Le livre dans le livre dans …

Oui, avouons-le, faiblesse des amoureux du livre, nous apprécions quand les livres parlent des livres… Cette mise en abyme est un procédé qui plaît aux prescripteurs, adultes, peut-être plus qu’aux enfants… Le côté injonctif, auquel il est parfois difficile d’échapper, est dommageable car il peut avoir un effet contre-productif. Non, ce n’est pas en assénant aux enfants « Il faut lire ! » que nous serons les plus efficaces, par contre faire partager notre passion, transmettre le plaisir de la lecture et laisser le temps aux choses si besoin me semble bien plus efficace.

Voici une sélection loin d’être exhaustive d’albums qui parlent de livres et de lecture, dont certains nous ont servis en accueil de classe.

Ce livre-là, Malika Doray, MeMo ed., 2007.

Ce-livre-la Un album pop-up comme hymne à la diversité des livres et des lecteurs… Parce qu’il existe des livres pour tous les lecteurs, et parce qu’il existe des lecteurs pour tous les livres… Si la technique pop-up est vraiment basique, la forme en accordéon du livre lui confère son originalité… A lire à tout âge.

 

Attends, je veux te raconter une histoire ! , Tom Williams,  Kaléidoscope,  2005.

arton1308Cette histoire en forme de randonnée est accessible pour les plus jeunes. Drôle, elle permet l’interaction, et prouve que les histoires, sont utiles aussi d’une manière bien plus prosaïque que celle de développer l’imagination : tout simplement celle de ne pas être mangé  !

 

Un livre, et plus encore, Jeanne Willis, Tony Ross, Gallimard, 2018.

product_9782075095037_244x0Ca n’échappe pas aux enfants, sur la couverture « le livre dans le livre »… Cet album plein d’humour et d’originalité nous rappelle une petite princesse bien connue… toujours pleine d’idées excentriques.

A lire à tous les âges, et à relire à l’infini…

 

Citons aussi Un livre, ça sert à quoi ? de Chloé  Leguay… et tant d’autres.

Pour terminer, une ode au livre à l’heure du numérique avec C’est un livre, Lane Smith, Gallimard, 2011.

Certes, il a moins de fonctionnalités qu’une tablette… mais …

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Et enfin, je ne peux résister à vous parler de cet album qui retrace l’épopée que représente parfois le moment de l’histoire du soir en famille…

Papa qui lit, Rémi Chaurand, Charles Dutertre, Didier jeunesse, 2016.

Mettre tout le monde d’accord sur le choix de l’histoire s’avère toute une aventure, entre papa qui voudrait lire du Victor Hugo (le poème proposé est un régal…), et toute la fratrie où chacun a ses centres d’intérêt… Pour les plus grands et ceux qui commencent à lire tout seuls.

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Avant de clôturer cette sélection, nous voulions vous proposer deux films d’animation qui eux aussi abordent la thématique de la lecture. D’autant plus que les deux ont aussi été déclinés en livres, et que le second est l’oeuvre de Rebecca Dautremer, que l’on ne présente plus ici.

Et si vous souhaitez entamer une réflexion plus théorique sur la manière dont est traité le thème de la lecture dans la littérature pour la jeunesse, nous vous encourageons à chercher le travail de Gilles Behoteguy. Il a aussi travaillé sur la manière d’aborder le multimédia dans les romans pour adolescents, qui est souvent opposé à l’activité lecture.

Bonnes lectures à tous !

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Vendeuse de faux livres

Croyez-le ou non, il y a encore des gens pour qui la BD n’est pas un livre.

Ah les joies de la BD ! Pour tous les âges, pour tous les goûts, elle reste le cadeau de référence des anniversaires des copains, des Noël des enfants, des fêtes des pères et des mères… Elle assure à tous les coups. Sa variété lui permet de faire plaisir à tout le monde.
Pour une fois je ne vais pas faire que vous raconter ma vie de libraire de province mais aussi étayer mon blabla de quelques chiffres pas sortis d’un chapeau.
Parmi la production de livres pour enfants, assurément les bandes dessinées sont bien représentées ! http://www.acbd.fr/wp-content/uploads/2016/01/Rapport-Ratier-ACBD-2015.pdf.
En 2015 autour de 340 BD pour enfants sont parues contre 38 en 2001 (oui ! Vous avez bien lu.) Et ce, dès le plus jeunes âge puisque l’on trouve des collections dès 3 ans, sans texte aucun et celles-ci remportent un vif succès !
Le plus célèbre héros est Petit Poilu. Presque aussi hirsute que sa gigotante confrère, Ana Ana. La jeune sœur du non moins célèbre Pico Bogue ravit les plus jeunes et selon moi fait un excellent support en 1e lecture aussi et on s’en fiche si, sur le présentoir, c’est écrit pour les 3-6 ans. D’ailleurs j’ai collé un autocollant sur cette indication parce qu’il me semble qu’à 6 ans quand on découvre le plaisir de lire seul, c’est vraiment une des séries les plus adaptées. Et si je laisse l’info visible je prends alors le risque qu’on me fasse remarquer que c’est « pour les bébés »…
Le genre est profondément ancré dans les habitudes de lecture des plus jeunes. C’est ce que l’on découvre dans Les jeunes et la lecture en France, étude de juin 2016 sur 1500 jeunes de 7 à 19 ans.  On y apprend aussi que la BD est le genre le plus populaire pour 65% des lecteurs de primaire et pour 63% des collégiens avant d’être supplanté par les romans auprès des lycéens. Ainsi les héros les plus populaires auprès des jeunes sont Harry Potter mais aussi Titeuf, Tintin, Astérix ou encore Max et Lili…  Et cerise sur le gâteau :

EURÊKA !

Seuls 4% des enfants ont déclaré détester lire…

Soulagement ! Enfin pour combien de temps encore ? La tablette et le smartphone finiront-ils par faire disparaitre ces merveilles ? Il y a peu j’ai lu un article dans le magazine Causette qui m’a fait frémir. Le sujet en était les jeunes enfants et leur addiction aux écrans. Une mère racontait que son gosse de 3 ans lui avait fracassé 10 téléphones car le soir il s’endort avec une appli de berceuses et que si le wifi a le malheur de couper le gamin pique des crises en fracassant le téléphone au sol.
Aussi, pour les habitués aux livres que nous sommes, la question peut sembler idiote et saugrenue de savoir si oui ou non une BD peut bien être considérée comme un livre. Mais dans la réalité, ce n’est pas aussi clair pour tout le monde car à la librairie, combien de fois nos oreilles se sont-elles froissées en entendant : « Vous ne vendez pas de vrais livres ? ».  Pas un mois sans entendre la terrible sentence. Pour « les gens » un livre est un roman, point barre. Pauvres livres de cuisine, de jardinage, de photographie… Je ne vous parle pas des mangas qui souffrent encore plus du dédain de certains.
Car nous sommes tous bien d’accord qu’un livre est un « assemblage de feuilles imprimées et réunies en un volume, broché ou relié » ; c’est Mr Larousse qui le dit. Il n’y a donc même pas besoin qu’il y ait de texte. Seuls les plus contrariants (il en reste !) iront donc penser ou dire que la BD n’est pas un livre. Reste à les convaincre, mais je m’en charge ! Et y a du boulot quand on entend :
« Ah vous vendez des BD, je préfèrerais vous acheter autre chose. Ah ! Mais tiens ! Là il y a des livres pour les enfants. » (véridique et entendu au moment où je rédige cet article manquant de m’étrangler…) Cette irritante remarque tombe pile-poil !
Effectivement, dans notre librairie, nous avons fait le choix d’implanter un rayon de livres pour enfants (hors BD, donc.) Ce n’est qu’un petit bout de rayon qui selon moi était devenu indispensable. Jusqu’alors nous n’avions rien à proposer aux enfants de moins de 6 ans à l’exception de 2 ou 3 séries de BD sans texte dont nous avions très vite fait le tour. Quand j’ai senti que j’allais frôler l’overdose de Petit Poilu je me suis dit qu’il fallait agir.
A part ça, je l’aime bien et je n’ai rien contre lui.
J’avais aussi la sensation de laisser tout un pan de notre jeune clientèle sur le carreau. Voir les petits frères et sœurs dans les poussettes repartir bredouille, c’était trop triste.
Mon petit cœur sensible ne pouvait pas supporter.
En tant que prescriptrice (ouh le vilain adjectif au féminin !) mon rôle est de proposer des liens que l’on ne voit pas forcément mais qui me semblent pertinents et de ne pas céder aux sirènes de la nouveauté. Ainsi, si vous pouvez glaner quelques albums jeunesse  là où je travaille, l’essentiel des albums que nous avons mis en valeur concerne des ouvrages de fonds, des classiques pour la jeunesse et quelques nouveautés qui ont attiré notre œil curieux d’illustrations novatrices. J’ai choisi de proposer des livres pour tous les âges et d’offrir du choix à tous les enfants qui rentreraient dans la librairie, même s’ils se déplacent encore en poussette ou accroché aux parents par un bout de tissu savamment noué.
... > Photos > Isère > Passerelles du Drac > Passerelle de l'ebron
Oh la jolie passerelle ! Ce mot me tient à cœur.
Au final ces « vrais » livres au milieu de ces « ersatz » de littérature remplis de cases et de bulles sont un vrai plus pour les clients et pour nous.  Ils sont une véritable PASSERELLE vers des lectures différentes dès le plus jeune âge.
Ainsi, chaque jour je tente de décloisonner, d’ouvrir des horizons, de tisser des liens le plus possible pour que chacun trouve son bonheur dans les livres.
Il y a du boulot, mais j’en fais mon affaire personnelle !
 
 

Les livres

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« Les livres » – 1ère de couverture

Un format à l’italienne, des couleurs sobres et chaudes, des dessins géométriques et linéaires, un point de vue en plongée pour accrocher, balader et faire voyager le jeune lecteur de ce bel album : « Les livres ».

Vladimir, un petit chat noir aux grands yeux ronds et jaunes, rentre dans une bibliothèque avec sa maman, bien décidée à lui faire découvrir les livres. C’est une première pour Vladimir et le voilà vite déçu quand il se rend compte que les livres ce n’est rien d’autre qu’un objet. C’est figé. Pire encore, un livre, ça ne roule pas, ça ne vole pas, ça n’inter-réagit pas. Quel intérêt alors par rapport à ses jouets, ses jeux de construction, la tablette numérique de papa ? Et pourquoi maman lui a-t-elle dit que les livres étaient « magiques » ?

Pour toutes ces bonnes raisons que Vladimir vivra et comprendra au cours de cette découverte à la bibliothèque, comme la magie du texte, l’effet de la poésie et l’incroyable pouvoir des histoires.

« Les livres » est un album optimiste, gai, qui plonge tout lecteur dans un monde enfantin mais pas seulement. Il nous rappelle à quel point le Livre, « vulgaire » morceau de carton et de papier, peut autant nous séduire et nous combler. Il nous rappelle que nos lectures d’enfants, sont celles aussi conseillées et accompagnées de nos parents. Il nous rappelle que la lecture est un partage, une distraction et une Grande ouverture sur le monde. Il nous rappelle les bienfaits (souvent délaissés) de l’imagination.

A mettre vivement dans toutes les petites mains qui douteraient encore d’une probable aventure-lecture.

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« Les livres« , de CHRISTOS & Lili CHEMIN, Motus, 2016. 13 €