Une ribambelle d’histoires

Place à une ribambelle d’histoires pour ce second épisode de « Je lis, tu dessines ».

Pour rappel, cette année, il y a un rendez-vous avec le groupe des 6-11 ans d’un des centres de loisirs local. L’idée est donc de proposer une activité complémentaire avec un temps de lectures d’histoires matinal à la bibliothèque qui puisse être prolongé au centre de loisirs l’après-midi par une activité plastique et ce, une fois par période.

Avant de débuter la racontée, nous sommes revenus sur le mot « ribambelle »…Qu’évoque-t-il à ce groupe d’enfants? Si c’est une longue file de personnes ou de choses en grand nombre, c’est aussi une bande de papier présentant une suite de motifs identiques, découpés dans la bande pliée. Comme ce que les enfants vont réaliser l’après-midi même au centre de loisirs…

Déroulement de la racontée & détails des ribambelles avec une spéciale dédicace à mon autre libraire préférée Aline qui m’a permis de finaliser ma sélection-gigogne :

Guirlandes de poupées, Julia Donaldson, Rebecca Cobb, Kaléidoscope, 2013

C’est le récit qui a inspiré le thème de cette séance

 

Famille ours, Magali Attiogbé, Mango Jeunesse, 2011

Livre(s) qui se déploie(nt) à la façon des poupées gigognes/russes 

 

chanson « Quand Fanny était un bébé »

Manipulation des poupées russes, de la + petite à la + grande 

Quand Fanny était un bébé, un bébé, un bébé
Quand Fanny était un bébé elle faisait comme ça
Ouin, ouin ,ouin… (en se frottant les yeux et suçant son pouce)

Quand Fanny était une p’tite fille, une p’tite fille, une p’tite fille
Quand Fanny était une p’tite fille elle faisait comme ça
Na na na nanère euh ! (en faisant un pied de nez)

Quand Fanny était une jeune fille, une jeune fille, une jeune fille
Quand Fanny était une jeune fille elle faisait comme ça
Soupir… (mains sur les hanches et la main dans ses cheveux, levant les yeux au ciel)

Quand Fanny était une maman, une maman, une maman
Quand Fanny était une maman, une maman, une maman elle faisait comme ça
« Chut…dors mon bébé  » (en le berçant)

Quand Fanny était une grand-mère , une grand-mère ,une grand-mère
Quand Fanny était une grand-mère elle faisait comme ça
Ouille, ouille, ouille! mon dos (en se tenant le dos)

Quand Fanny était un squelette ,un squelette, un squelette
Quand Fanny était un squelette, elle faisait comme ça

Cccccccccccccrac! (claquer des dents, des doigts et des genoux)

Quand Fanny était une poussière, une poussière ,une poussière
Quand Fanny était une poussière elle faisait comme ça

Fffffffffffffffffou…(souffler sur une poussière imaginaire)

 

Matriochka, Sandra Nelson, Sébastien Pelon, Flammarion, 2009

Conte sur l’origine des poupées russes et utilisation des poupées russes déjà alignées

 

 Un cœur qui bat, Virginie Aladjidi, Joëlle Jolivet, Thierry Magnier, 2017

Récit à la façon d’un zoom 

 

De papa en papa, Emilie Vast, MeMo, 2016

« Un jour,il y a très très très très longtemps, le papa du papa du papa du papa du papa du papa, vit naître le papa du papa du papa du papa du papa. »
Ainsi commence cette longue histoire, qui de génération en génération, de papa en papa, se rapproche de nous. De page en page, les poupées russes se déploient. Les mamans leur répondent dans un livre jumeau: De maman en maman.

 

Au même instant sur la Terre, Clotilde Perrin, Rue du monde, 2011

Livre-accordéon à déplier au fil des 24 fuseaux horaires, du jour à la nuit…

 

Le livre du livre du livre, Julien Baer, Simon Bailly, Hélium, 2018

Livre-jeu qui cache un livre qui en cache un troisième, à travers un subtil enchâssement de situations et de paysages, où la même aventure semble arriver indéfiniment au jeune Thomas qui, en vacances avec ses parents, croit être perdu et trouve un livre, qui raconte l’histoire du jeune Thomas en vacances avec ses parents, qui croit être perdu… Mais bien sûr, quel que soit le lieu, les parents n’oublient jamais leur petit garçon !

 

Une histoire (presque) impossible à raconter, Bruno Gibert, Sarbacane, 2017

Que celui qui aime les histoires simples et linéaires passe son chemin ! Comme son titre l’indique, cet album se refuse à tout résumé, toute ligne droite, tout cadre précis. À peine le narrateur commence-t-il son récit qu’il se reprend par un non ! graphique et tonitruant (qui fera bien rire les enfants, lesquels vont vite se prendre au jeu) et prend une nouvelle direction – témoignant au passage des infinies possibilités d’une histoire. Tout y passe : les personnages, les situations, les rebondissements…

 

Si petit, Laurie Cohen, Marjorie Béal, Les p’tits bérets, 2013

Récit sur le principe de la comptine Trois p’tits chats

Ribambelle de personnages, livre-accordéon, guirlande de papier, dessin sur les impressions de lecture des enfants…l’animatrice a pris le relais en proposant l’activité plastique. D’autres pistes ont été développées pour faire un livre ici.

Le prochain épisode de « Je lis, tu dessines » se tiendra « au cœur de la nuit »…

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Ma vie de scénariste : Marie Manand

Marie MANAND est une de nos blogueuses. Et désormais une scénariste de livres pour enfants, en plus de son activité de scénariste pour la télévision. Nous l’avons rencontrée en 2011 lors de notre 1e année de Master à l’université du Mans. Elle était un peu timide, les joues roses, ses cheveux frisottaient joliment. Elle hésitait beaucoup entre un diplôme de littérature pour la jeunesse et un de cinéma. Autant vous dire qu’on l’a perdue en route ! Mais nous la retrouvons aujourd’hui avec enthousiasme et nous ne lui en voulons pas un instant d’avoir abandonné notre Master pour prendre un autre chemin. Toutes ces années Marie a contribué au blog, souvent pour nous parler cinéma. Aujourd’hui c’est elle qui se raconte un peu. (N’oubliez pas qu’elle est timide et qu’elle rougit facilement.)

Gaëlle : Coucou Marie ! Tu es contente d’être de l’autre côté de la chronique ?

Je suis plutôt intimidée ! Heureusement que cette toute première interview est menée par une amie !

MARIE ET SES FILMS

Gaëlle : Toi qui est scénariste, il paraît qu’au pluriel on doit dire scenarii et non pas scénarios. Mais en vrai, toi qui est dans le milieu, qui utilise ce mot (à part moi, mon mari et les profs de latin). Je veux des noms !

J’avoue que toutes les personnes que j’ai entendu parler de « scénarii » ne sont en réalité… Pas scénaristes. Donc même si ça fait connaisseur de l’employer, en vrai pas tellement !

Gaëlle : Quand on regarde ton CV , on s’aperçoit que tu n’as pas vraiment quitté la littérature jeunesse finalement ! Beaucoup de tes histoires sont adressées à un jeune public. Certaines sont issues de la bande-dessinée même, j’imagine que c’est un choix de ta part de t’adresser aux enfants ?

C’est un vrai plaisir. Même si j’aime écrire pour les adultes aussi, écrire pour les enfants a quelque chose de joyeux, tendre… Et puis avouons-le : j’aime quand les histoires se terminent bien. Et ça tombe bien, car c’est toujours le cas dans les séries d’animation !

Gaëlle : D’ailleurs, comment on parle le jeune ? Y a t’il un langage de l’âge ? Je suppose que tu es très attentive aux dialogues et que tu y fais entrer l’air du temps. Tes personnages ont-ils le seum ? Sont-ce des bg et des lpb ? Tkt y a pas de bonne réponse ! (PS : il est possible que ces expressions soient déjà démodées…)

Justement, comme les expressions se démodent très vite, il vaut mieux éviter de les employer au risque de trop « dater » le scénario (sauf si c’est voulu). Le mieux est de s’efforcer à dialoguer naturellement, avec un langage simple, du quotidien… Et pourquoi pas d’inventer un argot juste pour ton héros, comme dans Titeuf !

Gaëlle : Tu travailles seule dans ton coin ou toujours en équipe ? Que préfères-tu ? Je crois que tu fais aussi partie d’un collectif SOAP. Peux-tu nous en dire plus sur ta manière de travailler ? As-tu un bureau mal rangé dans un coin de ton appartement ou un endroit dédié à ton travail ?

J’ai effectivement un bureau dans un coin de mon appartement… Mais je ne l’utilise pas beaucoup ! Je préfère largement la table du salon, au grand désespoir de mon copain qui voit mes dossiers et mes cahiers trainer un peu partout.

J’écris parfois seule, parfois en binôme ou même en trinôme, cela dépend des projets ; parfois avec d’autres scénaristes, parfois avec un(e) réalisateur/trice, ou producteur/trice… C’est bête à dire, mais c’est surtout une histoire de rencontre. Malgré tout, il est vrai que ce métier peut vite devenir solitaire si l’on n’y prête pas attention !

C’est aussi pour cette raison que je fais partie d’un collectif de scénaristes, SOAP (Sons of a Pitch). Nous nous réunissons deux fois par mois pour discuter de nos projets, nos envies, et pour avoir des retours constructifs et bienveillants sur nos textes. Ce collectif m’est très précieux, car il me permet aussi de me confronter à d’autres professionnels, et donc d’apprendre et de m’améliorer en permanence.

Je dis ça car je serais incapable de bosser chez moi…

Ha ça, je te comprends ! Heureusement, j’ai la solution : un chat et une théière. Avec ça, tu carbures toute la journée.

MARIE ET SES LIVRES

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Il y a quelques jours, la Molangmania a débarqué en librairie ! J’allais dire « quelle ne fut pas ma surprise de découvrir ton nom sur la couverture !», mais j’avoue que tu nous avais averties de la parution de cette série (et en plus j’ai pas vu ton nom sur la couverture). GRRR ! Ca ne m’a pas plu mais je l’ai trouvé en tout petit sur la 4e de couverture quand même…

Gaëlle : Quand je vois tous les projets que tu as en développement pour le cinéma et tous ceux qui bouillonnnent sûrement dans ta tête, je me demande quand tu as eu le temps de te consacrer à ta série de livres jeunesse. Tout cela m’intrigue ! On veut tout savoir. Tout d’abord : comment t’es-tu retrouvée à mettre des mots sur des émoticônes coréens ? Est-ce l’éditeur qui t’a contactée ou les as-tu démarchés ?

J’avais rencontré à plusieurs reprises les éditrices de Flammarion Jeunesse, à qui j’ai proposé moult histoires sans que ces projets n’aboutissent. Mais je crois que ma persévérance a payé, et qu’elles étaient également intéressées par mon profil de scénariste télé. Elles m’ont donc proposé d’écrire toute la série des Molang, et je me suis empressée de leur dire oui !

Gaëlle : Il paraît que Tchoupi est un manchot (source éditeur), peux-tu nous confirmer que Molang est un lapin ?

Il semblerait en effet. D’ailleurs, tout le monde croit que ça s’écrit Mölang, à cause de la couverture, mais non : il s’agit de ses oreilles (de lapin donc) !

Gaëlle : Dans quelle mesure as-tu été libre dans ce projet d’écriture ? Est-ce toi qui a proposé les sujets ou t’a t’on imposé des titres (les saisons, le déguisement etc…)

J’ai été relativement libre. Quand je dis « relativement », c’est qu’il y a toujours des règles à respecter : l’âge des lecteurs tout d’abord, puisqu’il s‘agit de livres à destination de la petite enfance, ce qui influence forcément les thématiques abordées. Mais aussi des problématiques très concrètes, comme le nombre de pages ou la longueur du texte (pour les petits livres en carton). Après, j’ai pu écrire toutes les histoires que je souhaitais !

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Gaëlle : Une chose m’intrigue cependant… Pourquoi 4 petits formats pour les bébés et un grand album ? Une idée à toi ?

Il y aura en réalité 11 petits formats, les 7 prochains devraient sortir dans les mois qui viennent. J’avoue que je n’en sais rien, c’est une excellente question : il faudra que je la pose à mes éditrices !

Gaëlle : Ces histoires ont-elles un rapport quelconque avec la série TV ? As-tu toi même un lien avec cette série en tant que scénariste ?

Je n’ai jamais écrit pour cette série, et je me suis d’ailleurs interdit d’en regarder des épisodes pour ne pas être tentée d’en reproduire les histoires dans les livres, qui sont très différents. A l’inverse, Millimages, la société de production qui a créée et fabrique la série, lit tous mes textes.

Gaëlle : J’imagine que c’est très compliqué d’écrire des histoires toutes simples pour les bébés ? Je crois que Jeanne Ashbé a dit dans un article de Citrouille quelque chose comme « Je ne m’abaisse pas au niveau des tout-petits: je me hisse à leur hauteur». Qu’en penses-tu ? Comment as-tu appréhendé l’écriture pour les tout-petits qui ne représentent pas ton public habituellement ?

Ce n’était pas évident. Thèmes trop compliqués, ou à l’inverse trop décousus, il faut trouver le juste milieu. C’est difficile de révolutionner le genre… Mais je me suis efforcée à faire de mon mieux, et surtout à traiter avec tendresse le coeur du projet : la relation entre Molang et Piu Piu. J’ai beaucoup appris tout au long de l’écriture de ces 12 livres, et j’appréhende mieux, désormais, la narration pour les tout-petits. J’espère que j’aurai l’occasion d’écrire encore pour eux !

Gaëlle : Molang figure en 1e page du catalogue d’achat des droits étrangers de Flammarion, penses-tu faire le tour du monde avec tes lapins?

Mais j’espère bien ! Et je t’enverrai des cartes postales. Merci beaucoup pour cet échange !