Récemment, j’ai assisté aux funérailles de Grégory, 18 ans, assassiné par un inconnu alors qu’il rentrait de la fac.
Violence gratuite. A deux pas de la maison de mon enfance. Fils de ma copine de lycée, de hand. Frère de mon élève de maternelle. Cela aurait pu être mon fils.
Nous sommes effarés quand cela se passe à la télé, mais quand cela nous touche de près, les mots viennent à manquer.
Que répondre aux jeunes enfants face à cet acte fou? Je ne sais pas, je me tourne vers la littérature qui viendra une fois de plus à mon secours.
» La violence fait partie de ce monde, elle est donc incontournable. Il faut permettre aux enfants de la comprendre afin de pouvoir résister à cette violence. Ainsi, ils pourront refuser de faire violence aux autres même s’ils ont été eux-mêmes des victimes et défendre leurs valeurs en communiquant avec les autres* »
Ne soyons pas frileux même si la mort, la violence sont des sujets délicats.
Pour les plus jeunes :
Au revoir Blaireau, Susan Varley, Gallimard Jeunesse, 2010.
Un classique.
Les amis de Blaireau sont inquiets car leur vieil ami n’est pas sorti de chez lui pour leur dire bonjour comme il le fait chaque jour…
A partir de 6 ans:
Méchante, Nadja, EDL, 1998.Une belle réflexion sur la violence à partager avec les jeunes lecteurs. Paula voit sa poupée préférée cassée par un groupe de garçons. Une fée la répare pendant la nuit, mais la poupée devient méchante et conseille à Paula de vilaines bêtises…..
Moi et Rien, Kitty Crowther,EDL, 2000.
Un bel album qui a comme personnage à part entière l’absence de l’être disparu. C’est un fantôme amical, une présence bienveillante, le souvenir d’une maman disparue. Il s’appelle Rien et tient compagnie à la jeune Lila qui fait lentement son deuil. Une belle émotion.
Lucie est partie, Sébastian Loth, Mijade, 2012.
Zelda et Lucie sont les meilleures amies du monde. Un jour, Lucie disparaît sans dire quand elles reviendra. Zelda est en colère. Puis, elle part à la recherche de son amie, la vieille tortue. Elle parcourt le monde et les étoiles mais ne la trouve nulle part….Puis elle comprend…. Un bel album poétique pour parler de la mort, des émotions ressenties aux plus jeunes.
A partir de 8/9 ans:
L’ogresse en pleurs, Valérie Dayre, Wolf Erlbruch, Milan, 1996.
Une ogresse a faim. Très faim. Elle se met à la recherche d’un enfant à manger. Mais pas n’importe lequel, elle a ses petites exigences…. Un conte qui permet un réel dialogue sur la mort, l’identité d’une personne….
Le sourire du roi, Rascal, Neil Desmet EDL, 2006.
Un vieux roi fait les mille pas sur le chemin de ronde, il ne dort pas. Il interroge la nuit, les étoiles. Sa fille n’est plus là à ses côtés. Il ne reste plus que les souvenirs, le roi se souvient de tout. Encore une belle histoire qui démontre que le sourire et la vie renaissent de la mort contre toute attente.
A partir de 11 ans:
H.B., Thierry Lenain, Sophie Dutertre, Sarbacane 2003.
Cet ouvrage raconte l’horreur qu’ont connue les enfants et leur maitresse de Neuilly en 1993, lorsqu’un homme s’introduit dans leur classe de maternelle, les prend en otages, et menace de tout faire sauter. Malheureusement d’actualité suite à l’Etat d’urgence, ce récit pose de multiples questions sur la violence de l’Homme.
A partir de 13 ans:
Cité Nique-le-ciel Guillaume Guéraud, Rouergue, 1998
Rachid a 13 ans, il vit à la cité Arc-en-Ciel. Son frère meurt d’une overdose, la violence est partout. Mais Rachid refuse la fatalité, la facilité de la délinquance et rêve de devenir pilote de ligne…..pas simple. Les thèmes de la violence, la délinquance sont abordés dans cet ouvrage, avec les mots de Guillaume Guéraud, auteur fétiche de notre Elsa.
Mais je veux finir cet article sur une note optimiste, voici donc mon coup de cœur pour un très bel album qui évoque l’amour entre une mère et son enfant.
Mon amour, Astrid Desbordes, Pauline Martin, Albin Michel Jeunesse, 2015.
C’est le moment de se coucher, Archibald demande à sa maman:
– Dis, maman, est-ce que tu m’aimeras toute la vie ?
Maman va révéler son secret…..son amour inconditionnel pour son Archibald. Chaque moment partagé est une raison pour s’aimer. Adorable déclaration d’amour, j’ai a-do-ré!
Cette maman, ce serait Christine, la maman de Grégory.
*http://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-00782582/document