Fratries

Les quatre filles du Docteur March ont marqué mon enfance. Vinrent ensuite les Quatre soeurs (oui bon, les cinq sœurs Verdelaine) puis la version BD de Cati Baur dont les illustrations font tellement honneur aux mots de Malika Ferdjoukh.

Aujourd’hui, j’ai fait un petit bout d’chemin avec les sœurs Martin et je me suis régalée alors par ces temps ensoleillés, venez vous désaltérer avec le succulent et rafraîchissantissime Diabolo fraise de Sabrina Bensalah.

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La boîte à mots de Clémentine Beauvais

Depuis que j’exerce en bibliothèque, j’ai mis en place de nombreux types de médiations pour des publics variés mais je n’ai jamais eu la chance d’organiser de rencontre d’auteur… Et même si celle-ci est en partenariat avec une librairie et d’autres bibliothèques, il n’en reste pas moins qu’elle devient ma première fois!!!!!! Vous saisissez mon enthousiasme?! Ma passion ne vient pas tant de l’événement en lui-même que de la personne que l’on va rencontrer… à savoir Clémentine Beauvais!

Pour rendre compte des petites surprises préparées pour Clémentine au fil de ses quelques rencontres savoyardes, plusieurs billets s’imposeraient… Vous lirez ici la proposition d’une des bibliothèques partenaires. Dans ce post, vous allez découvrir la séance adressée aux collégiens afin de leur présenter l’autrice. Elle a été conçue pour donner artificiellement la parole à l’écrivaine comme un entremêlement des propres articles de Clémentine Beauvais tirés de son blog français, d’interviews d’elle ou de son éditeur Tibo Bérard chez Sarbacane sur le net et de contenus éditoriaux dont j’essaierai de faire figurer les liens originaux autant que possible afin que vous poursuiviez votre lecture là-bas.

Clémentine Beauvais vit en Angleterre depuis presque 12 ans ; après des études à l’université de Cambridge, elle est enseignante-chercheuse en éducation à l’université de York, ça signifie qu’elle y donne des cours et qu’elle y fait aussi de la recherche, c’est-à-dire qu’elle écrit des articles (par exemple : Faut-il aimer les enfants quand on est auteur pour enfants?  Réimprimer Twilight: Analyse d’une couverture. Etes-vous (trop) attaché à vos personnages? Quand tu seras adulte, tu écriras pour les adultes? ). Fan des réseaux sociaux et blogueuse influente, elle a déjà publié plus de 20 livres, des albums en passant par des romans ados dont Comme des images, encensé sur la blogosphère avec pas moins de 80 articles !

Clémentine aime manier les mots et c’est une fille aux multiples facettes & casquettes aussi, on vous propose aujourd’hui d’aller à sa rencontre grâce à « une boîte à mots » ce qui va nous permettre de la découvrir à l’aide de petits mots-clés !

FRANGLAISE 

Cette Parisienne de naissance se considère « franglaise » à taches de rousseur. La romancière vit depuis douze ans en Angleterre, où elle est enseignante chercheuse en sciences de l’éducation à l’université d’York, et s’apprête à demander la nationalité britannique. « Une décision qui n’a pas été précipitée par le Brexit, précise la jeune femme. Au contraire, je me suis vraiment demandé si, après ce vote, je voulais vraiment devenir citoyenne d’un pays qui avait pris cette décision. Mais je veux cette nationalité notamment pour pouvoir voter. » 

BLOGUEUSE 

Sur son blog, elle oscille entre pensées sur la littérature jeunesse et sur l’éducation, et news concernant ses propres bouquins.

Au cas où vous ne l’auriez pas compris, Clémentine alimente son blog dans une version française mais aussi anglaise (où les articles ne sont pas les mêmes puisqu’elle ne s’adresse pas au même public 😛 ) et idem pour son ses sites internet officiels, l’un français, l’autre anglais!

De même qu’elle écrit des livres en anglais, publiés en France mais qu’elle n’a pas pour autant traduit elle-même, même si c’est elle qui a traduit Les Petites Reines les transformant en Piglettes, vous nous suivez toujours?!

TRADUCTRICE 

Elle est traductrice littéraire de l’anglais au français, pour le plus grand bonheur de son Robert & Collins. La traduction, c’est de l’écriture, de l’amour, et beaucoup de casse-tête linguistique, et elle tient à ces bébés-là tout autant qu’aux autres nés totalement de sa plume…

Les voici, ses adoptés-adaptés qu’elle présente sur son site français!

Et ces deux-là à paraître en 2019:

VERS LIBRES

C’est un vers qui n’obéit pas à une structure régulière : ni mètres, ni rimes, ni strophes (alors que le vers traditionnel dans la poésie française observe un nombre fixe de syllabes par vers et de vers par strophe).

Cependant, le vers libre conserve certaines caractéristiques du vers traditionnel (majuscules en début de ligne, mise en page laissant respirer les blancs ; séquences de vers de dimensions variables séparées par un saut de ligne ; des effets d’enjambement ; des échos sonores etc)

Mais pourquoi on vous parle de ça ?! Parce que Clémentine s’intéresse beaucoup aux vers libres pardi ! Elle a écrit Songe à la douceur suivant cette contrainte et elle est la traductrice en français de Sarah Crossan, qui publie des romans en vers libres.

SARAH CROSSAN

« Sarah Crossan est une auteure que j’admire beaucoup, et qui a eu une importance particulière pour moi car c’est avec son superbe The Weight of Water (=Swimming-pool) que j’avais découvert la forme du roman en vers pour adolescent/es.

Ayant vu que je venais de publier un roman en vers (=Songe à la douceur), Murielle Coueslan, mon éditrice chez Rageot, m’a contactée pour me demander si je connaissais le travail de Sarah. Elle venait de lire One (=Inséparables), et elle envisageait de l’acquérir.

Je lui ai immédiatement répondu: ‘Bien sûr que je connais! et oui, il faut absolument l’acquérir! et est-ce que je peux le traduire???‘. Je ne suis pas généralement du genre à m’imposer comme ça, donc je me suis fortement auto-étonnée. Et Murielle m’a répondu presque illico pour me dire oui ».

Et si vous voulez savoir pourquoi Clémentine a grave flippé à l’idée de traduire Sarah, allez fureter sur son blog !

DESSINS 

Dessinatrice à ses heures perdues, Clémentine a mis une partie en ligne.

SARBACANE

Editeur/Maison d’édition = personne(s), société qui assure(nt) la publication et la mise en vente des ouvrages d’un auteur.

Clémentine édite ses romans ados chez Sarbacane. Tibo Bérard est ainsi son éditeur, c’est lui qui choisit les textes de la collection « Exprim’  » (mais aussi de « Pépix » qui s’adresse aux 8-12 ans) et qui accompagne l’auteur durant l’écriture. Selon lui, le travail d’éditeur, c’est une collaboration étroite avec l’écrivain. Les propos ci-dessous sont tirés d’une interview découverte .

Tibo Bérard aime travailler avec ses auteurs, les faire réfléchir sur leur texte. Dans un premier temps, l’auteur et l’éditeur pensent à la structure du manuscrit. Par le dialogue, ils cherchent des idées : « je viens confronter ma grille analytique ultra précise à des gens qui sont dans l’invention pure ». Tibo Bérard demande à l’auteur pourquoi il a choisi tel terme plutôt qu’un autre, refusant à tout prix le superflu ou le décoratif. Paradoxalement, il les aide à aller plus loin dans le développement de certains motifs, les aide à prendre des risques stylistiques pour trouver leur propre voix :

Dans un second temps, Tibo Bérard relit avec son auteur le manuscrit ligne à ligne. Ils travaillent désormais sur le style, de façon très précise. Cette collaboration est indispensable pour lui : « je ne pourrais pas travailler avec un auteur qui refuserait cette étape. En plus, je suis très tyrannique c’est-à-dire que je n’impose rien réellement mais je rends des textes aux auteurs qui sont bourrés de stylo rouge. Il y en a partout. Je propose des pistes. Il me faut une réponse. En même temps, quand je laisse passer des choses, au bout d’un moment, je suis tellement obsessionnel que je les remets. Mais si j’insiste sur un point c’est que ça ne fonctionne pas. L’avantage des auteurs de cette génération, c’est qu’ils sont débarrassés de l’ego de l’écrivain qui a choisi sa virgule et qui ne veut pas en démordre ».

EXPRIM’ 

Tibo Bérard, le directeur de la collection « Exprim’  » a sa conception de la littérature jeunesse : c’est une littérature innovante, dynamique et ancrée dans le réel… Loin de la visée pédagogique demandée par une partie des professionnels de l’éducation, Exprim’ publie des romans écrits par de jeunes auteurs provenant des scènes musicales, des quartiers, et d’ailleurs.

Clémentine aime tour à tour manier le vers libre, jouer avec le langage sms et/ou les codes des réseaux sociaux, s’amuser des jeux de mots anglais/français et des faux-amis des deux langues par exemple, user de toutes sortes de fantaisies typographiques comme le calligramme, l’italique, la parenthèse ou encore insérer des dialogues théâtraux et c’est cette palette là qui a conduit Clémentine chez « Exprim’ « .

PLAYLIST

Spécificité de la collection « Exprim’  » : une playlist conçue par l’auteur(e) en personne qui reflète l’ambiance du roman. Clémentine a son avis sur la question !

BOÎTAMO 

Sur cette chaîne youtube littéraire, des personnalités littéraires vous proposent de partir à leur rencontre en vidéo ! Portrait chinois, visite d’atelier, rencontre dans un lieu coup de cœur, discussion… Autant de formats qu’il y aura d’auteurs, d’autrices, d’illustrateurs et d’illustratrices pour ouvrir cette boîte à mots…

Extrait d’un épisode avec Clémentine, pour essayer de comprendre ce qu’est la littérature ados, cette littérature si particulière qui est (oui, oui) une VRAIE littérature. c’est à 1 mn 10!

PODCAST 

« Histoires de jeunesse » dont on a déjà parlé est un podcast qui vous emmène à la rencontre d’écrivains pour la jeunesse et vous fait entrer dans les coulisses de leur écriture. 

Les auteurs sont amenés à dévoiler leur imaginaire, leurs sources d’inspirations et à s’étendre sur leur processus de création. Un bel outil pour préparer une rencontre d’auteur, découvrir sa bibliographie…

A retrouver le premier jeudi de chaque mois & ici pour notre Clémentine !

Nous y dévoile-t-elle d’où viennent ses histoires ? Comment ont-elles fait leur chemin dans son imaginaire ? Sont-elles nées d’une révolte, d’une émotion, d’une lecture, d’une chanson ? Dans cet épisode de Histoires de jeunesse, elle raconte toutes les histoires qui l’ont fait devenir écrivain…

Rendez-vous…

  • à 8:07 pour découvrir comment Harry Potter a nourri sa fascination pour l’Angleterre
  • à 20:27 pour l’entendre parler de ses personnages féminins et de leur construction
  • à 25:43 pour comprendre comment la littérature jeunesse capture l’intensité des premières fois
  • à 30:37 pour comprendre sa vision de la peur en littérature jeunesse
  • à 39:59 pour l’écouter lire un chapitre bonus de Songe à la douceur

ATELIER D’ECRITURE 

Elle enseigne l’écriture créative dans le cadre de son travail universitaire et également à travers de nombreux ateliers en classe, lors de stages, dans des écoles privées à distance etc.

En Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, les cours de creative writing ont un succès hallucinant. Il s’agit donc de l’apprentissage de l’écriture créative.  On peut avoir des licences, des masters et des doctorats en la matière, et il ne se passe pas un jour sans que son alerte email lui annonce qu’on ouvre un nouveau poste en creative writing quelque part dans le pays. Ce sont généralement des lectureships (=postes de prof) à mi-temps, car les universités recherchent des auteurs, et donc il est entendu que l’heureux/se élu/e aura ainsi la moitié de son temps pour écrire. Ces cours peuvent coûter de 9 000 £ par an (soit presque 10 500 €) pour les licences à 15 000 £ ou plus pour les doctorats (soit 17 385 €).

Le creative writing est donc un véritable business pour les universités en Anglo-Saxonie, et certaines d’entre elles sont très reconnues (Warwick, Bath Spa, Manchester Met…). L’extraordinaire Sarah Crossan, par exemple, est passée par le Master en Creative Writing for Children de Warwick. De nombreux auteurs enseignent dans ces cours également

En France, on commence très timidement à voir ce genre de cours, mais ce n’est pas encore normalisé. Personnellement, j’avais un avis très négatif. Et quand on m’a demandé de donner des cours, j’ai d’abord eu un énorme syndrome de l’imposteur – ça me semblait absurde d’estimer que je pouvais apprendre aux autres à écrire alors que ça faisait si peu de temps que j’écrivais moi-même.

Mon cours est divisé en plusieurs sessions assez attendues : débuts, caractérisation, structure, style et ton, sérialité, et genres, en insistant toujours sur le fait que ces catégories sont liées. Et on finit toujours par une session sur comment être publié, c’est-à-dire comment écrire un pitch, une lettre à un agent, un résumé, etc; pragmatisme anglo-saxon oblige, on ne fait pas tout ça pour ‘rien’.

C’est cette utilitarisme qui, je pense, fait la différence entre ces cours et ce qu’on appellerait plus communément des ateliers d’écriture. Bien sûr on veut y trouver du plaisir aussi, mais il est question ici d’acquérir de vraies compétences et de devenir efficace, pas (seulement) de ‘se découvrir’ en tant qu’auteur. Ca ne suffirait pas de leur faire écrire ‘ce qu’ils veulent’, de les aider à s’exprimer. Il faut leur dire si ce n’est pas commercialement viable, et ils s’attendent à être instruits précisément sur ce qui constitue une structure type ou des personnages types pour tel ou tel genre de livre. Les angliches ne rigolent pas avec ce genre de choses.

L’équilibre est donc précaire entre enseigner des ‘recettes’ commerciales et encourager une écriture de qualité ou plus personnelle… La règle d’or pour moi est de s’immerger dans de textes d’auteurs jeunesse de qualité et commercialement viables, et de voir ce qu’ils font de bien. Je force donc mes élèves à faire de l’analyse de texte, explique-t-elle sur son blog en détails dans l’un des articles rédigés sur ce vaste sujet.

THEATRE 

On a profité de ce mot « théâtre » pour donner la parole aux membres du club de théâtre qui préparent consciencieusement leur adaptation des Petites reines pour leur représentation de fin d’année ainsi qu’un extrait pour la venue de Clémentine! Mais chuuuut! c’est une surprise!

Et pour celles & ceux qui souhaiteraient assister à une représentation de l’adaptation des Petites reines par une compagnie professionnelle à savoir Rachel Arditi et Justine Heynemann, c’est par ici que ça se passe!

 

Des couvertures de certains de ses romans ados et de ses traductions figuraient aussi dans notre bocal…

SES ROMANS

Clémentine s’est considérablement triturée la cervelle pour comprendre ce que peut bien être une voix dans un livre jeunesse et pourquoi elle semble si facile à capturer sur certains formats et genres, et si difficile pour d’autres. Au cours des années, elle a adopté plusieurs spécimens de voix « qui toutes ensemble font un vacarme assez peu harmonieux sur mon étagère » précise-t-elle : glaçante dans La pouilleuse, grinçante dans Comme des images, girly-comique dans Les petites reines, tragi-lyrique dans Songe à la douceur etc. Ainsi est-elle décrite sur le site de l’école parisienne Les Mots.

Carambol’anges, Clémentine Beauvais, Eglantine Ceulemans (ill.), coll. Pépix, Sarbacane, 2015

Pour Nel, ange de rang 47, c’est une mission comme les autres : conduire une âme au Ciel, à bord de sa voiture volante. Mais l’âme en question, c’est Mamie Paulette. Mamie Paulette a 93 ans, 3 jours et un sacré caractère. Et surtout, elle a bien l’intention de découvrir qui a voulu se débarrasser d’elle… et pourquoi ! Entre les ouragans et les Démons Motards, l’ange Nel et Mamie Paulette enquêtent !

PS : Au fait, pour ceux qui se demandent si Nel est un garçon ou une fille, la réponse est : ni l’un ni l’autre, puisque c’est un ange !

 

Les Petites reines, Coll. Exprim’, Sarbacane, 2015 

On les a élues «Boudins de l’année» sur Facebook. Mais Mireille Laplanche et ses «boudinettes». Hakima et Astrid, n’ont pas l’intention de se lamenter sur leur sort ! Elles ont des mollets, des vélos, et elles comptent bien rallier Bourg-en-Bresse à Paris… … pour s’incruster à l’Elysée ! Place aux Petites Reines ! ! !

 

Songe à la douceur, Coll. Exprim’, Sarbacane, 2016 

Quand Tatiana rencontre Eugène, elle a 14 ans, il en a 17 ; c’est l’été, et il n’a rien d’autre à faire que de lui parler. Il est sûr de lui, charmant et plein d’ennui, et elle timide, idéaliste et romantique. Inévitablement, elle tombe amoureuse, et lui, semblerait-il, aussi. Alors elle lui écrit une lettre ; il la rejette, pour de mauvaises raisons peut-être. Et puis un drame les sépare pour de bon.
Dix ans plus tard, ils se retrouvent par hasard. Tatiana s’est affirmée, elle est mûre et confiante ; Eugène s’aperçoit, maintenant, qu’il ne peut plus vivre loin d’elle. Mais est-ce qu’elle veut encore de lui ? Songe à la douceur, c’est l’histoire de ces deux histoires d’amour absolu et déphasé – l’un adolescent, l’autre jeune adulte – et de ce que dix ans, à ce moment-là d’une vie, peuvent changer.

Une double histoire d’amour inspirée des deux Eugène Onéguine de Pouchkine et de Tchaïkovski – et donc écrite en vers, pour en garder la poésie.

 

Comme des images, Coll. Exprim’, Sarbacane, 2014 

Il était une fois des ados sages comme des images, au prestigieux lycée Henri-IV, à Paris. Un lycée où les élèves, dès la seconde, se voient déjà en avocat, en médecin, en ministre. L’histoire commence le jour où Léopoldine a rompu avec Timothée pour Aurélien. Ou bien le jour où Timothée, par vengeance peut-être, a envoyé un mail avec une vidéo de Léopoldine, à tout le monde. Ses amis, sa sœur jumelle Iseult, les profs, les lycéens, les parents : tout le monde.

Chronique de notre Gaëlle ici!

 

Brexit romance, Coll. Exprim’, Sarbacane, 2018

Juillet 2017 : un an que le Royaume-Uni a voté en faveur du Brexit. Ce qui n’empêche pas la rêveuse Marguerite Fiorel, jeune soprano française, de venir à Londres par l’Eurostar pour chanter dans Les Noces de Figaro. A ses côtés, son cher professeur, Pierre Kamenev. Leur chemin croise celui d’un flamboyant lord anglais, Cosmo Carraway, et de Justine Dodgson, créatrice d’une start-up secrète, BREXIT ROMANCE.
Son but ? Organiser des mariages blancs entre Français et Anglais… pour leur faire obtenir le passeport européen. Mais pas facile d’arranger ce genre d’alliances sans se faire des nœuds au cerveau — et au cœur !

 

Inséparables, Sarah Crossan, Rageot, 2017

Grace et Tippi. Tippi et Grace. Deux sœurs siamoises, deux ados inséparables, entrent au lycée pour la première fois. Comme toujours, elles se soutiennent face à l’intolérance, la peur, la pitié. Et, envers et contre tout, elles vivent ! Mais lorsque Grace tombe amoureuse, son monde vacille. Pourra-t-elle jamais avoir une vie qui n’appartienne qu’à elle ?

 

Swimming-pool, Sarah Crossan, Rageot, 2018

C’est une vraie histoire d’Angleterre, de la vraie Angleterre, pas celle que vous fantasmez en regardant Downtown Abbey ou Coup de Foudre à Notting Hill: celle des villes ni moches ni belles, avec des gens qui se retrouvent à vivre là on ne sait pas trop comment, avec des ronds-points, des bus aux vitres maculées de sauce tomate, des magasins à un pound, des maisons toutes pareilles où habitent des familles recomposées, des ados qui s’embrassent dans un coin de parc avec leur chemise d’uniforme du lycée froissée à moitié sortie du pantalon.

C’est l’histoire de Kasienka qui débarque à Coventry, tout juste arrivée de Pologne, pour retrouver son père qui est quelque part par là. Sa mère est convaincue qu’elle le retrouvera, et qu’ils repartiront pour Gdansk pour être à nouveau une famille. Kasienka est moins optimiste. Mais elle va découvrir le collège anglais – et les persiflages des nymphettes environnantes – la langue anglaise, un Anglais, une sorte-de-famille, un voisin qui met de la lumière dans tous ses sourires, et surtout la natation. Voilà comment Clémentine promeut ce roman qu’elle qualifie comme son préféré de Sarah Crossan sur son blog.

Les petites reines, Clémentine Beauvais, Sarbacane (coll. eXprim)

HAUT LES MOCHES !!!
OH, LES MOCHES !!! (Ce qui n’est pas pareil)

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Dans Comme des images , Clémentine Beauvais avait déjà particulièrement bien analysé les ravages des réseaux sociaux auprès des adolescents. Fragile, l’une y avait laissé sa vie.
L’histoire commune de Mireille, Astrid et Hakima débute lorsque Théo (ex meilleur ami d’enfance de Mireille) a l’idée de lancer un concours de boudins au collège via une page facebook dédiée aux filles les plus ingrates. Ici, à l’inverse de Comme des images, les réseaux sociaux ne font pas de gros dégâts mais poussent les trois héroïnes à se surpasser. Pas de place aux lamentations dans Les petites reines ! Place à l’initiative, à la débrouillardise, à l’autonomie ! Élues boudins,
Mireille (boudin de bronze, jadis boudin d’or) Astrid (boudin d’or) et Hakima (boudin d’argent) prennent leur vie en main. Mireille, au sacré tempérament, serait presque vexée de ne plus être au top du top ; elle décide alors de rencontrer les deux autres boudins qui l’ont honteusement détrônée.

De caractères différents, chaque boudin trouvera néanmoins un motif pour rallier Paris à bicyclette d’ici le 14 juillet. Car elles n’ont pas en commun que leur laideur et leur largeur ; d’autres raisons les guident dans cette folie de rejoindre la capitale à coups de pédales vengeurs. L’une veut retrouver son père, l’autre faire un scandale auprès d’un général et la 3e veut approcher son idôle : Nikola Sirkis. Seules, elles n’oseraient pas mais ensemble elles sont capables de tout. Y compris de vendre bien ironiquement du boudin dans une caravane pour financer leur road-trip.

Unies dans la souffrance du pédalage, nos trois boudins sont loin d’imaginer ce qui les attend lorsqu’elles posent leurs grosses fesses sur la selle de leur vélo au départ de Bourg en Bresse (Bourkenbresse) au matin du 8 juillet.

Avec elle, le Soleil, qui sera de la partie tout du long. Pas le vrai soleil, mais Kader le frère d’Hakima, surnommé ainsi par Mireille ; éblouie dès leur rencontre. Kader ne fait pas de vélo, il est en fauteuil roulant. Kader prend la tête de ce drôle d’attelage en poussant de toutes ses forces avec ses mains et en même temps il tire les trois filles vers une célébrité bienfaisante et reconstructrice. Mireille n’en revient pas d’être chapeautée par un gars si solaire et musclé et gentil et beau et et et … Alors elle est tellement intimidée qu’elle ne sait jamais trop quoi lui dire de malin ou simplement normal. Elle bafouille sans cesse « Savakader? » Intrusion du langage sms parfaitement inclus dans ce roman qui joue savamment avec les codes d’aujourd’hui.

Influence des réseaux sociaux, omniprésence des médias à l’affut du moindre scoop, langage sms qui se mêle à la plus jolie des langues ; Clémentine Beauvais s’impose comme une auteure incontournable de la littérature jeunesse.

Un roman à lire par les ados et les adultes curieux du monde étonnant qui les entoure !

Et dans le tas, a continué Hakima d’une voix qui n’était plus qu’un chuchotement, je vois ceux qui tombent en pédalant, et qui pédalaient, pédalaient, pédalaient, avec leurs grosses pattes, jusqu’à ce qu’ils s’aperçoivent qu’il leur avait poussé des ailes, et qu’ils pouvaient se sauver.

The end.

15,50 € (et ça les vaut largement)

Frangine, Marion Brunet (dès 13 ans)

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Il était une fois un livre incroyable paru en plein pendant ce qu’on a appelé la Manif pour tous (incroyable y a même une page wikipédia !) Enfin, pour tous, ça dépend pour qui.  On aurait pu dire que le timing était parfait et le livre écrit « exprès pour ». Mais un livre pareil est pour moi intemporel, il parle avant tout d’Amour et va bien au delà du débat « mariage pour tous ». Voilà pourquoi, d’après moi Frangine,  est un livre pour tous.

Frangine est paru en mars 2013, pendant que certains brandissaient haut et fort leurs idées en battant de pavé, parfois armés de bougies et de chants religieux voués à éloigner le mal de notre société.

Frangine ce sont des histoires d’amour. Celle de deux femmes -Maman et Maline-, qui ont fondé une famille et eu deux enfants, au risque d’y « perdre » leurs parents pour l’une des deux qui ne les a jamais revus. Mais ce n’est pas cette histoire là qui est l’héroïne de ce roman, il s’agit de celle d’un frère envers sa plus jeune sœur. Quand Joachim découvre que Pauline est harcelée depuis son entrée au lycée par tout un tas de gens à cause de leur famille il est prêt à exploser. Il n’a rien vu venir lui qui n’a jamais été la cible des moqueries à ce propos. Mais c’est bien plus facile de s’en prendre à une fragile jeune fille qu’à un grand gars comme lui. Alors c’est Pauline qui va « ramasser ». Même ses plus fidèles amies semblent avoir changé de camp, ou plutôt n’osent plus s’afficher en compagnie de leur « meilleure » amie. C’est si simple de basculer de côté, sournoisement, lâchement, en silence. C’est un peu comme mentir par omission.

Pour faire face aux attaques, aux harcèlement, aux menaces, Pauline se fait muette et monacale. Plus de mots ou presque ne sortent de sa bouche, plus de décorations dans sa chambre d’ados qui devient celle d’une nonne.

Pauline se recroqueville, mutique. Elle habite désormais un corps mou et un environnement désertique duquel elle a volontairement ôté toute joie et toute fantaisie.

Sa chambre devient blanche comme des articulations trop serrées par la rage. Joachim prend alors la situation en main.

Mais Pauline ne veut pas de son aide. Là ça se corse. Pourtant Joachim, avec ses biscotos et son intelligence il aurait eu vite fait de leur régler leur compte à tous ces petits malins qui la détruisent à petit feu. Pauline ne veut pas en entendre parler, elle veut régler ça elle-même, faire face aux détraqueurs à la conscience étriquée.

Nous, lecteurs, nous frémissons. Elle est si fragile, Pauline, on voit bien que tout l’amour dont on l’entoure ne suffit pas. On voit bien qu’elle en veut à mort à ses mères de l’avoir mise dans cette situation. Elle a pas demandé à naître Pauline. Pourtant elle doit en assumer les conséquences. Elle en veut peut-être même à son frère adoré de vivre si bien la situation.

Pauline ne sait plus ou elle en est et, longtemps, l’on se demande ce qu’elle va faire pour régler ses comptes :

– avec ses harceleurs

– avec ses mères

– avec elle-même

– avec les amies qui l’ont abandonnée

– avec ce frère parfait

– avec ces grands-parents qui n’ont jamais voulu d’eux

Y a du boulot en perspective pour cette héroïne au bord du gouffre. Y a de l’incertitude tout du long pour le lecteur.

Mais comment va t’elle faire pour se sortir de CA sans y laisser des plumes ? A moins qu’elle n’ait pas envie de s’en sortir. Sa détresse est palpable et on panique d’une issue tragique. Mais c’est aussi la détresse d’un frère bouleversé à l’idée de ne pas réussir à aider sa sœur chérie.Celle de deux mères dont le couple se délite un peu plus chaque jour.

J’ai rarement lu un livre à l’amour si palpable.

Marion Brunet évite tous les clichés du mariage gay et de l’homoparentalité. C’est un hommage vibrant à la Famille et à la fratrie. Un livre qui montre que l’amour des nôtres peut nous porter très très haut.

Quel dommage que pendant tout ce temps on n’ait pas entendu parler de ce roman intelligent et sobre et qu’à la place on ait fait tant de pub pour des ouvrages qui étaient jusque là assez confidentiels (Tous à poils !, Papa porte une robe…) !

Le monde est parfois injuste Marion car un peu de publicité ne fait jamais de mal à un bon auteur… mais je ne doute pas que Frangine sera reconnu pour ce qu’il est : un roman d’amourS et non pas un roman uniquement sur l’homoparentalité.

Comme des images, de Clémentine Beauvais, collection eXprim, éditions Sarbacane.

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Il y a un corps dans la cour du lycée Henry-IV

Un incipit qui cingle. Tout est dit, ou presque : le début commence par la fin et ça se termine mal.

Là où l’on reconnaît un bon livre, c’est quand on oublie le début (même si c’est la fin) alors qu’on le/la connaît déjà ; vous me suivez ?

Exemple : Love story d’Erich Segal. On sait dès les premiers mots que l’héroïne meurt et pourtant on (je) m’effondre quand même quand elle meurt pour de bon.

Bref résumé raccourci et tronqué en mode pas sérieux : Comme des images c’est l’histoire de Léopoldine qui vient de changer de petit ami (un moche à la place d’un beau). Il y a terrible vengeance car le beau apprécie moyennement d’être remplacé par un thon. Plein de gens vont souffrir de cette vengeance mais ça va ouvrir les yeux des plus embobinés d’entre eux. Détail important : Léopoldine a une soeur jumelle Iseult qui est son brouillon. Léopoldine a une amie fidèle qui, avant, était copine avec sa jumelle. Léopoldine sent bon Anaïs Anaïs, Léopoldine a un sac de luxe, une robe Tara Jarmon, des ballerines Repetto. Elle a tout.

Attention, je repasse en mode « sérieux ». Dans Comme des images, Clémentine Beauvais nous livre une histoire diablement touchante qui va bien au delà des apparences. Dans ce lycée on fait finalement le triste constat que tous les élèves sont les mêmes. Mêmes vêtements de luxe, même tennis Bensimon et surtout, surtout : même avenir, même futur formaté, même parcours prévu. Tout est déjà gravé dans la pierre du prestigieux établissement. C’est l’inexorable course à la réussite. Dans ce décor tout tracé, Iseult la jumelle qui rêve des beaux-arts passe pour une drôle. Pourtant, rien n’est drôle pour elle. Marre d’être prise pour sa sœur parfaite, marre d’être l’illuminée qui rêve d’art. Marre de cette vie toute prévue alors qu’elle commence à peine !

Et puis, derrière les luxueuses apparences tout le mal être de cette génération hyper-connectée jaillit. Tout comme ce corps au milieu de la cour tout cabossé.

Pendant longtemps l’on se demande à qui diable est ce corps dans la cour du lycée Henry-IV . Qui pourrait bien vouloir en finir du prestige ? La vocation du prestigieux établissement (se dit hache quatre pour les intimes) est-elle de former les futures élites ou de hacher menu des ados poussés par leurs familles à l’excellence ? Il semble que le lycée les mouline tout fins pour voir s’ils sont bien de la trempe des illustres qui les ont précédés (Descartes, Alain, Sartre versus Patrick Bruel). Dans ce lycée (H-IV) à l’appellation de virus, un vilain évènement chamboule la vie d’un groupe d’amis. A l’âge où l’on « casse » pour mieux se caser, Léopoldine est victime d’une vengeance de son ex petit-ami ; bien assisté de deux copains remontés comme des coucous pour lui faire sa fête. A coups de réseaux sociaux et de mails, Clémentine Beauvais nous fait découvrir ce que c’est que LA honte. Mais là où l’auteur est particulièrement inspirée, c’est que LA honte se répand d’une manière plus subtile qu’on ne peut l’imaginer.

Dommages collatéraux en prévision…

Ce roman traite de sujets contemporains avec une intelligence qui vous saute à la figure à chaque chapitre. Rien n’y est mièvre ou pleurnichard. Sans pathos, mais avec pleine conscience de notre époque, Clémentine Beauvais nous offre un texte subtil, vrai et dramatiquement probable.

Lu en un soir et une pause-déjeuner, dévoré mais pas près d’être digéré.

Recommandé vivement aux ados et aux adultes.