m’ennuie pas. 

Rosie et Rosette, écrit et illustré par Eléonore Thuillier. Editions La Martinière, 2014.

Rosie et Rosette, écrit et illustré par Eléonore Thuillier. Editions La Martinière, 2014.

Merci Eléonore pour cet échange ! Nous vous souhaitons une très bonne continuation et à très vite sur L’Ouvre-livres ! 🙂

L’ouvre-films #8 : vos enfants n’aiment pas lire ? Emmenez-les au cinéma !

Le Forum des Images, à Paris, est une vraie caverne d’Ali Baba. Très régulièrement, des programmations jeunesse sont organisées, adaptées à tous les âges, avec animations, expositions et ateliers. ! Entre Cendrillon, Babar et Poil de Carotte, il y en aura pour tous les goûts ! C’est aussi l’occasion de revoir ces merveilles dans les salles obscures… Si vous êtes dans le coin, n’hésitez plus !

Les après-midi des enfants

Jusqu’au 29 mars 2014

 » La thématique des Après-midi des enfants fait la part belle aux adaptations cinématographiques et aux passerelles narratives ou picturales entre films et livres. Pour lire les oeuvres d’une autre façon en 33 films et (re)découvrir sur grand écran des films où les livres sont au centre de l’action. Des projections pour tous les âges, de toutes les époques, autour d’un débat et d’un goûter. La Salle des collections du Forum des images propose également, sur écrans individuels, des films et jeux multimédias spécialement conçus pour les plus jeunes. « 

4 € par enfant de moins de 12 ans
6 € par adulte

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Tout-Petits Cinéma

Du 15 au 23 février 2014

 » Le Forum des images poursuit son travail d’accompagnement des 18 mois-4 ans dans leur découverte du cinéma sur grand écran en organisant la 7e édition du festival Tout-Petits Cinéma. Chaque séance propose une initiation en douceur autour de la projection de merveilles du cinéma, accompagnées d’artistes du spectacle vivant. Dans des espaces aux couleurs des plus petits pendant huit jours de fête ! « 

 » Les enfants, confrontés très tôt à un flot permanent d’images sur les multiples écrans de leur environnement, se retrouvent pourtant parfois, à l’occasion de ce festival, pour la première fois en salle de cinéma. Autour de cette expérience sensible et commune, c’est alors un partage d’émotions avec leurs parents, aux côtés de nombreux autres enfants. D’où l’importance du choix des films pour leur faire appréhender des esthétiques différentes du flux audiovisuel contemporain. « 

5,50 € par enfant
7 € par adulte

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Ces auteurs pour adultes qui commettent des livres jeunesse : Harlan Coben

Parfois, certains auteurs qui n’écrivent habituellement que pour les adultes se laissent aller à publier un roman pour les enfants. Comme une « anomalie » dans leur bibliographie, comme un petit détour sur leur route toute tracée, ils nous offrent, l’espace d’un instant, leur contribution à la littérature jeunesse.

Quels sont ces livres ? En quoi sont-ils différents ou proches de l’ensemble des œuvres de ces écrivains ?

1 – Maxence Fermine

2 – Stephen King

 

A découvert, d’Harlan Coben

harlancoben3Mais qui est donc Harlan Coben ? Un grand mec chauve au crâne brillant – dans les deux sens du terme. Cet écrivain américain de 52 ans écrit des polars à la pelle, et chacun d’entre eux se place direct dans le top des ventes. Son style est vif et direct, du genre à vous emporter dans l’histoire, au plus près des personnages et au cœur de l’action.

Bizarrement, à l’inverse d’un certain Stephen King, ses œuvres n’ont pas été adaptées à tout va : il n’y a qu’en France que Guillaume Canet s’est penché sur cette mine d’or avec Ne le dis à personne (2006). Et visiblement Harlan Coben en est très fier, puisque son site officiel regorge de photos du film et qu’il a même appelé un de ses personnages Berléand !

Bref, vous voyez le bonhomme : très grand, très doué et très humain, à l’image de son personnage fétiche, Myron Bolitar, un ex-champion de basket et ex-agent du FBI reconverti en agent sportif. Depuis 1995, ce héros extrêmement populaire auprès du public (il a quand-même sa propre page wikipédia) a mené pas moins de 10 enquêtes !

Pour se lancer dans l’écriture jeunesse, Harlan Coben s’est donc tout naturellement raccroché à ce personnage emblématique de son œuvre en mettant en scène son jeune neveu : Mickey Bolitar. Dans A découvert, cet ado est recueilli par Myron après avoir perdu son père dans un accident de voiture et placé sa mère en cure désintox. Nouveau dans cette ville, il ne tarde pas à se lier d’amitié avec Spoon, le fils du concierge du lycée, et Ema, une gothique solitaire. Ensemble, ils vont enquêter sur la disparition d’Ashley, la petite amie de Mickey.

Voici les premières lignes de l’histoire :

J’allais au lycée en ruminant mon triste sort – mon père était mort, ma mère en cure de désintox, ma copine avait disparu – quand j’ai vu la femme chauve-souris pour la première fois.
J’avais entendu les rumeurs la concernant, bien sûr. On disait qu’elle vivait seule dans la maison délabrée au croisement des rues Hobart Gap et Pine. Vous voyez laquelle. Je me trouvais juste devant. La peinture jaune de la façade tombait par plaques comme le pelage d’un vieux chien. Le béton de l’allée se craquelait. Dans le jardin à l’abandon, les pissenlits mesuraient bien 1 m 20, la taille requise pour monter dans le grand huit.
On racontait que la femme chauve-souris avait 100 ans et ne sortait que la nuit. Gare au gamin qui n’était pas revenu de chez un copain ou de son entraînement de base-ball avant la tombée du jour. Si vous preniez le risque de rentrer à pied dans le noir ou si vous étiez assez dingue pour couper par son jardin… la femme chauve-souris vous attrapait !

Plus qu’une simple enquête d’adolescents, A découvert  porte une véritable réflexion sur la culpabilité, le deuil, la responsabilité et la famille. Car c’est au final sa propre histoire que Mickey va remuer, jusqu’à déterrer certains secrets et découvrir qui étaient réellement ses parents.

à découvertHarlan Coben se glisse à merveille dans la peau d’un adolescent qui tente par tous les moyens de se sortir d’un quotidien tragique. Sincère et entier, Mickey est un héros que l’on adopte immédiatement. Ses failles, sa volonté d’aller de l’avant et ses certitudes mises à mal nous émeuvent, son désir de résoudre à tout prix les mystères qui l’entourent (qu’il s’agisse de sa propre famille ou des événements étranges qui se déroulent au lycée) nous passionnent.

Revendiqués comme des romans ado, A découvert, suivi d’A quelques secondes près, plairont à coup sûr aux fans du genre et du maître.  Et quelque chose me dit que les aventures de Mickey ne devraient pas s’arrêter là…

« A découvert » (Shelter), d’Harlan Coben, 2011 –  Pocket, 7,20 €.

« A quelques secondes près » (Seconds away), d’Harlan Coben, 2012 – Fleuve Noir, 18,95 €.

Ces auteurs pour adultes qui commettent des livres jeunesse : Stephen King

Parfois, certains auteurs qui n’écrivent habituellement que pour les adultes se laissent aller à publier un roman pour les enfants. Comme une « anomalie » dans leur bibliographie, comme un petit détour sur leur route toute tracée, ils nous offrent, l’espace d’un instant, leur contribution à la littérature jeunesse.

Quels sont ces livres ? En quoi sont-ils différents ou proches de l’ensemble des œuvres de ces écrivains ? 

1 – Maxence Fermine

 

Les Yeux du Dragon, de Stephen King

Stephen_KingOn ne présente plus Stephen King ; romancier prolifique de génie, il a écrit plus de 50 romans, du thriller au fantastique en passant par l’horreur et l’épouvante, dont la plupart ont été adaptés sur petits et grands écrans (Shining, La Ligne Verte, ou encore Fenêtre Secrète pour ne citer qu’eux). Cette importante contribution à la littérature américaine l’a d’ailleurs conduit à recevoir, en plus de dizaines de prix, la médaille de la National Book Fondation (son discours de remerciement, en anglais, ici).

Bref, un grand homme on vous dit.

StephenKing1Mais voilà, parmi tous ces bouquins pour adultes, un seul est estampillé jeunesse : Les Yeux du Dragon, conte semi-fantastique publié en 1984.

Pourquoi ? Quelle est cette « erreur de parcours » ?

La légende dit que Stephen King s’est rendu compte que ses jeunes enfants ne pourraient pas lire ses livres avant longtemps : univers trash + pavés de plusieurs centaines de pages obligent. Il se serait donc lancé le défi de rédiger un récit loin de son monde et de ses volumes habituels (pas trop d’angoisse ni de complexité et moins de 400 pages) afin de partager son travail avec l’ensemble de sa famille.

Le résultat donne un livre étonnant, qui se lit vite, bien et nous entraine dans un univers jeunesse très codifié : un royaume médiéval, un vieux roi, un gentil prince et un méchant magicien. Des ingrédients mille fois revus avec une fin obligatoirement positive mais qui ici s’assument comme tels.

Car derrière cette simplicité apparente, Stephen King se moque du conte de fées, s’amuse et délivre un récit original, bien construit et ambitieux. Il aime se positionner comme un conteur qui s’autorise des digressions, s’adresse directement au lecteur, lui posant des questions, exprimant son opinion personnel et se permettant même quelques blagues :

« Tout d’abord, il faut savoir que la véritable magie n’est jamais facile. Si vous ne me croyez pas, essayer donc de faire disparaitre votre tante rabat-joie la prochaine fois qu’elle viendra passer une semaine ou deux chez vous. »

Il est vrai que certains amateurs de Stephen King peuvent être déçus par ce roman qui, bien qu’efficace, reste finalement assez simple, loin des ouvrages complexes et effrayants auxquels ils sont habitués.

Pour autant, il suffit de prendre le problème à l’envers : Les Yeux du Dragon est, pour un jeune lecteur, un parfait point d’entrée vers le monde sombre et nébuleux de Stephen King.

On y retrouve sa grande dextérité à construire une histoire, à captiver son public et à le mener du bout du nez. Et surtout, ce conte est truffé d’éléments horrifiques propres au romancier : des animaux empaillés, l’exploration des égouts, la mort, l’angoisse… Sans oublier le méchant, pourtant très méchant, qui ne meurt pas à la fin, réussit à s’échapper et réapparait même dans deux autres romans adultes (Le Fléau et La Tour Sombre) !

Les Yeux du Dragon n’est donc pas un conte classique ; haut en couleurs, il porte la patte de son (grand) auteur avec subtilité, faisant écho à l’ensemble de son œuvre, tout en s’adaptant parfaitement à un jeune public.

Les Yeux du Dragon (The Eyes of the Dragon), de Stephen King, 1984. Pocket, collection Pocket Terreur, 6,10 €.