Sans foi, ni loi – Marion BRUNET

C’est un peu une sensation bizarre de reprendre mes publications en ce moment, vu le contexte qui n’est à repréciser à personne, mais le temps … me manquait et me voilà confinée, donc dans l’envie – de nouveau – d’être avec vous et de partager mes dernières lectures, mes derniers coups de coeur. Rien n’est à pointer, à analyser ou à remercier. Peut-être juste à prendre comme une leçon. Bref…

Comme j’aime à le faire annuellement, je me suis attaquée aux Pépites – fiction ados du salon de Montreuil 2019 (quand je vous disais que j’avais tellement de retard !) et c’est juste un hasard de commencer par la merveille de M. Brunet et qu’une pépite d’or soit autant largement méritée. Si, si je vous assure.

  • Garrett, presque un jeune homme, grand frère, fils de pasteur, ne se trouve pas au bon endroit au bon moment (bien que) quand Abigaïl Stenson débarque dans sa triste vie et modeste fermette, pourchassée par des hommes de loi alors qu’elle vient de voler une banque. Elle n’a pas d’autre choix que de prendre en otage Garrett et l’embarquer dans sa cavale vers le Wyoming, où ils iront se réfugier dans un saloon auprès de la petite Pearl, fille de Stenson, et la belle Jenny, prostituée et amie d’Abigaïl. Garrett, tout d’abord intimidé et surtout prisonnier, va se détacher peu à peu de cette drôle de captivité et va découvrir une Ab insoupçonnée malgré le côté mystérieux et persistant du personnage, ainsi que le prix de sa liberté que cette héroïne doit sans cesse défendre et ré-affirmer.

Tout comme le rythme du récit, entre fuite, inquiétudes, bagarres et attente d’une Grande scène finale, peu de temps de pause de lecture. À l’image de Garrett, nous sommes également emparés, calés dans un confortable siège de spectateur, à profiter de chaque « Action ». Car Marion Brunet nous emmène bien-entendu, dans un authentique décor de western avec les classiques du genre (duels, saloon, bordel, whisky, shérif, chevaux, colts et poussière…) et c’est tant mieux. Et qu’elle se rassure, en ce qui me concerne, j’ai entendu distinctement les galops et hennissements des chevaux, celui des éperons d’Abigaïl à chaque pas sur le plancher et même le frottement râpeux sur une barbe naissante, quand Garrett se frotte vigoureusement le visage à l’abreuvoir.

Et puis, le point de vue narratif est tellement bien vu, de la part de l’auteure. C’est celui de Garrett alors que l’ensemble de l’intrigue se concentre sur Abigaïl, femme « sans foi, ni loi », qui rayonne d’indépendance, d’assurance et de liberté … C’est bien en tout cas, la façon dont Garrett la perçoit. Impossible de ne pas penser à une sorte de Calamity Jane, mais tellement plus moderne et actuelle. Car la situation des personnages, les préjugés soulevés, le cadre social subi font aussi penser à un quotidien bien plus proche de nous, et pas juste à un western lointain, voire une sorte de « petite maison dans la prairie ». Si c’est un peu cette image que vous aviez en tête. Poing levé, rébellion, pour être soi-même et l’assumer, c’est comme cela que Garrett sortira aussi de cette expérience. Et à tout cela, Marion Brunet nous avait déjà habitués, souvenez-vous « Dans le désordre ».

Je le redis donc « pépite d’or » incontestablement, à lire VIVEMENT !

Marion BRUNET. « Sans foi ni loi ». Pocket Jeunesse, 2019. 9782266294195 – 16€90 – à partir de 15 ans

Pour écouter celle qui en parle le mieux, c’est par ici : https://youtu.be/VTLIiCFaE90

Publicité

Bob & Marley

Aujourd’hui, je commence un stage de 15 jours à la librairie …

Outre mes petites remarques et révélations sur ce monde du livre et de la lecture insoupçonné, comme ce métier de décorateur étalagiste que je découvre aujourd’hui, j’ai également décidé (si je tiens le rythme…) de vous présenter chaque jour un album, ouvrage, BD du rayon jeunesse dans lequel je pense passer quelques prochaines heures de ma vie, avec passion et envie.

Retour en enfance…, il était temps !

« Bob & Marley« , de Marais et Dedieu (déjà bien connus), chez Seuil (7,90 euros) est un petit album carré au récit hilarant.

A l’égal du titre et des illustrations, la discussion entre les deux personnages provoque rire et émotions. Belle Histoire d’amitié OU comment supporter – à jamais – son Grand copain « lourdingue ».

Pour le plaisir…

A samedi ! Un roman graphique de St-Valentin… ça tombe bien !

a-samedi

« À samedi ! » est un roman graphique publié par Rue du Monde, ça change des albums. On s’est dit à l’OL, « tiens, tiens », une petite nouveauté, que de curiosité. Ce qui donne, du coup, un post à 4 mains et 6 yeux (vous verrez pourquoi…).

« À samedi ! » commence un mercredi, ça vous étonne ? Il faut dire que la notion de temps prime dans cette histoire. Quatre « petits » jours qui font grandir l’intrigue, font basculer les destins, règlent les problèmes, tournent les pages qui ont duré peu ou plusieurs années, réduisent à néant quelques espoirs amoureux ou – a contrario – renforcent les amitiés, les découvertes…

De nombreux personnages se croisent de mercredi à samedi : Damien, Mélodie, Mounir, Malo, Bettina, Kevin, Fatoumata, Jérémy, Malika, Myriam… Soit des collégiens, jeunes, amoureux, libres, insouciants, indécis ou niais. Soit des adultes, soucieux, parents, marqués par les contrariétés, les souvenirs, les regrets et aussi niais. Y a pas de raison !

« À samedi ! » parle aussi beaucoup d’Amour, celui qui embellit, qui fait rêver, planer. Celui qui fait lire des livres et découvrir la poésie, la belle littérature, la beauté des mots, le théâtre. L’Amour qui aveugle, qui peine, qui assomme. L’Amour incompris…. « À samedi ! », c’est aussi le monde d’aujourd’hui. La saleté des propos racistes et l’envie d’y résister, la vie de familles monoparentales, le droit d’intégration, les « délires » juvéniles, et surtout la Formidable mixité culturelle et sociale qui baigne cette génération Y. Un roman plus que contemporain !

Émilie :  » Moi, j’ai découvert ce roman graphique dans le cadre du prix littéraire Al’terre ado. Depuis le temps que le comité de sélection espérait pouvoir intégrer un roman graphique, c’est chose faite cette année avec ce titre signé Hubert Ben Kemoun au texte et Zaü à l’image en trois couleurs, noir, rouge, gris.  A samedi, c’est un roman chorale où les personnages se croisent tous au même endroit : la ville. Cette ville qui dévoile du mercredi au samedi comment l’amour transforme les personnalités, peu importe l’âge, le sexe, les origines…Intergénérationnel et multiculturel, plongez-vous dans ce livre à la langue libérée ».

Sandrine :  » Toujours vigilante par rapport aux parutions de « Rue du monde », j’ai remarqué ce roman graphique bien vite. Une nouvelle acquisition pour le CDI. Après avoir dépassé le cheminement narratif (pas toujours évident), on se plonge ensuite au coeur de la vie de ces jeunes collégiens, indécis, parfois irréfléchis mais aussi tellement ancrés dans leur société et le présent. Profitants ! Le dessin de Zaü est expressif, le texte d’Hubert Ben Kemoun percutant. En tant que prescripteur, je réfléchis par contre à la longueur des textes, un frein pour certains. L’originalité des dessins (pour des ados-lecteurs habitués aux BD colorées) doit être aussi à dépasser. Mais c’est ce qui est appréciable, cette diversité ! »

Juliette (jeune lectrice) : « Un livre très bien mais qui est difficile à commencer, par rapport au texte. Ensuite, on se laisse aller. »

À samedi. Hubert Ben Kemoun ; Zaü. Rue du monde, 2015. 19€ – À partir de 13-14 ans.

OLYMPUS DIGITAL CAMERA

« Tout ce que je lis ou que je regarde me parle de toi et moi. C’est en pensant à nous que les auteurs ont écrit leurs bouquins ou leurs poésies. Alors voilà, je peux me mettre à tes genoux pour te le dire, mais il faut que ce soit toi qui me relèves, sinon, je m’enfoncerai davantage sous la terre. Je t’aime. Comme le ciel aime l’océan, je t’aime. »

Copains!

Copains !

wp_20161001_16_56_10_proEn voici un album bien sympathique ! 24 petites histoires de rien, de tous les jours… simples à lire, mais hurlantes de vérité et qui en disent beaucoup plus long que ce qu’il n’y parait.

Pour les petits de l’école maternelle ou ceux, déjà plus grands qui partagent la cour de récré avec d’autres qu’eux, qui ont parfois du mal à surmonter leurs peurs pas si petites que ça ….Pour les moments de partage, les parties de rigolade avec des trucs de rien du tout, pour les jeux que l’on s’invente…

A lire seul ou à plusieurs copains,  à se faire lire pour discuter des copains que l’on a ou pas encore, pour rigoler avec nostalgie des peurs que l’on avait avant mais plus maintenant parce que l’on a grandi….

Alain Serres met le doigt sur ces petits instants de la vie de l’enfant, il les décrit avec toute la tendresse et la poésie qui le caractérise,  Zau met en scène des bambins heureux, qui s’amusent de l’eau, des arbres, qui hésitent parfois… mais ne sont jamais seuls ….

Bref, j’ai adoré !

Copains!  Alain Serres, Zau, Rue du Monde, 2016, 22€.

wp_20161001_16_57_38_pro-2

Un jour il m’arrivera un truc extraordinaire

Il est de ce genre de livre que l’on a envie de recommencer illico presto dès lors qu’on arrive à sa dernière page tellement la chute nous a surpris, bouleversé, émue, choqué ou que sais-je encore…

Un jour il m’arrivera un truc extraordinaire fait partie de ce genre de livre.

https://i0.wp.com/www.lajoiedelire.ch/wp-content/uploads/2016/01/un_jour_il_marrivera_couv-270x398.jpg

Adolescent petit, mince, palot mais à l’humour fin, Élias 13 ans -mais qui en paraît 10-, est persuadé qu’il lui arrivera un jour un truc extraordinaire. En attendant, il passe son temps à vivre ses histoires aventureuses en les griffonnant dans un cahier : traversée de la Manche à la nage, compétitions nationales de judo ou obtention d’un disque de Platine… Depuis la séparation de ses parents, Élias vit avec sa mère et son nouveau compagnon Franck qu’il n’apprécie pas beaucoup. Mais pour faire plaisir à sa mère, l’adolescent est obligé de tisser des liens avec ce nouveau père qu’il trouve irascible via des sorties en plein air, « entre hommes ».

Finalement, les nouvelles aventures sentimentales de sa mère vont passer au second plan quand Élias découvre, à la suite d’une sortie aux trois étangs, qu’il peut VOLER. Ce premier phénomène pour le moins perturbant va ensuite s’accompagner de nouvelles étrangetés: des serres lui poussent, un bec apparaît et des ailes s’extraient de son dos… Élias vit un truc extraordinaire: il se transforme en corbeau!

Essayant en premier lieu de cacher cette métamorphose à son entourage, Élias se confie à ses meilleurs amis Milo et Mathilde, qui vont tant bien que mal essayer de comprendre ce qui arrive à notre héros. Alors, hallucination ou réelle transformation ?

Ce roman est une d’une puissance incroyable où l’ironie et les points de suspension sont lourds de sens… La chute, totalement inattendue, révèle une vérité bouleversante et viendra révolter et faire frissonner tout lecteur. Gilles Abier arrive à nous plonger dans l’univers sensible et le désarroi des pensées d’Élias avec une justesse effroyable puisque c’est submergé par l’émotion, ressentant physiquement les douleurs de la métamorphose en corvidé que nous fermons ces pages.

Un jour il m’arrivera un truc extraordinaire, Gilles Abier, éd. La joie de Lire, Encrage, 2016. 14€ – A partir de 12 ans