Retour sur : Que lira-t-on cette année en CE1-CE2 ?

Petit retour un an plus tard….La liste présentée a été enrichie de plusieurs titres (L’abécédaire des super-héros d’Agnès de Lestrade, Joker de Susie Morgenstern pour les CE2, Les irrésistibles recettes de Roahl Dahl, Le déjeuner de la petite ogresse d’ Anaïs Vaugelade..), certaines lectures ont laissé place. Le projet d’écriture/ illustration de conte a eu son petit succès et les élèves ont eu des idées géniales! Je n’hésiterai pas à retravailler ce projet une autre année. Voici le livre édité à l’OCCE:WP_20160512_18_39_34_Pro

16°C ce matin. Fini le petit-déj sur la terrasse. J’ai même vu des feuilles mortes à Annecy (si!). Bref, je crois bien que la rentrée s’approche. Nous avons encore quelques belles journées d’août c’est sûr… mais de nombreux enseignants ont déjà l’esprit qui divague vers leur année scolaire : commandes, programmations, progressions… (No comment sur les vacances c’est un sujet qui me fâche).

Cette année encore, mon emploi du temps fera la part belle à la littérature jeunesse, en lecture, littérature et production d’écrits. Je fonctionne par période et cette année j’ai privilégié le type de texte car lecture/écriture vont être imbriquées dans un projet de classe annuel : écrire un récit, l’illustrer et le publier. Les séquences seront identiques en CE1- CE2 mais elles nécessiteront des différenciations pédagogiques au niveau de la longueur du texte, de son vocabulaire et de sa compréhension.

Je partage avec vous donc cette progression annuelle.

Période 1. L’abécédaire dans la littérature jeunesse

J’ai déjà travaillé sur ce thème il y a deux ans et les élèves avaient adoré, cela permet aussi différents niveaux de lecture pour commencer l’année en douceur.

Lectures offertes  (celles que je lis quotidiennement) : Les contes classiques : Blanche-Neige (Grimm), Cendrillon (Perrault), La Belle au bois dormant (Perrault), Le Chat botté (Perrault), Le petit Poucet (Perrault). Aucun rapport avec les abécédaires au prime abord mais méfiez-vous, l’instit dauphinois est malin (pas que lui, hein? l’albigeois, le sarthois et le normand  aussi ^^) : ce corpus va être le creuset dans lequel mes élèves iront puiser les personnages, objets, lieux pour élaborer notre projet de classe. Et il servira aussi de ressource pour le projet d’écriture de période: écrire un abécédaire des contes!

contes

Lecture suivie (celle que chaque élève effectue individuellement avec idéalement un ouvrage mais aussi avec un tapuscrit pour un moindre coût) :

L’abécédaire pas comme les autres *, Loyer/Chabbert/Larchevêque, Bilboquet.

L’abécédaire à croquer, De Lestrade/Dankerleroux, Milan.

ABC bêtes, C.Beigel, Gautier Languereau

Joker Suzie Morgenstern, EDL. En fonction du niveau de lecture de mes CE2, je me réserve ce petit roman sympathique de la délicieuse Suzie si d’aventure, les abécédaires étaient trop peu pour les bons lecteurs.

abécédaire

Lecture libre (ouvrages en libre accès en classe) : différents abécédaires empruntés à la bibliothèque municipale.

Lecture compréhension (compétences de lecture à travailler) : Je lis, je comprends. J’ai la chance d’avoir une maitresse E géniale qui intervient dans ma classe, et pendant ce temps-là, nous organisons des ateliers de lecture différenciés : rééducation graphème/phonème, fluence de lecture, et entrainement avec l’excellent site Je lis Je comprends (parfois, je lis je dessine) : http://sylvain.obholtz.free.fr

Période 2. La lettre

Je suis en attente de lectures donc les lectures suivies peuvent encore évoluer… Notre projet d’écriture de période sera l’écriture d’une lettre qui sera incluse dans notre projet de classe : écrire un récit, l’illustrer et le publier.

Lectures offertes : Les contes classiques : Le petit chaperon rouge (Perrault), Le vilain petit canard (Andersen), La princesse au petit pois (Andersen), Les 3 petits cochons (traditionnel), La Barbe bleue (Perrault).

Lecture suivie : Le gentil facteur ou lettres à des gens célèbres, Janet et Allan Ahlberg  et Je t’écris, j’écris, G.Caban, Z.Modian.

Lecture libre : Chère Maitresse, Amy Husband (gros succès auparavant!),  Les lettres de Biscotte Mulotte, A.M.Chapouton, Je t’écris, Rascal (déjà exploité en CE1), Cartes postales, Anne Brouillard, Je suis revenu !, Geoffroy de Pennart, Lettres d’amour de O à 10 ans, Susie Morgenstern…

chere maitresse   9782211201780FS

Lecture compréhension : Lectorino Lectorinette M3 Un petit frère pas comme les autres.

Période 3. La recette

Je suis aussi en attente de lectures donc les lectures suivies peuvent encore évoluer… J’espère bien que mes élèves vont se découvrir une passion pour la cuisine et qu’ils nous feront partager leurs expériences (réussies)! Histoire de boucler la boucle et de travailler le « Je lis, je fais » ;-). Le projet écriture de période sera l’écriture d’une recette fantastique (on évitera le piège de la recette de sorcière qui se termine toujours par des ignominies) qui sera incluse dans notre projet de classe : écrire un récit, l’illustrer et le publier.

Lectures offertes : Les contes des mille et une nuits

Lecture suivie : La potion magique de Georges Bouillon, Roahl Dahl

LaPotionMagigue

Lecture libre : L’école des gâteaux de Rachel Hausfater, Les recettes irrésistibles de Roahl Dahl et autres albums/documentaires empruntés à la bibliothèque municipale à partir de la liste de Ricochet : http://www.ricochet-jeunes.org/themes/theme/479-cuisine-recette

La Tarte aux pommes de Papa

Lecture compréhension : Lectorino Lectorinette M3 Un petit frère pas comme les autres.

Période 4. Le poème

Chaque année nous participons au Printemps des Poètes. Petit poème récité aux autres classes tous les matins, écriture libre  pour les poètes en herbe, illustrations de poèmes…..Un petit projet qui met la poésie au cœur de l’école durant une quinzaine et qui nous éloigne de la célèbre récitation. Je vous renvoie à un précédent article sur la poésie ici:

https://ouvrelivres.wordpress.com/2013/03/04/p-comme-printemps-p-comme-poesie/

http://www.printempsdespoetes.com/index.php?rub=12&ssrub=58&page=176

Le projet écriture de période sera écrire un poème (calligrammes, à la manière de… c’est « in progress ») qui sera lui aussi inclus dans notre projet de classe : écrire un récit, l’illustrer et le publier.

Lectures offertes : Les contes de la forêt vierge, H. Quiroga. Cela ne rappelle rien à personne, les ouvre-blogueuses?*

Lecture suivie : Différents poèmes classiques (Prévert, Desnos…) et d’autres plus récents.

Lecture libre : Différents recueils de poésies, albums illustrés.

source : http://www.lietje.fr/files/2012/02/Selection_Poesie-jeunesse2012.pdf

Lecture compréhension : Lectorino Lectorinette M4 La fiole à turbulon.

Période 5. Le documentaire

Pour la fin de l’année, j’aime bien finir avec le documentaire pour plusieurs raisons:

  • les différents niveaux de lecture permettent à chaque lecteur d’apprécier ce qu’il lit.
  • le documentaire complète judicieusement les notions de sciences, de géographie, d’histoire, éducation civique abordées au cours de l’année.

Lectures offertes : contes médiévaux ( Si aucun grain de sable n’est venu perturber cette année, je devrais arriver à ce point-là en Histoire avec les CE2……)

Lecture suivie : Rallye lecture les documentaires. Je remercie vivement BoutdeGomme pour ses rallye-lecture géniaux, je donne la sélection à la bibliothécaire qui fait de son mieux et zou! les élèves lisent, lisent et relisent!  Tout est ici : http://boutdegomme.fr/category/rallyes-lecture

Lecture compréhension : Lectorino Lectorinette M4 La fiole à turbulon.

Bien, cette progression peut paraître rigide… mais que nenni! Cette année sera ponctuée, j’en suis sûre, de lectures surprises, ces albums ou romans que l’on découvre en flânant dans les rayons des librairies, ou sur les conseils de … l’Ouvre-livres!

Bonne fin d’été!

*Les contes de la forêt vierge était un ouvrage étudié en M1 Lije au Mans… 🙂

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En juin, les rencontres c’est opportun !

Roxane et l’Ouvre-Livres : une rencontre originale et agréable

 Rox avril 2014

Roxane est professeur documentaliste dans le Val d’Oise. Elle nous a contacté, il y a un moment déjà. Pour dire… c’était le 4 juin, l’an dernier. Elle nous a connu par l’intermédiaire de P. LOJKINE, sa directrice de thèse, à l’Université du Maine. Roxane ne nous a pas attendues – bien heureusement – pour croiser sa passion et ces « nouveaux » outils de communication et de partage que sont les blogs. Bien que nous lui ayons expliqué, avec délicatesse et politesse (ben oui, nous ne sommes pas des bêtes quand même…), que nous ne pouvions l’accueillir dans l’équipe des rédactrices de l’OL, nous l’avons encouragé à poursuivre l’aventure de ses différents écrits, très, très studieux, professionnels ou un peu moins*.

Par contre, nous lui avons laissé l’exclusivité d’inaugurer une nouvelle rubrique de l’OL, celle de « l’invité(e) du mois » ! C’est désormais à elle de se lancer…

* En effet, Roxane a un blog « Feuille de blog », qu’elle alimente comme elle nous l’explique du mieux qu’elle peut. Ben nous, à l’OL, on trouve que c’est déjà extra ! Une vraie modeste cette Roxane. 😉  

 

L’OL : Quel est ton parcours universitaire ?

Après l’obtention d’un baccalauréat Littéraire, option musique, j’ai étudié à l’Université de Cergy-Pontoise dans le Val d’Oise. J’ai obtenu une licence de Lettres modernes, option communication, médiation culturelle et édition en 2006. J’ai ensuite poursuivi en Master recherche « Littératures du monde francophone ». J’ai présenté un mémoire de recherche intitulé L’Idéal Féminin dans trois œuvres du XIXe siècle : Représentation et Utopie à partir de Sylvie de Gérard de Nerval, Fort comme la mort de Guy de Maupassant et Bruges-la-Morte de Georges Rodenbach. J’ai repris mes études en 2014 à l’Université du Maine où je prépare un doctorat en Littérature française en enseignement à distance.

Voir par ici : Pg de présentation 2

L’OL : Quel est ton parcours professionnel ?

L’arrivée sur le marché du travail en 2008 n’était pas facile en raison de la crise économique. J’ai tout de même obtenu un emploi après cinq mois de recherche active, à la DRH de l’Université de Cergy-Pontoise grâce à la recommandation de ma directrice de mémoire. J’étais très intéressée par les Ressources Humaines mais la réalité sur le terrain ne me convenait pas. Je me suis rendue compte, en écoutant mes amies qui étaient devenues professeures de français ou des écoles, que je voulais également enseigner. J’ai donc présenté le CAFEP de documentation : le métier de professeur documentaliste m’intéressait davantage que celui de professeur de français. En effet, la variété des missions, l’éducation aux médias et à l’information, le travail sur les sources, la pédagogie de projet et surtout l’ouverture culturelle laissent une grande marche de manœuvre et permettent un travail avec toutes les disciplines. Je pense que la principale qualité du professeur documentaliste doit être la curiosité (culture, informations, littérature, pédagogie et TICE) car il est un médiateur qui incite les jeunes à lire et découvrir ; et de manière beaucoup plus large, sa veille documentaire touche l’ensemble de l’établissement. Je suis professeur documentaliste dans un Collège lycée catholique sous contrat d’association avec l’Etat dans le Val d’Oise depuis 2011. Je prépare également des lycéens à l’épreuve facultative Cinéma-Audiovisuel depuis la rentrée 2014 et propose des Ateliers Cinéma d’animation avec une professionnelle au Centre des Arts d’Enghien-les-Bains. Je viens d’obtenir la certification complémentaire Cinéma et Audiovisuel.

Voyage au CDI

L’OL : Quel est le sujet de thèse sur lequel tu travailles ? Et, pourquoi avoir choisi ce sujet ?

Mon sujet de thèse s’intitule Contes « féminins » et transferts médiatiques : perspectives culturelles et didactiques. J’ai choisi ce sujet tout simplement par passion : je suis une grande lectrice de contes merveilleux et je m’intéresse depuis longtemps aux adaptations cinématographiques, musicales et littéraires. Ma recherche comporte un volet didactique en lien avec ma profession puisqu’il s’agit également de travailler sur l’utilisation du conte en classe.

L’OL : Quelle est l’implication de la Littérature pour la jeunesse dans tes pratiques professionnelles ? Très présente ? Indispensable ? Etc.  

Je travaille au CDI du lycée et je constate que les élèves grands lecteurs sont de plus en plus rares. En première, les élèves consacrent beaucoup de temps à préparer le baccalauréat de français et ont beaucoup de classiques à lire. J’essaie de leur proposer des ouvrages qui puissent les faire renouer avec la « lecture plaisir ». Les élèves de mon lycée ont grandi avec Harry Potter et aiment les romans fantasy. En dehors de ce genre, les romans de Littérature jeunesse sortent peu. J’essaie de varier les genres et les thèmes. Pour choisir de nouvelles acquisitions, je consulte la revue professionnelle InterCDI, les avis sur les blogs des collègues et le site Babelio. J’apporte également une grande importance aux conseils des libraires avec qui je travaille. De même, j’implique les élèves dans le choix des ouvrages en prenant en compte leurs suggestions. De nombreuses BD sont proposées au CDI, mais les élèves préfèrent les mangas : j’ai créé un Club Manga en 2012 et le succès est toujours au rendez-vous ! Les élèves demandent sans cesse de nouveaux mangas. Ce Club me permet de leur présenter des œuvres de littérature japonaise, des documentaires mais aussi de proposer des activités autour de la lecture comme par exemple la rédaction d’articles ou la réalisation de book-trailer (une bande-annonce de livre, sous forme de courte vidéo).

L’OL : C’est quoi pour toi la Littérature pour la jeunesse ? Ça représente quoi ? C’est une passion, une vocation, une admiration… ?

La littérature de jeunesse est l’ensemble des œuvres éditées pour la jeunesse. La littérature de jeunesse s’adresse aux enfants lecteurs mais également aux enfants apprentis lecteurs. Les œuvres de littérature jeunesse relèvent de différents genres (albums, conte, fable, poésie, roman, récit illustré, théâtre, BD ou encore manga) qui se déclinent selon les différents âges. On entend de plus en plus parler de roman jeune adulte, créneau éditorial qui remporte un vif succès. Le substantif « littérature » inscrit donc la littérature de jeunesse dans une perspective littéraire. D’ailleurs, depuis 2002, des listes d’ouvrages sont proposées aux enseignants par le Ministère de l’Education nationale.

(Sur l’OL, Gaëlle avait proposé un article sur la littérature « crossover », pour jeunes adultes : https://ouvrelivres.wordpress.com/2016/04/07/comics-crossover-for-ever/)

La littérature jeunesse représente pour moi des œuvres qui permettent de développer l’imaginaire tout en proposant une certaine représentation du monde. J’aime reprendre cette citation de Daniel Pennac extraite de Comme un roman : « Nous lui avons tout appris du livre en ces temps où il ne savait pas lire. Nous l’avons ouvert à l’infinie diversité des choses imaginaires ». Lire, c’est donner les mots et offrir des images. Lire, c’est donner à voir et à comprendre le monde.

L’OL : À ton avis, quel rôle la Littérature de jeunesse peut-elle jouer ou joue-t-elle socialement dans notre société, notre actualité… ?

Lorsqu’on lit un ouvrage de littérature jeunesse à un enfant, il s’agit d’un moment unique. L’enfant s’éveille, fait travailler son imaginaire, pose des questions, apprend et comprend. La lecture comporte une fonction éducative et sociale. Il est également important de souligner que la littérature jeunesse est reliée à l’image qu’il s’agisse d’albums illustrés, de BD ou mangas. Lorsque l’enfant est capable de lire seul, il peut choisir les œuvres de littérature jeunesse relevant d’un genre qu’il affectionne, ou traitant d’un thème qui l’intéresse. La production éditoriale actuelle est très variée et protéiforme, chacun peut s’y retrouver. Les sujets abordés et les univers proposés en littérature jeunesse sont très nombreux. Je pense que certaines œuvres peuvent permettre aux jeunes de comprendre le monde, l’histoire et les différents phénomènes de société.

Je ne suis pas toujours convaincue par les romans adolescents car je trouve que certains récits sont affreusement dramatiques. Mais il en faut pour tous les goûts et il ne faut pas « juger » les lectures des enfants – il faut au contraire les encourager ! Cette diversité éditoriale me semble donc essentielle. Il ne faut pas oublier la notion de lecture plaisir. Cette volonté a d’ailleurs été réaffirmée dans les programmes de 2008. Lire ne doit pas être synonyme de contrainte.

L’OL : Quels sont les ouvrages de Littérature pour la jeunesse que tu lis le plus (albums, romans, documentaires, BD…) ? Que tu lis le moins ? As-tu des regrets par rapport à cette dernière question ?

Je m’intéresse particulièrement aux albums de conte, BD, mangas et romans adolescents. Je lis beaucoup de BD et mangas car ce sont les genres qui sont le plus appréciés par les élèves de mon établissement et j’aime pouvoir parler des livres que je propose au CDI. Je lis beaucoup la presse, ce qui empiète sur mes autres envies de lecture. J’aimerais pouvoir lire plus de romans et proposer aux élèves davantage de titres contemporains, pas forcément de littérature de jeunesse. Je regrette mon manque d’intérêt pour la fantasy alors que ce genre plaît beaucoup aux adolescents ! Je me rattrape avec les dystopies qui sont très à la mode. Katniss Everdeen et Tris Prior sont les nouvelles héroïnes des adolescent(e)s.

L’OL : Quel est ton coup de cœur Lije 2015 ?

La Malédiction Grimm de Polly Shulman (Bayard). Il s’agit de l’histoire d’Elizabeth, une lycéenne, qui trouve un petit job dans une étrange bibliothèque new-yorkaise qui contient en réalité des objets. La Collection Grimm semble cacher un secret, Elizabeth et ses nouveaux amis décident de percer ce mystère.

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L’OL : Quels sont tes auteurs, illustrateurs… préférés ?

Je suis très sensible aux romans de Yaël Hassan qui sont très émouvants.

J’adore le style de David Sala qui m’évoque Gustav Klimt. Son illustration de La Belle et la Bête (Albums Casterman) est sublime. De même, j’ai été transportée par la modernité des dessins de Mayalen Goust illustrant Blanche-Neige (Classiques du Père Castor chez Flammarion).

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Enfin, dans un autre registre, je suis une grande lectrice de l’œuvre de Philippe Geluck. Je ne passe pas une journée sans lire un strip du Chat !

L’OL : Quelle(s) est/sont la(les) maison(s) d’édition Littérature pour la jeunesse pour lesquelles tu fais attention aux sorties, aux parutions, aux nouveautés ?

En ce qui concerne les albums, j’apprécie toujours autant les Classiques du Père Castor (Flammarion) – voire le très bel et fidèle album Raiponce d’après les frères Grimm qui vient de sortir – et les albums Gautier-Languereau (Hachette).

Je surveille les nouveaux romans publiés chez Bayard et PKJ. Côté manga, je suis Glénat, Ki-oon, Pika et l’éditeur français Ankama qui a publié City Hall.

L’OL : Quel auteur/illustrateur as-tu eu la chance de rencontrer et qui t’a réellement marquée ?

Bien entendu, j’ai déjà rencontré des auteurs, illustrateurs et scénaristes dans le cadre de mes études, salons ou de rencontres organisées au lycée. Ces moments ont été importants, mais celui qui m’a le plus marquée reste la cérémonie où le poète libanais Salah Stétié a été fait Docteur Honoris Causa à l’Université de Cergy-Pontoise en 2009.

L’OL : Quel est ton meilleur souvenir d’enfance de lecture jeunesse ?

Il s’agit d’Anne la maison aux pignons verts et les autres tomes de la saga de la romancière canadienne Lucy Maud Montgomery. Cette œuvre m’a beaucoup marquée car je me suis identifiée au personnage d’Anne. On parle d’identification emphatique, c’est-à-dire que le lecteur se met à la place « de ». Le lecteur, jeune ou adulte, établit des liens entre son expérience et le vécu du personnage. Au delà de cet aspect, le personnage d’Anne constituait pour moi un modèle, avec ses qualités et ses défauts !

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L’OL : Si tu étais un personnage / héros de littérature jeunesse, lequel serais-tu ?

Anne incontestablement !

L’OL : Quelle est ton année 2016 de littérature pour la jeunesse ? Tes projets, tes envies, tes lectures… ?

J’aimerais trouver le temps pour lire plus de fictions. Ma prochaine lecture LIJE sera Les Petites reines de Clémentine Beauvais (meilleur livre jeunesse 2015 Lire et Prix NRP) que je viens de commander pour le CDI.

(déjà « croqué » sur l’OL : https://ouvrelivres.wordpress.com/2015/07/11/les-petites-reines-clementine-beauvais-sarbacane-coll-exprim/)

L’OL : Peux-tu nous parler de ton blog ? Le pourquoi de sa création ? Tes envies ? Tes difficultés ?…

J’ai créé mon blog en 2009, après avoir terminé mes études. Il n’est pas uniquement lié à la littérature. On y trouve des critiques (films, expositions, concerts et livres) et quelques actualités. J’ai ouvert ce blog pour continuer à écrire et m’essayer – petitement – à la critique. Je l’ai appelé Feuille de blog et son sous-titre est implicite Petit aperçu de mes goûts et dégoûts artistiques et culturels. Je précise qu’il n’a aucune valeur scientifique et est sans rapport avec mon travail de recherche. Il s’agit d’un espace où j’écris en toute subjectivité à partir des actualités artistiques, culturelles et littéraires.

Lien : http://roxane-feuilledeblog.blogspot.fr/

J’ai ouvert un blog professionnel que je n’ai pas pu tenir faute de temps. Le manque de temps est la difficulté principale que je rencontre, aussi bien pour la lecture que pour la mise à jour de Feuille de blog.

« What Else ? »

Une citation de Jules Renard qui résume bien notre entretien et l’esprit de L’ouvre-livres :

« Quand je pense à tous les livres qu’il me reste à lire,

j’ai la certitude d’être encore heureux ».

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Passe de belles vacances et profite de tes nouvelles lectures Roxane, et encore merci !

Lectures d’enfance : la doc-doc-doc !

Évoquer ses lectures d’enfance, c’est comme faire un flashback. On re-découvre ce qu’on lisait, on jubile, on s’émeut, on rajeunit ! On « rah je lis » !!

On fouille dans ses souvenirs, dans ses cartons, voire dans les malles du grenier familial. Et on s’immobilise, on regarde, on touche, on sent. Les émotions sont toujours là, juste enfouies. Une lecture d’enfance, et hop, on redevient une gamine, celle qui – quand elle était petite – se disait « moi quand je serai grande,…

… Je serai modulable ! »

Barbapapa

Je serai un Barbapapa, et tant qu’à faire un Barbidou. J’aimais leur côté aventurier, l’art de se dépêtrer de n’importe quelle situation et cet amour et prise de conscience pour la nature, l’écologie. Je suivais leurs histoires avec passion dans le fameux « Recueil du journal de Barbapapa« . Un tel fanatisme que lors d’un Noël de mon enfance, mon parrain m’en offrit une peluche. Souvenir intense ! 

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Talus TAYLOR (qui nous a quitté il y a peu de temps) écrivait en 1978, « L’esprit de famille et l’ingéniosité des Barbapapa triompheront toujours de l’adversité ». Wahou !!  Aujourd’hui, je ne suis pas devenue José Bové, certes, et je ne peux me transformer à tout moment … quoi que… mais j’espère en tout cas être assez « ingénieuse », pour m’adapter, réfléchir et agir dès que le besoin s’en fait ressentir.

… Je serai une princesse ! »

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Mais pas n’importe laquelle, celle dont M. Voiturier nous parlait chaque jeudi (ou alors était-ce le mardi ?). M. Voiturier, mon maître de CE2, avait absolument et toujours raison, même chez nous, à la maison quand je disais à mes parents et frère et soeur : « Si c’est vrai, c’est M. Voiturier qui l’a dit !! ». Et mon cher maître nous proposait d’emprunter des albums, chaque semaine, dont la miséreuse et fabuleuse Cendrillon. Moi je frémissais à chaque fois qu’il le citait, le titre de ce conte, m’appelant Sandrine… un début de Cendri… llon ! Une lecture de petite fille, qui rêve, se projete. Rien d’anormal ! Et qui découvre que la pantoufle n’est pas en verre mais en vair. Révélation ! Aujourd’hui, j’ai bien trouvé mon prince charmant et m’étonne de ne pas avoir lu aussi souvent, « Sissi impératrice« . Il est né en Hongrie !

… Je détesterai les crocodiles, les méchantes dames et la malveillance ! »

Bernard et Bianca

Et j’apprécierai les souris, comme Bernard et Bianca ! Oui les histoires de Walt Disney, nous en lisions beaucoup déjà et oui, nos parents nous emmenaient aussi les voir au cinéma. Et au cinéma, quand on est toute petite, il est possible de se cacher pendant un bon moment derrière les fauteuils pour éviter les affreux yeux jaunes et crocs de Néron et Brutus ! Il y est également possible de défier Médusa. Et on se prend à vouloir défendre l’orpheline… On apprend que même si on est petit, nombreux et solidaires, on peut faire des choses extraordinaires. On découvre des noms de personnages attachants, comme Orville, l’albatros, Evinrude, la libellule. On comprend le pouvoir de l’imagination et de la narration. Chouette ! Aujourd’hui, je continue à regarder des dessins-animés (oui et alors ?) mais pas que du Disney. J’apprécie plus que tout leur variété. D’ailleurs, on les appelle plutôt des films d’animation. Et pour ceux qui nous racontent ces histoires, nous font vivre des aventures de jeunesse, peu importe les nationalités : tchéques, japonais, américains, anglais, français… Les messages sont universels et l’image, indifféremment fixe ou animée, continue à nous fait rêver.

… Je serai une montagnarde ! »

Heidi_Dessin Heidi_Film

Et là, immédiatement, vous vient cette petite mélodie « Heïdi, Heïdi, petite fille des montagnes… ». Selon les versions, Heidi n’est pas tout à fait la même petite fille (cf. couvertures d’albums ci-dessus). Elle peut être tantôt vive, espiègle, proche de son grand-père, coquine avec Pierre (« Le roman de Heidi »), tantôt « lissée », serviable, bien coiffée (« Heidi et Nora »). Heidi, c’est surtout l’histoire d’une amitié qui nous est contée et un échange possible malgré le milieu social et une éducation différente. Chacun peut nourrir l’autre, et vice versa. Mince alors ! Aujourd’hui, je ne suis pas chevrière dans les Alpes, j’habite plutôt au bord de l’eau… mais quand je vois quelques sommets à l’horizon, une ritournelle peut encore venir – à l’improviste – me titiller… « Heidi, Heidi… »

… J’aurai un prénom qui finit en -ine ! » (ah non, ça, c’est déjà fait !)

Martine

Caroline

Ben oui, parce que je ne peux vous cacher, que les Martine, Caroline, et tout le toutim ont bien fait partis de mes lectures d’enfance. Des albums cartonnés, de courtes histoires, parfois sexistes (c’est vrai, c’est vrai) mais que pourtant tout le monde connaît ! D’ailleurs, ces personnages sont souvent plus connus que leurs créateurs. Qui pourrait – sans se précipiter sur Wikipédia of course ! – annoncer directement les noms des auteurs et dessinateurs, ici, maintenant ? Le plus surprenant de ces histoires, étaient pour moi, ce sentiment de liberté. Elles faisaient ce qu’elles voulaient, Caroline et Martine, dirigeaient leur vie comme elles l’entendaient, voyageaient, s’amusaient, découvraient et sans que les adultes – un peu présents quand même – soient exigeants, pénibles, intransigeants. Rébellion !!! Bon OK ce n’était pas non plus des grandes lectures révolutionnaires mais ça donnait quelques idées… Aujourd’hui, plus de Caroline, ni de Martine, juste moi, Sandrine !

… Je saurai prendre des risques ! »

Julie_Wood

Quand j’étais petite, on avait pas tant de BD à se mettre sous la dent… Alors parfois, on piquait celles des plus grands découvrant parfois l’univers bien sombre de Canardo (SOKAL) mais emmenée aussi – pour ma part – par les aventures « mécaniques » de Julie WOOD. Belle, grande, blonde, audacieuse, un brin casse-cou, elle me donnait l’envie de se surpasser, de vitesse, de compétitivité mais surtout aussi de s’affirmer, de vivre ses passions, de foncer. Impossible d’être aussi séduisante et charismatique, assurée et spontanée, je savais quand même à l’époque que je ne lisais que de la fiction… Bref, un monde comme ça, ça n’existe pas. Ah ouais ? Mais en tout cas, ces lectures, c’était pour moi un vivifiant. Je m’y voyais, je m’y croyais pourtant. Aujourd’hui, je n’ai toujours pas mon permis moto. La vitesse parfois m’effraie, je suis nulle en mécanique basique. Mon terrain de prédilection est plutôt aquatique. Du coup, je me laisse porter. Mais relever des défis, j’ai toujours aimé et ça se poursuit.

… Je serai pleine de curiosité ! »

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Et enrichie de tant de lectures, de titres de romans inscrits dans les célébres collections « Castor poche » et « Le livre de poche jeunesse ».


logo Poche jeunesse logo Castor poche jeunesse

Et je ne saurai dire si nous en avions un abonnement et si j’avais tout lu à l’époque, mais les vitrines de la bibliothèque familiale en contiennent une sacrée série. Ainsi, qui n’a jamais lu « Mon ami Frédéric » ? Évoquant avec justesse et dureté la montée du nazisme (le récit commence en 1929) et de l’anti-sémitisme en Allemagne, ainsi que la fraternité mais aussi la cruauté et la bêtise humaine. Écoeurement ! Aujourd’hui, il me semble que ces sujets sont toujours d’actualité. Consternation !! Et puis, dans cette collection, j’avais lu et aimé aussi « L’autre » d’Andrée Chedid. Qui aurait pu me dire d’ailleurs, que par la suite j’adorerai aussi les textes de son petit-fils, famille imprégnée de poésie. Là encore il s’agit d’une histoire de tolérance, de respect de l’Altérité. Aujourd’hui, je tente du mieux possible de diffuser ces messages auprès de mes « nombreux » adolescents (élèves et enfants), répétant ce que j’ai pratiqué et pratique encore moi-même : des lectures à outrance, pour apprendre, découvrir, connaître, respecter, apprécier, s’imprégner, voyager, avancer, grandir, vieillir…

Alors je sais aussi que quand je serai grande… Je serai grand-mère ! »

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Et que je me soucierai – forcément – de l’envie de lire de mes petits-enfants. Au mieux, je les abonnerai à Astrapi car c’est ce que ma grand-mère a fait, baignant nos moments d’enfance des histoires de Touffu, des Copains des tilleuls mais aussi de l’inusable Marion DUVAL. Lors des rencontres entre cousins et cousines, nous les échangions, les relisions, les dévorions, allongé(e)s dans la chambre des uns ou des autres, sur les canapés de mamie, dans les jardins des oncles et tantes. Émotion ! Et pour mes petits-enfants, si ça ne leur suffit pas, je leurs proposerai aussi une montagne d’albums et d’ouvrages ludiques, interactifs, esthétiques, artistiques… toujours magnifiques !

Car c’est sûr, demain, les lectures d’enfance continueront à donner du plaisir : celui de LIRE !!!

Et parce qu’il faut bien terminer ce post un jour ou l’autre… je vous offre une dernière lecture de mon enfance…

OZ OZ

… dont la couverture a bien moins vieilli que son histoire… Ça, c’est de l’authentique !!

Et comme petite j’étais, et grande je le reste – joueuse   je vous le donne en mille : Qui a écrit le Magicien d’Oz ???

Le langage des contes, d’Elzbieta

L’automne nous amène de belles feuilles, Le langage des contes_2il en est ainsi du dernier livre d’Elzbieta. En 1997 déjà, l’auteure se dévoilait à travers L’enfance de l’Art. Moins autobiographique, mais tout aussi personnel, son essai Le langage des contes paru récemment nous offre la vision d’une artiste de renom sur un domaine encore plein de mystères.

Avant de plonger dans le monde des contes, Elzbieta se distancie de Bettelheim et de Propp, malgré son intérêt pour l’un et sa déception envers l’autre. L’enfant, le texte, l’image, la morale, l’imagination, le langage… sont parmi les multiples angles d’attaque de cet ouvrage. Pour parler des contes, l’auteur revient sans cesse à l’enfant : l’enfant éternel héros des contes, l’enfant qui écoute inlassablement les mêmes contes, l’enfant et la réception des contes, l’enfant que l’on a été et que l’on n’est plus… Elzbieta nous livre une réflexion sur le conte avec son regard d’artiste, d’une artiste proche de son enfance, toujours curieuse de la perception et de la logique des enfants.

Témoignant de son travail, Elzbieta revendique la pensée personnelle de l’enfant : Un enfant qui imagine, qui s’évade, qui pense par lui-même est un sujet d’inquiétude. Comment lui autoriser une vie intérieure hors de tout contrôle ? […] J’ai beau expliquer que l’exploration que je propose aux enfants à travers mes albums est une affaire privée ; qu’il ne s’agit pas pour moi de leur enseigner ce qu’il faut penser, comprendre ou éprouver d’un album, […] qu’en résumé je m’adresse à la capacité des enfants d’évoluer seuls, d’avoir une vie et une pensée personnelles et intimes : rien n’y fait. (p. 33)

Elzbieta prête aux contes un pouvoir puissant, en cela elle rejoint Bettelheim. De même que nos rêves, les contes ne mentent pas. L’usage consolateur intime, le travail caché de la pensée, que le conte – et sa répétition – suscite, demeurent dans le non-dicible, mais les enfants sentent intuitivement que ces récits-modèles abordent discrètement des questions qui méritent examen. (p. 85)

Quant au langage des contes, à leur structure narrative, Elzbieta entrouvre une porte qu’on aurait volontiers voulu la voir pousser plus loin. Elle nous introduit le langage I-maana et son esthétique de l’implicite que le linguiste Hassan Jouad a particulièrement étudié. Certes, les contes – malgré les nombreuses analyses qu’ils ont subies – recèlent bien des mystères et des pouvoirs méconnus. Approfondir la question sur le non-dit, l’implicite des contes aurait été bienvenu.

Au final, c’est un essai sur le conte marqué de l’empreinte personnelle de l’auteur et qui appelle d’autres lectures ou relectures (Bettelheim, Jouad, Péju, Grimm & co). Son ouvrage nous amène un éclairage sur son travail d’auteure : En me hasardant à inventer des contes […]. Il fallait m’exercer à employer des méthodes narratives qui ne me sont pas naturelles, notamment apprendre à surmonter le besoin d’expliquer, de rendre logique et cohérent le pourquoi et le comment […]. (p. 58)

Le langage des contes / Elzbieta ; Le Rouergue, 2014.

Si j’avais été…

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Photographie de Mimi Barthélémy, « empruntée » sur son site officiel – http://www.mimibarthelemy.com/bio/

Si j’avais été Mimi Barthélémy, j’aurai su ra-Conter cette histoire. Mais c’est un métier conteuse, et je ne sais pas faire. Elle, elle savait.

En 2010, quand Marion nous a annoncé qu’elle avait trouvé une conteuse pour notre festival Anima’Docs, nous étions curieux et surtout « inconscients ». Nous savions avoir une conteuse, mais pas La conteuse. C’est en organisant qu’on apprend… Et puis, tranquillement et savamment, nous avons compris recevoir une grande dame du conte, une célébrité.

Vint la rencontre. Mimi Barthélémy nous a éclaboussés par sa simplicité, sa modestie, sa chaleur. Avant de partir, elle a voulu absolument acheter un coeur de Neufchâtel, notre fromage local. Parce qu’elle était comme ça, Mimi Barthélémy, proche de l’authentique, proche des gens. Peu de temps après le festival, un drame, le séisme qui a ravagé Haïti. Un soir, en regardant à la télévision une émission consacrée à l’événement, Mimi est apparue dans le petit écran. Tout de suite, j’alerte mon entourage : « Regardez ! C’est Mimi Barthélémy, je la connais, je l’ai rencontrée ! ». Malgré les circonstances, et parce que c’est étonnant la vie, j’étais fière, heureuse de la re-voir. C’est que Mimi Barthélémy avait le don d’être attachante, tellement ouverte, débordante de respect et d’attention pour les Autres. Pétillante, captivante, elle nous emmenait même quand elle ne contait pas, pour dire. Quels souvenirs et leçons elle nous a laissés, après le festival. Elle nous a fait confiance, elle nous a tant appréciés, tant remerciés. Un schéma inversé ! C’était pourtant à nous de l’admirer, de la respecter, pour ce qu’elle prouvait, ce qu’elle était : une conteuse Remarquable, une personne Inoubliable.

Pour rendre un bel hommage à Mimi Barthélémy, au sein d’un blog comme L’Ouvre-livres, c’est bien plus qu’approprié ! Mimi utilisait l’oralité (bien-sûr) pour raconter ses histoires, mais aussi l’écrit. J’ai choisi le « Crapaud et la clef des eaux« , publié chez Syros, dans la collection Paroles de conteurs pour vous le prouver.

Crapaud_des_eaux

Dans ce conte, « la jeune, belle et timide Simbi » doit s’absenter, « faire pélerinage ». Elle confie alors la clé des eaux au Crapaud. Mais ce dernier abuse de sa confiance en décidant de couper l’arrivée de l’eau, car il « enfle de prétention, gonfle de présemption, pète plus haut que son cul » ! Malgré les doléances répétées des autres animaux, rien n’y fait ! Il use et abuse de son pouvoir. Le retour de Simbi devient alors salvateur. Elle rétablit la situation et s’occupe de Crapaud, à sa manière, « l’écrase sous son talon et le rend plus plat qu’une feuille d’avocat » ! C’est un conte sur l’abus de pouvoir et l’imbécilité. Bien que le sujet soit intemporel et universel, ce texte de Mimi Barthélémy nous porte. Il se passe sur la merveilleuse île d’Haïti (dont Mimi est originaire), est donc teinté d’exotisme entre les « cascades » et les « caféiers rouges, indigos bleus, blanc son coton, verts ses campèchers« . Les parties du récit, en créole, contribuent à notre adhésion. Les mots sont chantants, envoûtants…. Ainsi, « Che mwen menm komè Poul ki la ! K ape mande chi pa gen dlo nan peyi a. Ch’est Mère Poule qui est là ! Qui vient demander ch’il y a de l’eau dans le pays. »

Mimi Barthélémy explique : « la présence des onomatopées en créole, qui, tout en étant très rythmées, contribuent à donner au texte du sens et de l’humour, m’a enchantée. Par exemple, le roucoulement de la tourterelle : Pitit ou pou wou, qui se traduit en français par « Cet enfant est à toi », est bien plus savoureux en créole à cause de la répétition des p et des ou« . (p. 43 – Crapaud et la clé des eaux)

Comme vous le constaterez par vous-même sur son site – http://www.mimibarthelemy.com/ – Mimi Barthélémy a publié une trentaine de contes. Là encore, c’est révélateur ! Les éditions et les collections font place à la diversité.

Cela fait presque un mois que Mimi Barthélémy est partie et le blog de L’Ouvre-Livres ne cesse de s’ouvrir… En lui dédiant cette nouvelle catégorie : Contes, je suis certaine que ça l’aurait fait rire, autant de « coquetterie ».

A ton bon souvenir, Mimi !