NOEL…NOEL…NOEL…NOEL…NOEL…
Ce n’est jamais simple de choisir parmi les merveilles de l’année et de n’en garder que quelques unes.
Ce n’est jamais simple non plus de choisir un cadeau. Nous nous réjouissons de voir que malgré les années le livre reste une valeur sûre au pied du sapin, qu’il soit en plastique ou… en sapin.
Cette année, c’est sûr, si j’avais un enfant dans mon entourage qui a autour de 3ans et demi/4 ans, il n’échapperait pas à mon coup de coeur :
Gros câlin de Nicholas Oldland, ed. Bayard jeunesse.
L’histoire d’un ours plein d’amour et de joie qui distribue des câlins à tout le monde ! Les arbres, les castors (des fois les deux à la fois), c’est indéniablement l’ours le plus sympa au monde. Au début ses acolytes de la forêt semblent un peu étonnés de ce débordement de tendresse mais ils s’y font bien. Mais un jour un bûcheron armé d’une grosse tronçonneuse va s’en prendre à un arbre… Je ne dirais pas comment l’histoire se termine sinon ça gâcherait tout.
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Ce n’est jamais anodin d’offrir un livre….en fait cela peut devenir militant. Moi j’ai déjà eu droit à « Tu arrêtes avec tes cadeaux de maitresse?! » Comme si c’était le cadeau ringard, has-been …. Alors la sœur, la copine, la cousine est fière que sa progéniture ait un cadeau intelligent, « éducatif » mais le jeune, dont les copains ont tous déballé une tablette, une console, voire un écran plat ( je vous jure que ça se passe autour de moi!), risque de marmonner un merci poli…..Et pourtant…..
Soyons fous, coupons la poire en deux : inventons le livre porte-billet, le livre porte-bons cadeau, le livre cache-« participation à ce que le jeune veut pour Noël ». Histoire de transmettre quand même de belles histoires et de belles images sans passer pour la Tata craignosse et sans céder à la fashion pression (Non mais!).
Lors de mes pérégrinations urbaines, j’ai découvert quelques belles histoires, et admiré ici et là de magnifiques illustrations destinés aux jeunes lecteurs autonomes (dès 7 ans).
Le dernier opus d’Antoine Guilloppé Little Man relate l’aventure d’un jeune garçon au centre de New York. Les buildings et autres éléments architecturaux de La Grosse Pomme permettent à Antoine Guilloppé de mettre sa technique d’illustration au centre de cet album et de nous livrer une histoire touchante. Un plaisir toujours présent.
Little Man, Antoine Guilloppé, Gautier Languereau, Octobre 2014, 19, 90€.
Un jardin en hiver de Pauline Kalioujny est une histoire toute simple qui séduit par son jeu de couleurs (noir, blanc, rouge), par l’intrigue ( à qui donc sont ces grosses empreintes noires dans la neige??) et par la simplicité et la chaleur de ce qui ressemblerait à un conte russe. Une belle découverte.
Un jardin en hiver, Pauline Kalioujny, Thierry Magnier, Novembre 2014, 11, 90€.
Abris d’Emmanuelle Houdart nous offre des illustrations magnifiques et les différentes significations de l' »ABRI » suivant son âge, son origine. Chaque définition est très juste et parlera sans aucun doute aux grands comme aux petits. Une belle émotion.
Abris, Emmanuelle Houdart, Les fourmis rouges, Octobre 2014, 18€.
Yéti de Christine Naumann-Villemin et Marianne Barcilon. Voici un album de saison qui présente un personnage sympathique, attachant qui part à la recherche de la belle qui a perdu sa botte..ça ne vous rappelle rien? Le dénouement est surprenant…..
Yéti, Christine Naumann-Villemin et Marianne Barcilon, Kaléidoscope, Novembre 2014, 12, 80€.
Pour toi de Christos et Sandrine Gambart. Un petit livre de rien du tout avec de belles illustrations et surtout surtout beaucoup, beaucoup de tendresse pour ce monstre poilu, griffu, qui sait aussi se rendre doux et câlin pour ceux qu’il aime. On en redemande!
Pour toi, Christos et Sandrine Gambert, Points de suspension, Novembre 2014, 8€.
Je me demande de Jostein Gaarder et Akin Duzakin. Des questions sur la vie, l’amour, l’amitié, mais juste des questions…..pas de réponses d’adulte. Des illustrations magnifiques dans les tons sépia, gris, bleu….Histoire de prendre le temps….
Je me demande, Jostein Gaarder et Akin Duzakin, La joie de lire, Novembre 2014, 10€.
Histoire à la petite semaine de Rachel Corenblit et Cécile Bonbon. Un petit livre de rien du tout…perdu dans les livres de la collection Mouche….une belle histoire de transmission, des personnages frais, un texte écrit simplement sans vocable sensé capter l’intérêt du jeune lecteur (je pense à POURRI, PET, CROTTE….*). J’aime l’idée d’avoir entre les mains un carnet ligné que l’on lirait chaque jour, des illustrations colorées qui rappellent des tampons, des croquis, des collages….J’ai hâte de recevoir les autres titres de cette série ……
Histoire à la petite semaine, Rachel Corenblit et Cécile Bonbon, Editions du Rouergue, Aout 2014, 8€.
*même si je suis une fan de la taupe, Gaëlle !!
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Quelques livres pour les tout-petits…
ça va pas la tête, Elisa Gehin, Bernard Duisit, Hélium, 2014, 12,50 €
Ça va pas la tête ? : livre à tirettes et rabats où les personnages passent du sourire à la grimace pour le bonheur des plus petits. On retrouve ici la technique des tampons chère à Elisa Géhin et les couleurs acidulées qui font sa marque de fabrique. Livre pour rire, manipuler, jouer. A partir de 3 ans.
Le petit curieux, Edouard Manceau, Milan jeunesse, 2014, 16,50 €
Quoi de mieux que le créateur en personne pour évoquer son dernier livre?! Voilà Le petit curieux présenté par Edouard Manceau…C’est une fenêtre découpée dans le livre qui invite le tout-petit à regarder le monde qui l’entoure…D’une simplicité et d’une ingéniosité remarquables!
L’abécédaire, Xavier Deneux, Milan jeunesse, coll. « Les imagiers gigognes », 2014, 25 €
Nouvel opus de la collection « Imagiers gigognes » aux éditions Milan signée Xavier Deneux. Cette fois, il réinvente le genre de l’abécédaire. Chaque lettre est mise en scène: page de gauche la lettre en relief, page de droite la forme correspondante en creux. Le contour en volume se détache de la page et invite l’enfant à toucher chaque caractère pour mieux les mémoriser. En vis-à-vis, un mot illustré en creux vient faire écho à chaque lettre pour lui donner vie et sens. Un véritable outil ludique, presque magique, à la fabrication soignée et solide, qu’un enfant pourra découvrir sans risquer de le casser.
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Quelques romans…
Puisque tout le monde en parle, faisons de même !
Le livre de Perle, Timothée de Fombelle, ed. Gallimard jeunesse, 17 €.
Le nouveau Timothée de Fombelle est une fois encore savoureux, savant mélange de conte, de roman historique de roman à l’eau de rose ; il est quasi impossible à raconter ! C’est le livre de Perle avec une majuscule parce qu’il s’agit que quelqu’un, Joshua Perle. Dedans il y est question de personnages venus d’une époque différente, de collections d’objets, de boutique de guimauves, de valises qui s’entassent, de marais, de guerre, d’amour… Je ne vous en dit pas plus mais sachez que c’est un livre exigeant qui requiert une attention soutenue… Pour bons lecteurs donc, plutôt autour de la 4e. Mais c’est une merveille qui embaume la guimauve et la lagune de Venise (ok, elle sent pas très bon.) Vous pouvez lire par ici ce que le génial Michel Abescat en a dit car il en parle mieux que moi. Et une interview très chouette de l’auteur par là. Au passage le roman a quand même gagné la Pépite du livre pour ado…
Coups de coeur de mes collègues à la librairie mais que je n’ai pas eu le temps de lire, je cite :
Humains de Matt Haig publié chez Helium (15,90 €)
et La guerre des singes de Richard Kurti chez Thierry Magnier (18,80 €).
Tous deux pour bons lecteurs aussi.
Pour ma part je réitère quelques fameux livres de cette année que j’ai particulièrement aimés :
Eleanor et Park dont la critique déjà publiée sur ce blog est là, roman subtil sur l’amour et le malaise adolescent qui m’a vraiment transportée.
Également le très bon roman d’Anne-Laure Bondoux, Tant que nous sommes vivants, dont on lira la critique ici.
Pour ceux qui aiment les romans qui remuent les tripes, Philippe Arnaud frappe fort avec son roman publié chez Sarbacane, Indomptables.
Ne vous fiez pas à cette couverture sur laquelle deux enfants semblent s’amuser follement ! Plus jeunes, certes ils s’amusaient sur la plage mais avec le temps vint la détresse et l’exil. C’est l’histoire bouleversante de deux enfants africains qui se nourrissent l’un de l’autre, passent des heures à discuter dans un confortable manguier. Il y a Jean-Jules et Mohamadou. Il y a aussi Olivia qui vit en France et qui est en souffrance. 3 enfants, 3 ados qui grandissent à une même époque mais dans des conditions bien différentes. Enfants, la vie des 2 garçons est plutôt légère mais avec les années le père de Mohamadou se radicalise. Plus question de s’amuser ou même d’écouter la radio. Mohamadou trouve refuge ailleurs, puis lorsque ce n’est plus possible, l’exil lui tend les bras. Jean-Jules et son ami ne se quitteront plus. C’est un roman bouleversant qui m’a subjugué par tous ces aspects tantôt doux, tantôt amer, tantôt joyeux ou désespéré. On n’oubliera pas de sitôt ces 2 héros.
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Quelques documentaires…
Bestiaire des grands et des petits de Julie Colombet propose de grandes illustrations colorées et une entrée originale dans le documentaire. Il s’agit d’une suite de vérités scientifiques liées à la taille des animaux très cocace. Un moment agréable.
Bestiaire des grands et des petits, Julie Colombet, Acte Sud Junior, Novembre 2014, 16 €
Le pain perdu du Petit Poucet et autres recettes de contes de fées, Seymourina Cruse, Marie Caudry, Thierry Magnier, 2014, 21,20 €
Ici, il ne s’agit pas des contes traditionnels réécrits mais plutôt d’une mise en scène humoristique et gourmande à la façon de Seymourina Cruse. Pour chacun des 14 contes revisités, ce sont 2 à 4 recettes originales et faciles à réaliser, tantôt sucrées, tantôt salées mais toujours avec une saveur de l’enfance qui nous sont proposées. Par exemple, au menu de Boucle d’or et les trois ours:
– la soupe au pistou de Papa ours
– le crumble aux mûres de Maman ours
– la gâteau au yaourt et miel de bébé ours
Chaque conte est illustré par une grande double-page signée Marie Caudry où les détails savoureux bouillonnent.
Dans le même esprit culinaire,
Envies d’enfance, 55 recettes illustrées par Junko Nakamura, Stéphanie Rigogne-Lafranque, Rouergue, 2013, 18 €
On grandit, on accumule les expériences, les goûts, on stratifie nos souvenirs. Et puis, un jour, on s’aperçoit qu’il y a des choses que l’on a oublié de faire depuis longtemps, des choses essentielles et futiles: regarder l’âge que l’on a au fond des verres comme on le faisait à la cantine, sourire de toutes ses dents au dos des cuillères, creuser la mie du pain jusqu’à ce qu’il n’en reste que la croûte, faire un volcan avec sa purée, manger sa glace en commençant par la pointe du cornet, lécher le beurre des tartines, éplucher les clémentines en une seule fois pour que la peau ne se déchire pas, goûter les confitures avec les doigts ou encore manger le chocolat en poudre à la cuillère… Certaines saveurs, certains gestes nous ramènent irrémédiablement à l’enfance, c’est en cultivant cette insouciance, cette douceur que l’on retrouvera le temps du réconfort.
Dans ce répertoire de recettes promptes à raviver les plus chers de nos souvenirs d’enfance, se sont glissées 7 histoires imaginées par Stéphanie Rigogne-Lafranque. Voici le titre évocateur de quelques-unes de ces précieuses bulles d’enfance:
– comment se pelotonner sous la couette sans en perdre une miette
– comment quelques plats peuvent sécher des larmes
– comment de l’ennui naît la magie
– comment la nostalgie a du bon
Les illustrations délicates de Junko Nakamura, par empreintes de papiers découpés, apportent une douceur supplémentaire à ces tendres morceaux de cuisine… A expérimenter en famille!