Je lis tu joues n°2

En ce mois d’août octobre, ce sont plusieurs petits ateliers construits d’après des livres sur lesquels les enfants peuvent tourner qu’on propose aux 9-11 ans du centre de loisirs (oui, ben avec les vacances, la rentrée, tout ça, cet article a vu sa publication complètement décalée). Aujourd’hui, ce sont 4 activités qu’on vous détaille; on peut imaginer un atelier par adulte présent. L’idéal par beau temps est d’être en extérieur pour cette séance imaginée pour 1h30 environ.

 

Matériel

1 ardoise + 1 feutre pour compter les points

Crayons + feuilles blanches + appareil photo

Sélections de livres

 

  • 1,2,3 soleil

Un joueur (la sentinelle) se place face à un mur. Les autres joueurs se placent en ligne à environ 20 pas de lui (distance à adapter en fonction de l’âge des enfants). La sentinelle tape 3 fois le mur et commence la narration d’une histoire, des temps de lecture très courts (une phrase, un groupe de mots, un mot) qui permettent aux autres joueurs d’avancer tout en restant attentifs à la narration de l’histoire. À chaque fois que la sentinelle interrompt sa lecture et se retourne, les joueurs doivent obligatoirement s’immobiliser. Si la sentinelle constate qu’un des joueurs avance, bouge, ou perd l’équilibre, il le renvoie à la ligne de départ. Le premier joueur à atteindre le mur gagne le droit de finir la lecture de l’histoire, d’en choisir une autre ou de prendre la place de la sentinelle.

Sélection :

Devinettes en herbe, Chiara Armellini, La Joie de lire, 2016

Dans les poches d’Alice Pinocchio Cendrillon et les autres, Isabelle Simler, Editions Courtes et longues, 2015

(sur ces titres, les enfants peuvent deviner de quoi il s’agit et avancer en même temps 😉 c’est une façon de glaner des points bonus )

 

Haïkus des tout-petits, Alain Serres, Judith Gueyfier, Rue du monde, 2016

La ronde des contes, Mélusine Thiry, Hongfei, 2011

Comptines des sorcières, Françoise Bobe, Benjamin Chaud, Bayard jeunesse, 2004

Avec toi, Pauline Delabroy-Allard, Hifumiyo, Thierry Magnier, 2019

 

  • Histoires en mouvements

On choisit plusieurs histoires dans lesquelles des noms de personnages ou des mots sont cités fréquemment. On dresse une liste de mouvements correspondant à chaque terme retenu. Les joueurs ayant mémorisés ces mouvements se placent en ligne. L’adulte commence la lecture. A chaque énoncé d’un mot-clé, les joueurs doivent exécuter le mouvement déterminé au préalable. Le lecteur peut aussi exécuter les gestes en même temps que le groupe d’enfants pour dynamiser le jeu.

Sélection :

Boucle d’or, Julia Chausson, Actes Sud Junior, 2012

– Grand(e): sauter à cloche pied

– Moyen(ne) : mettre les mains sur les hanches

– Petit(e): taper dans ses mains

 

Les deux maisons, Didier Kowarsky, Samuel Ribeyron, Didier Jeunesse, 2004

– Sucre: sauter à pieds joints

– Sel: s’accroupir

– Terre: tourner sur soi-même

 

Les trois petits chats, Anne Fronsacq, Eglantine Ceulemans, Père Castor-Flammarion, 2014

– Maman : lever les mains en l’air

– Chatons : sautiller

-Chat : imiter le chat

– Souris : se coucher

 

Va t’en gros loup méchant, Anne-Marie Chapouton, Vanessa Gautier, Père Castor-Flammarion, 2018

Lapins : imiter le lapin

Loup : imiter le loup

Fraise : se gratter la tête

 

Les trois boucs, Jean-Louis Le Craver, Rémi Saillard, Didier Jeunesse, 1999

Poilu : s’asseoir

Velu : danser

Barbu : pas chassé

Troll : marcher lourdement

 

  • Le Cadavre exquis

Dans cette variation du cadavre exquis, il s’agit pour les enfants de créer individuellement des phrases poétiques/rigolotes/farfelues/dégoûtantes à l’aide des titres de livres (différentes caisses de livres sont à leur disposition). Selon le nombre d’enfants, on peut également créer sa phrase en binôme.

Sélection :

Prévoir de petits papiers blancs + des crayons pour que les enfants écrivent les mots/verbes à conjuguer manquants. Prévoir un appareil photo pour immortaliser leurs créations.

  • Le téléphone arabe conté

A partir d’un album court ou d’une histoire simple. Raconter l’histoire dans le creux de l’oreille d’un enfant puis faire circuler. Le dernier participant raconte l’histoire à voix haute. Comparer la version finale à la version initiale.

Sélection :

D’après Il était une fois …contes en haïkus, Agnès Domergue, Cécile Hudrisier, Thierry Magnier, 2013

On avait déjà proposé ce type de séance dans le cadre des TAP et c’était retracé ici.

L’été sera Chaud !

Aujourd’hui je vous propose deux Benjamin Chaud (vous n’en aurez pas deux au prix d’un chez votre librairie autant le dire de suite), pas moins que ça !

Dans Pompon ours dans les bois on retrouve notre célèbre petit ours (ou si ce n’est pas lui, sûrement un membre de la famille élargie). Petit ours en a marre d’être un petit ours, il veut être un enfant ! Jouer à la poupée, sauter sur les lits, prendre un bain moussant… Toutes ces choses l’amusent tellement le temps d’une journée. Mais hélas, Petit ours a désobéi à ses parents pour filer en douce jouer au gosse. Et ça lui vaudra une belle frayeur !

Un album digne des précédents qui ont fait le succès du petit personnage et de son papa ours : les détails abondent, on ne sait plus où donner de l’œil et on se plait nous aussi à fouiner dans toutes les pages. A exploiter avec joie dès 3 ans.

Pompon ours dans les bois, ed. Hélium, 15,90 €.

C’est aussi le retour d’un autre personnage fétiche illustré par Benjamin Chaud et biberonné par Ramona Badescu: Pomelo, l’éléphant rose pastel au nom de pamplemousse. Ca me rappelle que quand j’étais gamine et qu’il y a avait du pomelo à la cantine je me demandais toujours ce qu’on allait bien pouvoir nous servir à manger (fonctionne avec « vol au vent », « bouchées à la reine » et autres menus obscurs aux noms enjôleurs pour faire passer la pilule).

La série, toujours aussi bucolique et épicurienne nous emmène en balade et c’est bien agréable de suivre Pomelo et Stela sous les arbres, les framboises et autres merveilles de la nature. Un album malin qui aide à réfléchir à des questions essentielles de la vie avec l’air de pas y toucher. Comme toujours, magique !

Pomelo découvre, ed. Albin Michel Jeunesse, 13 €

Une Chanson d’Ours

Pour la 3ème année consécutive, le ministère de la Culture et de la Communication et la Caisse nationale des Allocations Familiales s’associent pour proposer aux parents de partir à la découverte du livre avec leur enfant par le biais du dispositif Premières Pages dans 7 départements français. Toutes les informations pratiques sont en ligne sur le site officiel.

            Cette opération consiste ainsi à offrir à la naissance ou à l’adoption en 2011 de chaque enfant un livre. Cette année, l’œuvre lauréate est un album grand format intitulé Une Chanson d’ours crée par le talentueux Benjamin Chaud, bien connu du public pour ses illustrations de la série Pomelo. Si une partie des professionnels (personnel des lieux de lecture et des lieux d’accueil du jeune enfant) évalue l’album peu adapté à cette tranche d’âge des 0-3 ans en songeant à la difficile manipulation de par la taille et la fragilité matérielle du livre (on est davantage habitué à des livres en tissu, en carton ou en plastique) ou à la richesse graphique, il semble pourtant qu’il ait été sélectionné pour son potentiel d’accompagnement de l’enfant au fil des ans et parce qu’il constitue avant tout un prétexte pour un temps privilégié de partage entre le bébé et les parents.

 

            En effet, cet album permettra aux parents comme aux médiateurs du livre de multiplier les lectures sans se lasser et d’exploiter de nombreuses pistes pour initier l’enfant au monde livresque. Déjà sa nature hybride représente sa principale force. Son statut d’album narratif donne accès à la fiction, à l’imaginaire enfantin. Le titre  octroie une nouvelle dimension au texte car en faisant écho à la chanson douce d’Henri Salvador, il incite l’adulte à fredonner la chanson et à accentuer la musicalité des mots durant la lecture à voix haute. On peut aussi l’envisager comme un imagier en privilégiant les décors au graphisme foisonnant qui fournissent l’occasion au petit de créer d’autres histoires et de découvrir lecture après lecture d’autres détails. Et puis, ce livre-jeu  favorise la complicité parents/enfant qui naît en s’amusant à trouver les héros dans l’immensité des doubles pages où l’on peut même découvrir avec plaisir  d’autres personnages connus tels que ceux d’Adieu chaussette, précédent album de l’artiste chez Hélium. Enfin, le choix pertinent du héros animal anthropomorphe, ici l’ours, renvoie  à la fois à l’animal sauvage que l’on pourra retrouver dans des documentaires et au nounours enfantin, celui de la peluche, du doudou, du jouet et qui fait le lien vers d’autres histoires mettant en scène ce petit personnage.

Ainsi, cet album ouvre à d’autres œuvres littéraires mais aussi graphiques et même musicales de par les allusions semées au fil des pages.

Une Chanson d’ours, Benjamin Chaud, Éd. Hélium, 2011, 14,90€

Adieu Chaussette, de Benjamin Chaud.

Adieu Chaussette, de Benjamin chaud, ed. Hélium.

Voilà une histoire bien grinçante dont le postulat de départ est infâme à souhait. Tout d’abord sachez que Chaussette n’est pas une chaussette. Il est pourtant collé aux baskets de son jeune maître à longueur de journée. Chaussette est un lapin, pas n’importe lequel : un lapin-buffle (à cause de ses oreilles qui pendouillent mollement…) ça a le don d’énerver son proprio qui décide fissa d’aller l’abandonner dans la forêt. Ça et puis d’autres choses, il aimerait bien avoir de vrais amis qui soient un peu plus malin que ce mollasson. La bestiole n’ayant pas la lucidité d’esprit du petit Poucet se laisse embarquer dans la sombre forêt sans rien voir arriver. Et vlan, le voilà attaché à un arbre par un bout de vilaine laine arrachée du pull de son ingrat de maître. Non, cette histoire n’est pas horrible mais drôle et sentimentale à point, parce qu’évidemment après le réconfort d’être enfin seul, vient le remord…
Génialement contée et illustrée par Benjamin Chaud, cet album ne donne qu’une seule envie : le relire illico-presto et filer à l’animalerie acheter un lapin de compagnie (je ne sais pas si le modèle présenté dans l’album dit du «lapin-buffle» existe, si oui, dépêchez-vous il y a risque de rupture !) Régalez-vous avec ce lapin !

Gaëlle