Déjà, Delphine Grenier.

  
Déjà, c’est la nuit. Une belle nuit étoilée et claire où la lune reluit. Le bleu nuit envahit tout cet album qui se déroule jusqu’au petit matin.

Tout n’est que silence et quiétude lorsque la petite souris blanche s’en va réveiller le chat. 

   
Dans le majestueux décor de la nuit, une tache rose surgit ! Ces quelques boutons de fleurs illuminent la page ensommeillée.  

 
Et hop ! Une tache jaune ! Ajout de couleur subtilement dosé -elles arrivent une à une-, n’est-ce pas délicat ? 

  
Tiens, une grenouille verte ! 

Et « d’un bon les voilà partis » nous dit-on comme une ritournelle à chaque page de ce conte de randonnée dans lequel les animaux s’accumulent comme dans La moufle. L’un après l’autre ils défilent comme autant de nouvelles couleurs dans le récit.

   
 
Les 6 amis baguenaudent une nuit durant, savourant leur liberté. Et en haut de la colline, il s’asseyent pour assister à un magnifique soleil levant. Que je ne vous montre pas car il faut acheter cet album absolument !

À lire dès 2-3 ans. 

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Emily Hughes

Coup sur coup, ou presque, ont paru trois albums de l’illustratrice anglaise Emily Hughes. Mon tout petit ours, Le tout petit jardinier, Sauvage. Publiée par les éditions Milan, Albin Michel et Casterman, on s’ arrache la jeune fille de Brighton… Et à mon avis, c’est la moindre des choses.

Emily Hughes est soit auteur et illustratrice soit simplement illustratrice.Chacun  des albums présente bien des similitudes. Tant dans le choix de la palette de couleurs particulièrement bien choisie et récurrente, que dans les décors sensiblement identiques d’un album à l’autre. Vous me direz, « elle n’a pas l’air de se fouler trop celle-là ! » ; mais jetez donc un oeil à tout ce qui suit ci-dessous !

Il faut dire qu’Emily Hugues a un « univers », vert et foisonnant. Rempli de fleurs, de feuilles et puis de branches. Et des jardins, tiens ! Tout plein de jardins comme ceux des anglais, un peu fouillis et farfelus. Bien tondus mais feuillus, anarchiques et biscornus. 
 

Le petit jardinier

Parfois on se croirait même un peu dans un tableau du Douanier Rousseau et l’on s’attend à voir surgir une gorille angoissante de derrière les branches….


Illustration d’Emily Hughes tirée de son site internet. Je ne crois pas qu’elle provienne d’un album.

C’est un univers de rivières et de torrents, de cabanes en bois et  de tendresse qui m’évoque les douces histoires d’Helen Oxenbury ou celles de Martin Waddell et Barbara Firth aux ours réconfortants.

On saute dans l’eau pour profiter de sa fraîcheur en été et ça fait un bien fou ! Franchement qui n’aurait pas envie de sauter à pieds joints dans ces illustrations ?


Mon tout petit ours

Sauvage

Ici les petites filles ont les cheveux emmêlés et lorsqu’on tente de les domestiquer on repense à Victor l’enfant sauvage à qui il est arrivé la même aventure qu’à la petite dans l’album Sauvage…

Sauvage

Toute heureuse toute nue dans les bois avec les animaux sauvages pour compagnie ! 

Version « domestiquée » mais furax !

On sent qu’il faut pas lui demander d’être polie en plus d’être bien coiffée et sapée comme jamais.

Des albums esthétiquement imparables et qui conviennent aux plus jeunes dès 3 -4 ans. Sauvage est un peu plus long et compliqué (à peine). Tout cela est bien beau mais de quoi ça parle ?

Sauvage, je l’ai déjà dit c’est l’enfant sauvage revisité, Mowgly Baloo et compagnie tous copains tout nus dans la forêt jusqu’à ce que des humains décident de jouer à la poupée.

Dans Le tout petit jardinier, un minuscule bonhomme s’échine pour cultiver quand même malgré sa toute petite taille. Souvent, il a très envie d’abandonner car son travail obstiné  ne donne guère de résultat. Alors il déprime sans sa mini maison toute mimi.

  Le tout petit jardinier.
Un album sur la différence et la persévérance.

Mon tout petit ours (les éditeurs auraient pu se concerter sur les titres, surtout que le titre original est The brave bear…), se déroule par une très chaude journée où « même l’ombre était chaude ». Papa ours et son fiston décident d’aller faire un plongeon  dans le torrent. Mais que c’est loin et pénible comme trajet ! Rochers et broussailles se fichent en travers de leurs pattes, c’est carrément décourageant. Mais franchement ça en vaut la peine !


Se dépasser, repousser ses limites (car le petit refusera d’être porté par son papa) c’est devenir grand.

Je ne peux que vous inciter à lire ces albums avec des enfants. Émerveillement assuré !

NAP, TAP, PEDT et autres borborygmes…

Partager le plaisir de la lecture, tel est le but de ce blog ; c’est aussi le principe des animations en bibliothèque. Offrir une approche différente du livre, faire venir d’autres publics sont les idées directrices du programme d’animations des bibliothèques. Souvent, on y retrouve pourtant les lecteurs les plus assidus, parfois peu nombreux. Les animations sont censées cibler les différentes tranches d’âge afin de toucher tous les publics. Pour exemple, dans la bibliothèque où je travaille, nous mettons en place :

  • des lectures mensuelles pour tout-petits (de 0 à 3 ans) en présence des parents ou des assistantes maternelles, histoire de sensibiliser dès le plus jeune âge à l’objet-livre
  • des heures du conte, souvent thématiques (de 3 à 10 ans environ) à chaque période de vacances scolaires. C’est l’animation la plus fréquente en bibliothèque, évidente, incontournable.
  • Des activités manuelles (à partir de 6 ans) plus irrégulières, moins rattachées à la littérature, mais favorisant l’expression, l’imaginaire, et qui offrent une autre relation avec les enfants

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  • des cercles de lecture mensuels entre adultes, pour faire part de nos coups de cœur, de livres moins appréciés… On confronte aussi nos pratiques de lecture, on fait parfois des digressions, mais l’essentiel est de se retrouver entre lecteurs(trices) pour échanger, où l’on s’aperçoit que chaque acte de lecture est unique.

A ce programme régulier, se greffent des animations plus ponctuelles : apéro-concerts, spectacles-lectures, expositions, prix littéraire manga pour les jeunes (toutes les infos sur SaYonne’Ara ici)…

Nouveauté de l’année scolaire, la médiathèque est impliquée dans la réforme des rythmes scolaires. Vous avez forcément entendu parler du retour à la semaine d’école de quatre jours et demi. Les 3 heures du mercredi matin (ou du samedi) permettent en principe d’alléger la journée des écoliers, et de proposer sur le temps des TAP (temps d’activité périscolaire) – devenu NAP (nouvelles activités périscolaires) – des activités qui offrent une ouverture culturelle, artistique, éducative… Doit être mis en avant le côté ludique, qui, sans exclure les apprentissages, permet de les aborder de manière active, récréative. Les communes sont donc chargées de développer un projet éducatif de territoire et de mettre en pratique ce temps d’activités.

Polyvalence des petites communes oblige, en plus des missions comme le lien aux associations, communication à travers le bulletin municipal et le site web de la commune, j’ai été chargée de la gestion des NAP (planning, répartition par groupes des enfants, lien avec les intervenants…), dont la mise en place n’a pas été de tout repos. Les personnels de l’école ont été sollicités, ainsi que des volontaires bénévoles. Les groupes d’une douzaine d’enfants sont encadrés par deux intervenants, répartis par tranches d’âge et non selon le choix de l’activité, sur une période scolaire (soit 7 séances en moyenne). Les NAP ont lieu les mardis et vendredis de 15h30 à 16h30 et les activités se déroulent sur une période scolaire. A titre d’exemple, jeux de société, activités manuelles, jeux collectifs et sportifs, informatique, photographie, jardinage et cuisine… sont au programme.

Dans le cadre des activités de la bibliothèque, nous avons mis en place un projet avec une auteure qui s’était proposée spontanément pour une rencontre avec les enfants.

Emmanuelle Grundmann est primatologue, journaliste scientifique, auteure d’essais et de livres pour la jeunesse. Elle a écrit sur la nature, les animaux, l’environnement, la biodiversité… Son dernier livre, Sirocco : mission kakapo publié dans la collection Fiction nature chez Hélium est son premier roman. Elle se met à la place de ce perroquet étrange qui était en voie de disparition et nous fait découvrir ce point de vue particulier de l’animal sur l’humain, sur la jungle, sur ses congénères. Une belle découverte pour les lecteurs du cycle 3 et tous les curieux.

sirocco

Sur les premières séances de NAP, les enfants ont pu découvrir l’œuvre de l’auteure, en se focalisant sur certains de ses titres. De ces séances, des questions ont émergé : est-ce que c’est facile de grandir dans un œuf ? ou encore pourquoi ce singe a les fesses rouges ? Pour satisfaire les attentes autour de la fiction du groupe, nous avons aussi lu des albums documentaires (par exemple la collection Archimède de L’école des loisirs). Nous avons tenté de rendre les enfants actifs par des petits jeux, des échanges. Nous avons aussi interrogé la notion d’auteur pour enrichir la rencontre qui allait suivre et les enfants ont fait part de leur questionnement : C’est son métier ? Elle  »fabrique » les livres ? Elle est vieille ? Elle a écrit tout ça ? Tous les livres de la bibliothèque ? Comment connaît-elle ce qu’elle écrit sur la nuit des animaux ou sur les singes ?

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la rencontre en images

Bilan plutôt positif donc, puisque malgré le peu de marge financière, l’absence de structure liée à l’enfance et au périscolaire (centre de loisirs…) sur la commune, des projets se mettent en place à leur mesure. A chaque commune sa réforme des rythmes (et sa prise de tête…). Et chez vous ?