Au royaume des ombres

Pour ce 3ème rendez-vous de l’année avec les 6-11 ans du centre de loisirs pour « Je lis, tu dessines », nous nous retrouvons au royaume des ombres. Le principe reste le même, sélectionner des livres pour la jeunesse mettant en scène le thème de diverses façons: jeux autour de pages découpées, ombres projetées, photographies d’ombres réelles mais aussi d’ombres projetées, ombres dessinées notamment.

La grenouille qui grimace, Ghislaine Herbéra, MeMo, 2017

Le petit chaperon rouge, Clémentine Sourdais, Hélium, 2012 – à lire équipé d’une lampe torche

Pleine lune, Antoine Guilloppé, Gautier-Languereau, 2010

La ronde des contes, Mélusine Thiry, Hongfei, 2011

Devinettes « Qui se cache dans l’ombre de la forêt sombre ? Des personnages peuplant les contes merveilleux traditionnels tels que le Vilain Petit canard, les Trois petits cochons, Poucette, le Chat botté, Boucle d’or…

Tout s’éclaire, Alice Zavaro, Voce verso, 2016 – la lampe d’un téléphone portable suffit 😉

Une ombre, Chae Seung-Yeon, L’élan vert, 2019

Quelle est ton ombre ? Cécile Gabriel, Mila éditions, 2008

La croccinelle, Michaël Escoffier, Matthieu Maudet, Frimousse, 2013 – album ici adapté sous forme d’un théâtre d’ombres. On a glané l’excellente idée chez Maryon Bricole qui détaille son projet .

Côté activité(s), de nombreuses pistes à exploiter:

  • Dessiner le contour d’objets au soleil
  • Découper des pages à la façon d’Antoine Guilloppé
  • Inventer ou reproduire des histoires en ombres chinoises en s’appuyant sur La magie des ombres chinoises, Fleurus, 2016
  • Fabriquer son propre théâtre d’ombres en carton

Autres idées de lecture sur le même thème:

Les papillons de Risha, Amarnath Hosany, Hongfei, 2018

George et son ombre, Davide Cali, Serge Bloch, Sarbacane, 2017

Avec le soleil, Susumu Shingu, Gallimard Jeunesse, 2018

L’histoire de Julie qui avait une ombre de garçon, Christian Bruel, Thierry Magnier, 2014

L’ombre d’Igor, Juliette Binet, Autrement, 2009

Ombres, Marta Monteiro, La joie de lire, 2018

Ombres, Suzy Lee, Kaleidoscope, 2010

Retrouvez ici la sélection réalisée par les bibliothécaires des services jeunesse de la Cité du Livre mettant en lumière des ouvrages documentaires traitant de l’image (trompe-l’œil, images en 3D, illusions d’optique….)

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Rencontre avec Eléonore Thuillier

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Eléonore Thuillier est une jeune illustratrice française qui monte, qui monte… Impossible d’entrer dans une librairie jeunesse sans tomber sur l’un de ses jolis dessins !

L’Ouvre-livres l’a rencontrée, et voilà ce qu’elle nous a raconté.

 …

Vous êtes illustratrice depuis 5 ans et avez publié plus d’une vingtaine de livres. Comment tout a commencé ? Que pensez-vous de ce chemin parcouru ?

En 2007, j’ai ouvert un blog sur lequel j’ai posté des dessins. Ce blog à été vu par un auteur : Michaël Escoffier. Il m’a proposé des textes et il y en a un en particulier qui m’a beaucoup plu. C’était le texte du Gentil P’tit lapin. J’ai commencé à en réaliser les illustrations puis nous l’avons soumis à Isabel Finkenstaedt des Éditions Kaléidoscope. Elle a beaucoup aimé et l’a publié. J’ai eu beaucoup de chance de commencer avec un auteur comme Michaël et une maison comme Kaléidoscope. Ça reste un de mes albums préférés, un très bon souvenir. Tout commençait. 

 …

Vous avez reçu deux prix : le prix Enfantaisie du « Meilleur album 2013 » au salon du livre et de la presse de Genève pour Jour de piscine et le prix « Petite enfance » du salon du livre de Gaillac 2012 pour Une histoire toute bête. Qu’ont-ils changé dans votre carrière ? Que représentent-ils pour vous ?

Ils n’ont pas changé fondamentalement ma carrière. Mais ça fait très plaisir d’avoir la reconnaissance des enfants, ça donne confiance. Car pour les 3 prix que j’ai eu le plaisir de recevoir, (j’ai obtenu aussi avec Orianne, le prix « coup de pouce » pour Le Loup qui cherchait une amoureuse en 2012), ce sont les enfants qui ont voté. C’est une belle récompense.

Le Loup qui voyageait dans le temps, écrit par Orianne Lallemand et illustré par Eleonore Thuillier. Editions Auzou, 2014.

Le Loup qui voyageait dans le temps, écrit par Orianne Lallemand et illustré par Eleonore Thuillier. Editions Auzou, 2014.

La série sur votre personnage Le Loup qui…, écrite par Orianne Lallemand, plaît beaucoup aux enfants : elle est en tête de gondole dans les librairies. Comment expliquez-vous ce succès ?

Je pense que le personnage est attachant. Il n’est pas parfait et moralisateur, il est plutôt maladroit, rigolo et râleur ce qui fait que les enfants l’aiment bien. Là encore j’ai vraiment beaucoup de chance.

Ce Loup se décline désormais en peluches ou en jouets. Avez-vous le sentiment que ce personnage  auquel vous avez donné corps, vous échappe désormais ?

Non, je n’ai pas ce sentiment là. Au contraire, quelle fierté pour moi de savoir que plein d’enfants ont adopté mon Loup comme doudou et qu’il fait partie de leur quotidien. Ensuite, Orianne et moi gardons un œil sur tout ce qui se fait. Il s’agit de ne pas faire n’importe quoi sous prétexte que le personnage plait. 

 …

Allez-vous parfois à la rencontre de vos lecteurs ? Si oui, que vous apportent-ils ?

J’y vais autant que je peux. C’est très important et enrichissant pour moi. Les enfants sont très contents de me voir et moi je suis ravie de rencontrer mes petits lecteurs. Il y a un joli échange. Les parents aussi sont adorables. Ça m’apporte énormément. 

 Vos illustrations sont bourrées de détails rigolos qui ne sont pas dans le texte ; par exemple, dans Le Loup qui voyageait dans le temps, on remarque un paillasson à l’entrée de la grotte des hommes préhistoriques, des lunettes 3D à un bal costumé à Versailles, ou encore une sonnette devant la caverne d’un énorme dragon. De quelle liberté l’illustrateur dispose-t-il face au texte ?

Je dispose de toutes les libertés. C’est ce qui est vraiment intéressant. J’adore distiller des références humoristiques dans les illustrations et ajouter une double lecture au texte. Et puis j’aime bien quand il se passe quelque chose en arrière plan qu’on ne remarque pas forcément à la première lecture. 

Le gentil p'tit lapin, écrit par Michaël Escoffier et illustré par Eléonore Thuillier. édition Kaléidoscope, 2009.

Le gentil p’tit lapin, écrit par Michaël Escoffier et illustré par Eléonore Thuillier. édition Kaléidoscope, 2009.

Vous travaillez avec plusieurs auteurs : Michaël Escoffier, Orianne Lallemand ou Jean Leroy pour n’en citer que trois. Comment s’établissent vos collaborations ? 

Les collaborations se font surtout par mail sauf pour Orianne avec qui j’ai le plaisir de travailler régulièrement. Il y a un réel échange. C’est passionnant et très enrichissant.

Vos illustrations permettent une seconde lecture de l’histoire, visuelle et ludique, avec des propositions fortes. Par exemple, dans Jour de piscine, vous n’hésitez pas à changer le sens de lecture, en faisant basculer le livre à la verticale pour en utiliser toute la longueur. Comment vous emparez-vous de l’objet livre ?

En fait, je me sers du livre comme support. J’essaie de ne pas avoir trop de contraintes et de casser un peu la « monotonie »… Ça rend la lecture plus « vivante » et j’ai remarqué que les enfants aimaient bien.

 …

Votre palette est très vaste : vous passez des dessins poétiques à d’autres plus comiques, vous utilisez des collages, des pochoirs, des crayons, de la peinture… Et pourtant, on reconnait tout de suite votre trait. Comment le définiriez-vous ?

Je ne sais pas vraiment. Je suis plus à l’aise lorsque je traite un texte humoristique, c’est certain. C’est le style qui me va le mieux pour le moment.

Est-ce que vous adaptez votre style à celui des auteurs ou est-ce l’envie de toucher à tout qui vous incite à utiliser différentes techniques ? 

J’adapte mon style au texte pas à l’auteur, à ce que j’imagine dès la première lecture. Je me laisse guider. J’essaie, je me trompe, je recommence… J’ai de plus en plus envie d’essayer de nouvelles choses.

Jour de piscine, écrit par Christine Naumann-Villemin et illustré par Eléonore Thuillier. Editions Kaléidoscope, 2012.

Jour de piscine, écrit par Christine Naumann-Villemin et illustré par Eléonore Thuillier. Editions Kaléidoscope, 2012.

Vous habitez en Tunisie et travaillez pour des éditeurs français. Comment organisez-vous votre journée de travail ?

Assez classiquement. Je travaille de 9h à 16h environ. Grâce à internet je suis tout le temps en contact avec mes éditeurs et auteurs. C’est comme si j’habitais en France, il n’y a pas de différence. 

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Je me demande à quoi ressemble votre bureau…  Est-ce un coin de votre maison ou une pièce dédiée ? À quoi ressemble-t-il ? Croule-t-il sous vos croquis ou est-il impeccablement rangé ?

Je rêve d’avoir un atelier mais pour le moment mon bureau est dans un coin et croule sous le bazar…

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Parlons références. Avez-vous des livres cultes ? Des illustrateurs vous ont-ils inspirée ? Quelles sont vos dernières découvertes, vos derniers coups de cœur ?

J’ai un livre culte, celui qui m’a donné envie de faire ce métier. C’est Ma maison de Delphine Durand. Sinon il y a beaucoup d’illustrateurs dont j’admire le travail. Mes derniers coups de cœurs sont nombreux, j’adore l’humour de Vincent Malone (auteur de la série des Kiki par exemple ou encore du génial Quand papa était petit, y’avait des dinosaures. Et j’admire des illustrateurs comme Carter Goodrich et Peter de Sève. 

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Quels sont vos projets actuels ? Quelles sont vos envies pour la suite de votre carrière ? Souhaiteriez-vous écrire et illustrer vos propres histoires ?

Mon envie c’est de continuer sur ma lancée. J’ai une nouvelle série intitulée Rosie et Rosette (éditions De la Martinière) dont je suis à la fois l’auteure et l’illustratrice. Je continue la série du Loup qui… chez Auzou avec Orianne. Et puis d’autres albums sont en préparation. Bref, je ne m’ennuie pas. 

Rosie et Rosette, écrit et illustré par Eléonore Thuillier. Editions La Martinière, 2014.

Rosie et Rosette, écrit et illustré par Eléonore Thuillier. Editions La Martinière, 2014.

Merci Eléonore pour cet échange ! Nous vous souhaitons une très bonne continuation et à très vite sur L’Ouvre-livres ! 🙂