Sous la neige

A chaque saison, sa racontine, ce mois-ci nous voilà « sous la neige » avec les tout-petits de 0-3 ans accompagnés de leur maman/papa, assistante maternelle ou bien avec la crèche.

En introduction, notre comptine rituelle:

Qui se cache dans mon dos,

Ce sont mes p’tites mains coquines

Qui se cache dans mes mains,

Ce sont mes p’tits doigts coquins

Qui se cache dans ma bouche,

C’est ma langue qui bouge

Qui se cache dans mon sac,

Ce sont mes histoires de neige!

Lecture Neige, Kaori Tajima, Lirabelle, 2013 (existe au format livre & kamishibaï)

Chanson « Neige neige blanche »

Neige neige blanche (regarder en l’air et tendre les mains)

Tombe sur mes manches (se frotter les bras)

Et sur mon tout petit nez (se toucher le nez)

Qui est tout gelé

Neige neige blanche (regarder en l’air et tendre les mains)

Tombe sur ma tête (se frotter la tête)

Et sur mes très gros souliers (bouger les pieds)

Qui sont tout mouillés

Neige neige blanche (regarder en l’air et tendre les mains)

Viens que je te mange (se frotter le ventre)

Pose toi tout doucement (ouvrir les 2 mains en coupe)

Comme un p’tit fondant (Mmmmm)

 

Lecture Il a neigé ce matin, Steffie Brocoli, Mango Jeunesse, 2018

(album sans texte sur lequel on a proposé des devinettes à chaque double page pour présenter l’animal à découvrir sous le volet. On peut signer l’animal en langue des signes mais cette année, j’ai « joué » les couleurs de l’animal à l’aide d’un métalonotes)

Il marche sur 2 pattes. Regardez bien ses traces dans la neige. Il est couvert de plumes et caquette dans la basse-cour où chaque jour il pond un œuf. L’animal se cache derrière cette feuille pour se protéger du froid. Qui est-ce ? La poule

Il se déplace à 4 pattes, regardez bien ses traces dans la neige. Il est recouvert de poils durs, piquants et hérissés. Lorsqu’il est effrayé, il se met en boule pour se protéger. Là, il vient se blottir contre ce beau buisson pour se réchauffer. Qui est-ce ? Le hérisson

Lui aussi il a 4 pattes très courtes, regardez bien ses traces dans la neige. Il est couvert de poils raides, rayés, noirs et blancs. L’hiver, il creuse un profond terrier pour rester au chaud. Pour le moment, vous ne le voyez pas parce qu’il est caché derrière cette pierre. Qui est-ce ? Le blaireau

Lui, lui, lui, il vit aussi dans les bois, regardez bien ses traces dans la neige. Son pelage est roux avec une grande queue en panache. Ce qu’il aime par-dessus tout, c’est chasser les poules ! On dit qu’il est rusé…La preuve, il s’est dissimulé derrière la bûche. Qui est-ce ? Le renard

Lui, ses 4 pattes sont fines et agiles à la course, regardez bien ses traces dans la neige. Sa taille est élancée et son allure majestueuse. On le reconnait à sa tête garnie de bois. Il vient s’abriter derrière ce parterre de fleurs. Qui est-ce ? Le cerf

Luuiii, avec son pelage brun, il est grand et fort, regardez bien ses traces dans la neige. Lorsqu’il est en colère, il se dresse sur ses 2 pattes arrière. Avant de rejoindre sa tanière, il se tapi sous ce rocher. Qui est-ce ? L’ours

 

Lecture Dans les pas de papa, Sabine De Greef, L’école des loisirs, 2010

Cet album nous a inspiré plusieurs supports de racontée mais que l’on n’a pas pu réaliser pour ces séances en raison d’un manque de temps…Mise en scène grâce à un théâtre d’ombres inspirée par les compléments pédagogiques sur le site de l’éditeur, véritable parcours moteur autour du récit…voilà quelques pistes qu’on ne manquera pas de creuser ultérieurement!

 

Lecture chantée Dans sa maison un grand cerf, Jutta Bauer, L’école des loisirs, 2012

Mise en scène à l’aide de marionnettes à doigts

 

Lecture A travers la vitre, Saori Kamino, Lirabelle, 2012 (existe au format livre & kamishibaï)

Possibilité de prolonger la lecture par une activité avec une plaque de plexiglas où l’on appliquerait de la mousse blanche afin que le tout-petit reproduise le récit et/ou fasse ses propres expérimentations sensorielles.

 

 Chanson « L’hiver est tout blanc » de Raymond Fau (chant du refrain uniquement)

L’hiver est tout blanc, tout blanc, tout blanc.
L’hiver est tout blanc de givre et de neige
L’hiver est tout blanc, tout blanc, tout blanc
Papillons de neige volant dans le vent.

 

Comptine accessoirisée d’après : Dans la neige j’ai ramassé, Caroline Pellissier, Antonin Louchard, Editions Thierry Magnier, 2006

Matériel nécessaire: 1 feuille noire, 1 pinceau, colle, éléments en papier pour représenter le bonhomme de neige, farine (talc, sable blanc etc), bâche pour protéger l’espace ainsi qu’une grande bassine

Encoller la feuille juste avant de proposer la comptine en suivant la silhouette d’un bonhomme de neige. Placer la feuille dans une bassine emplie de farine symbolisant la neige. Réciter la comptine.

 

Dans la neige j’ai ramassé…

Ce matin, dans la neige, j’ai trouvé un grand chapeau noir et je l’ai ramassé

J’ai trouvé une belle carotte et je l’ai ramassée

J’ai trouvé une pipe et je l’ai ramassée

J’ai trouvé 2 gros marrons et je les ai ramassés

J’ai trouvé 3 cailloux et je les ai ramassés

J’ai trouvé une longue écharpe rouge et je l’ai ramassée

J’ai trouvé un vieux balai et je l’ai ramassé aussi

Ramasser successivement les différents éléments en papier qui étaient dispersés dans la bassine et les mettre de côté en questionnant les enfants:

Chez moi, dans mon jardin, j’ai tout étalé, j’ai regardé, j’ai réfléchi…

Soupir et souffle sur la feuille

C’est une silhouette toute blanche toute ronde

Un bonhomme élégant

C’est un bonhomme de neige !

Avec l’aide des enfants selon leur âge, placer alors les différents éléments en papier sur la feuille pour habiller la silhouette du bonhomme de neige magiquement apparue…

 

 

Chanson « Il neige, il neige il neige » (sur l’air de il était une bergère)

Il neige (X3)

et ron et ron, des flocons tout ronds
Il neige (X3)

des p’tits bedons tout ronds (X2)

Volez flocons de neige
Et ron et ron, volez tous en rond
Volez flocons de neige
Comme des papillons ron ron (X2)

Dansez flocons de neige
Et ron et ron, dansez tout en rond
Dansez flocons de neige
En joyeux tourbillons ron ron (X2)

 

Lecture : Lutin des bois, Philippe Ug, Les grandes personnes, 2015

Livre pop-up lu à 2 voix

 

Jeu de doigts « Clic clac, dans tes mains »

Clic clac, dans tes mains
Ça les réchauffe, ça les réchauffe
Clic clac, dans tes mains
Ça les réchauffe vite et bien !

Si mes histoires vous ont plu, applaudissez !

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Sally Jones, de Jakob Wegelius.

Je n’en démordrai pas ! Sally Jones est le meilleur livre que j’ai lu en 2016.

sally

Sally Jones, de Jakob Wegelius, ed. Thierry Magnier, 16,90 €.

L’héroïne, appelée Sally Jones (attention ! d’une seule traite, pas seulement Sally) est une gorille, ce n’était pas gagné que je me passionne pour sa vie. Et pourtant je ne me souviens même pas depuis quand je n’avais pas ressenti pareille émotion en lisant un roman pour ados ! Si je cherche bien, je crois que ça remonte à Black Out de Brian Selznick et ça doit faire une paire d’années…

Alors oui, je ne lis plus beaucoup de romans car je suis désormais libraire « spé BD » mais j’ai à cœur de découvrir encore des livres pour enfants.

Sally Jones ce sont deux ouvrages écrits par le suédois Jakob Wegelius, à la fois auteur et illustrateur de génie. Un roman paru en juin, puis un album « préquel » dans lequel on découvre la vie de Sally Jones avant l’histoire narrée dans le roman.

sally2Sally Jones, la grande aventure, de Jakob Wegelius, ed. Thierry Magnier, 15,50 €.

Pensant que je n’aurais jamais le temps ni le courage de lire un si gros roman, j’ai fait tout l’inverse ! Attirée par les gravures de l’album, je l’ai parcouru pensant simplement faire une jolie découverte. Mais j’ai été renversée par la vie de cette gorille malchanceuse. Rarement l’empathie m’aura autant envahie pour un personnage romanesque. Ici une petite vidéo alléchante… Dans le foulée j’ai dévoré le roman y pensant jour et nuit. Un soir j’ai même fait la tronche à mon mari parce qu’à cause de je ne sais plus quoi je n’avais pas eu le temps de lire Sally Jones le soir…

Malmenée par la vie depuis sa naissance, son existence n’a rien de bienheureux. Volée, vendue, esclave de maîtres tous plus ou moins indignes, Sally Jones va connaître bien des tourments mais aussi rencontrer de vrais amis prêts à tout pour elle. Punaise, heureusement parce que sinon ce serait carrément la cata.
Tour à tour cambrioleuse de haut vol, mécanicienne, réparatrice d’accordéons, joueuse d’échecs…. L’étendue de ses talents et sa remarquable intelligence font d’elle une compagne admirable. Bien que non douée de la parole elle est une véritable amie pour tous ceux qui veulent son bien. Le premier à croire en elle et à lui donner le goût de la liberté c’est Henry Koskela, dit Le Chef, marin qui va lui apprendre la mécanique. Tous deux vont devenir inséparables. Pendant tout le roman Sally n’aura de cesse de parcourir le monde pour faire innocenter son ami accusé à tort de meurtre.

C’est parti pour un mémorable voyage qui part des pentes de l’Alfama de Lisbonne au Palais du Maharadja de Bapur ! La partie portugaise de l’histoire fait la part belle à la ville de Lisbonne. On sent tout l’amour qu’a l’auteur pour cette ville qu’il dépeint admirablement. On sent les odeurs de nourriture et d’embruns et l’on est bercé par la douce voix d’Ana Molina et le cri des goélands qui planent sur les toits de la ville. Au rez de chaussée, dans son atelier où il conçoit et répare des accordéons, Luigi Fidardo est perplexe à l’idée de cohabiter avec une gorille… Mais personne ne résiste aux désirs d’Ana qui veut à tout prix sauver Sally Jones ! Tout comme moi Luigi succombe.
Tous aux petits soins pour cet improbable colocataire, ils auront le cœur lourd lorsque Sally Jones partira pour l’Inde chercher les preuves de l’innocence du Chef. Eux restent à quai, mais moi je file avec elle sillonner les mers !

De nouveau seule et vulnérable, Sally Jones quitte le cocon douillet de l’Alfama pour une périlleuse traversée et une enquête minutieuse à travers l’Inde. Cette autre partie du roman, tout autant réussie, fait la part belle à la grandiloquence des maharadjas. Profusion de saveurs, de couleurs, de pierres précieuses, Sally Jones découvre un univers impitoyable en entrant au service du Maharadja. Tous jaloux de ce singe qui leur spolie leur travail, les employés du palais vont lui faire la vie dure…

Roman d’aventure dans lequel les ambiances sont impeccablement posées, l’on ne peut que tourner les pages à un rythme effréné. Y a des gens qui appellent ça un « page turner » mais je n’aime pas trop ça.

La langue est belle, les images qui défilent devant nos yeux sublimes.

Je suis fière de dire que j’ai ri et pleuré en lisant Sally Jones ! Je n’arrêtais pas de tout commenter, ce qui gênait un peu les lectures de mon mari qui sait dorénavant tout de ma nouvelle meilleure amie ! Sally par-ci, Sally par-là, le pauvre, heureusement qu’il est compréhensif… Parce que je n’arrêtais pas de lui taper sur l’épaule pour lui raconter des passages. Parfois il me regardait un peu inquiet parce qu’il ne savait pas si je riais ou si je pleurais, parfois c’était les deux à la fois… Sally Jones est un livre vivant !

Je vous conseille vivement de lire un extrait (le début du roman).

Je vous déconseille de taper « Sally Jones » dans un moteur de recherche car il y a que des filles vraiment chelou qui apparaissent.

Je vous déconseille aussi de taper Sally Jones tout court sinon je vous fracasse la tête.

Ô feutres!

Aujourd’hui, c’est la technique d’illustration qui va être le fil conducteur de cet article, en l’occurrence le feutre. Ce type de stylo est plus rarement exploité dans l’illustration c’est pourquoi nous avons choisi de présenter le travail de trois jeunes femmes dont c’est l’outil de prédilection…

Charlotte Fréreau

Charlotte Fréreau utilise du matériel scolaire (feutres et crayons de couleurs) pour réaliser ses dessins inspirés par l’enfance et la nature. Son travail très instinctif démarre de la couleur et s’appuie sur la recherche de déséquilibres, de décalages d’échelle entre petites et grandes formes. Les univers qu’elle dessine sont fourmillants et colorés.

Le beau projet dont on voulait se faire l’écho est une série de 4 livres paravents mettant en scène la ronde des saisons. L’enfant déplie chaque livre grand format (24×40 cm) tel un accordéon et là mille et un détails de saison sont à observer: végétation, ville, activités, personnages etc.

automne charlotte fréreauUn an l’automne, Charlotte Fréreau, MeMo, 2009, 22 €

hiver charlotte fréreauUn an l’hiver, Charlotte Fréreau, MeMo, 2009, 22 €

printemps charlotte fréreau

Un an le printemps, Charlotte Fréreau, MeMo, 2009, 22 €

été charlotte fréreauUn an l’été, Charlotte Fréreau, MeMo, 2009, 22 €

 

Petits pas dans la neige

un scarabée dort

dans une chaussette

SAMSUNG CAMERA PICTURESExtrait d’Un an, l’hiver

 

Marie Saarbach

Diplômée des Arts Décoratifs de Strasbourg, Marie Saarbach a vu son projet de fin d’études intitulé Le Jeu de l’Oie publié par les éditions Autrement Jeunesse en 2013. Cet ouvrage accordéon s’inspire du jeu traditionnel dont le parcours, case par case, symbolise les grandes étapes de la vie. Trente trois tableaux illustrent le voyage initiatique de deux enfants – un garçon et une fille-, de la maison jusqu’à la mer. A chaque image correspond une épreuve à franchir et met en situation un sentiment (la peur, le danger…). Le cheminement se fait de page en page…

jeudeloiemariesaarbach1Le Jeu de l’oie, Marie Saarbach, Autrement, Jeunesse, 2013, 24,50 €

jeudeloiemariesaarbachDétail sous la pluie

 

Dans un tout autre registre, Marie Saarbach a signé avec la complicité de Clément Paurd et Mathieu Lefèvre, un étonnant Catalogue de l’espace, véritable guide de survie en mode vente par correspondance pour les futurs voyageurs intergalactiques. Trois gammes de produits sont présentées: civile, scientifique et militaire. L’index en fin d’ouvrage détaille les différents articles. De même, les services de l’espace (commande, paiement, livraison, retour, conseil, bon à savoir) ainsi qu’un bon de commande ont parfait le sentiment d’authenticité de cet album voué à atterrir entre les mains du voyageur galactique, du biologiste cosmique ou du soldat stellaire.

91tYCkBB48LCatalogue de l’espace, Clément Paurd et Mathieu Lefèvre, Marie Saarbach, Gallimard Jeunesse, 2013, 20 €

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Fanny Ducassé

Enfin, voilà le portrait que dresse les éditions Thierry Magnier de Fanny Ducassé: 
Elle suit des études de Lettres modernes jusqu’à l’obtention d’une licence. Bien qu’elle s’épanouisse dans ce domaine, elle éprouve le besoin d’exercer son goût pour le dessin, et pour le vêtement. Aussi entame-t-elle des études de stylisme-modelisme à la Chambre syndicale de la Couture parisienne. Elle y développe un attrait certain pour l’illustration et pour l’univers de l’enfance. Peu à peu, ses dessins isolés représentant de petits personnages se transforment en une première histoire biscornue.

louve fanny ducassé

 Louve, Fanny Ducassé, éditions Thierry Magnier, 2014, 13,90 €

Il y avait une fois, tout au fond de la forêt, une jeune fille rousse qui vivait parmi les renards. Louve se mêlait à eux aussi facilement que le chocolat se mêle au lait, car les animaux de feu savaient la reconnaître. Mais Louve est l’objet d’une étrange malédiction : ses cheveux s’enflamment dès qu’elle se laisse submerger par ses émotions. Un beau jour, Louve fait une rencontre qui va changer sa vie, la rencontre d’un gars-loup…

Ici, le feutre crée relief et densité grâce aussi aux mille petits traits noirs peuplant les pages de ce monde automnal et chatoyant. En attendant un prochain album toujours chez Thierry Magnier narrant les aventures d’une certaine Mustella (nous révèle Gaëlle la libraire), découvrez sur son blog son travail autour de la papeterie – carnets, cartes, marque-pages – où le motif est roi.

La soupe de bébé

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La soupe de bébé, Lili Scratchy, Thierry Magnier, 2007, 12,20 €

Cette recette a été concoctée avec amour, garantie sans colorants ni conservateurs.

Véritable coup de foudre pour ce petit album tout frais! On adore le coup de crayon de Lili Scratchy et son écriture manuscrite. Simplicité, drôlerie et tendresse: ce livre réunit tous les ingrédients pour passer un bon moment avec son tout-petit. Telle les recettes de grand-mère, on doit absolument transmettre cette histoire!

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Les cygnes sauvages

Un conte, trois versions: Les Cygnes sauvages d’Hans Christian Andersen

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Les Cygnes sauvages, traduit du danois par David Soldi et illustré par Joanna Concejo, Notari, 2011, 18,30 €

Joanna Concejo est une illustratrice diplômée des Beaux-Arts de Poznan, en Pologne. Elle vit et travaille en France depuis les années 90. Elle a fait de nombreuses recherches plastiques avant d’être publié. De cette pratique, elle a conservé le goût d’utiliser le crayon de papier pour s’exprimer, outil duquel elle apprécie les aspects direct et intime, « du trait au cœur » comme elle l’a souligné lors de la Fête du livre jeunesse de Villeurbanne. Elle choisit donc scrupuleusement les zones qu’elle colorise, faisant ainsi ressortir certains détails, jouant avec l’esquisse et son côté inachevé, valorisant les traces ou le blanc du papier.  On aime retrouver dans un coin de feuille ses essais de teintes à l’image d’une palette de peintre. On aime aussi ses choix de supports, des bouts de papier qui ont déjà une histoire, tâchés, déchirés, auréolés, quadrillés… Mais qui de mieux que Joanna Concejo elle-même pour évoquer son travail:

J’aime dessiner comme on recoud un trou, raccommode un vêtement. Comme on coud un bouton blanc avec du fil noir, parce qu’on en n’a pas d’autres. Comme on cache un endroit usé sur un complet bleu marine d’une pièce de tissus à fleurs, Et elle nous sourit de là… Par simple nécessité, un besoin très « terre à terre » de réparer, pour que quelque chose puisse encore durer. Encore un peu…

J’aime dessiner, comme on tricote un napperon, comme une méditation, presque inconsciente, sans réfléchir… une maille à l’endroit , une maille à l’envers… parce que c’est comme ça, car c’est ainsi que font depuis toujours toutes les grands-mères du monde…

On attend prochainement sa vision du Petit chaperon rouge chez Notari dont les premières illustrations ont été dévoilées par l’artiste sur son blog.

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Mette et les  cygnes sauvages, Muriel Bloch, Sandra Dufour (ill.), Thierry Magnier, 2012, 18,80€

Dans cette adaptation-ci, le texte « s’inspire librement d’Hans Christian Andersen mais l’écrivain s’est lui-même nourri de versions populaires du nord de l’Europe. Il existe également, chez les frères Grimm, deux versions de ce même conte: Les Six frères et Les Douze frères » comme le souligne Muriel Bloch en préambule de l’album. C’est Sandra Dufour, plasticienne et créatrice textile qui collabore aussi régulièrement pour la presse qui a choisi cette histoire pour la symbolique du fil qu’elle portait. Elle a délibérément délaissé d’autres titres attendus et peut-être trop connus tels que La belle au bois dormant qui se piqua le doigt sur un fuseau ou Le petit chaperon rouge avec son épisode des chemins de l’aiguille et de l’épingle (souvent retiré d’ailleurs). Muriel Bloch a alors accentué les motifs textiles dans sa réécriture.

La broderie reste une technique peu exploitée en France alors Sandra Dufour s’est perfectionnée au département Textile du National College of Art and Design de Dublin après son passage aux Arts décoratifs de Strasbourg. Elle qui se dirigeait au départ vers le stylisme a vite expérimenté le travail à l’aiguille pour dessiner. Chaque illustration impose sa technique (piqués libres à la machine et/ou points à la main), sa matière, son motif particulier. Tributaire des tissus, elle chine et accumule de nombreux échantillons. Dans ses « dessins au fil » (comme elle les qualifie auprès des enfants rencontrés en ateliers), elle aime s’affranchir des points classiques même si elle confectionne presque systématiquement un traditionnel cadre au point de chaînette;  médaillon duquel elle sort d’ailleurs aussi fréquemment!

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La jeune femme s’est livrée lors de son passage à la 30 ème Fête du livre de jeunesse de Saint Paul Trois Châteaux, laissant entendre qu’un nouveau projet éditorial se dessinait, avec dans l’idée d’octroyer une plus grande place à l’image… On patiente déjà!

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 Portrait de Sandra Dufour dans la revue Marie Claire idées n° 94 Janvier 2013

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Il était une fois…contes en haïku, Agnès Domergue, Cécile Hudrisier, Thierry Magnier, 2013, 11 €

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Cette version-là est tirée du recueil Il était une fois…Contes en haïku. 20 textes pour 20 contes à deviner… car ils ont été transposés sous la forme de haïku par Agnès Domergue, également musicienne. Vous avez dit haïku? Il s’agit d’un bref poème très codifié tout droit venu du Japon. C’est le nombre de syllabes qui importe dans sa composition à la française; tout ça pour signifier l’évanescence des choses. C’est bel et bien réussi ici avec ce petit livre élégant, des plus agréable à feuilleter, offrant alors un subtile nuancier! On aime son dos toilé gris anthracite et son papier mat où sont imprimés les « petits mondes dans une goutte d’eau » tels que les appelle Cécile Hudrisier, qui développe là une technique plus personnelle. Chaque double page répond à la même construction: à gauche on nous offre les trois lignes alors qu’à droite est abritée l’aquarelle; chaque histoire bénéficiant d’une couleur caractéristique. Tel un livre-jeu, on va « vérifier les réponses » en consultant le sommaire final. Pour prolonger le plaisir, on peut retrouver l’univers des contes en haïkus dans une expo de kakémonos disponible à la location…