Cot, Cot, Codec !

7ème jour. Qui a dit que libraire c’est tranquillou ?? Car le jour des livraisons, c’est plutôt branle-bas de combat, tout le monde sur le pont, moussaillons on s’active ! Il faut réceptionner, pointer, vérifier, trier, ranger et valoriser. (Et parfois, la nuit je rêve de jongler avec des cartons… 😉 Pour dire.)

Les colis arrivent, les livres sont répartis selon les rayons, un court moment entassés. Ensuite, il faut les rendre « unique » et vendables. Ils deviennent Ce Livre que le client vient spécialement acheter.

Côté lectures, à l’approche de ce week-end pascal, on refait une petite « toilette » aux albums mis en avant pour l’occasion.

Les sempiternels « Petit ours brun » et « P’tit loup » sont bien présents, et surtout se vendent bien. Petits albums carrés, faciles à lire et pratiques à cacher, ils remplaceront nombre de lapins, d’oeufs et de poules en chocolat. Pas d’inquiétude, le petit panier pour ramasser le tout sera bien là.

Ouf ! Adrien le lapin, fidèle au poste, est l’heureux représentant de ses copains « Les drôles de petites bêtes » d’Antoon Krings. Ça non plus, ça ne vieillit pas. Pour célébrer cette fête religieuse, certains apprécieront « Le récit de Pâques » des éditions Usborne, alors que d’autres préféreront une version plus délirante comme celle d’Alex Sanders, avec « Les oeufs de Pâques des rois et reines » dans la collection Giboulées de Gallimard. Bref, là encore, il y en a pour tous les goûts… chocolatés.

Attention, plus que deux jours, pour vous décider !!

« Cot, cot, codec, c’est le rock and roll des gallinacés… »

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Rencontre avec Eléonore Thuillier

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Eléonore Thuillier est une jeune illustratrice française qui monte, qui monte… Impossible d’entrer dans une librairie jeunesse sans tomber sur l’un de ses jolis dessins !

L’Ouvre-livres l’a rencontrée, et voilà ce qu’elle nous a raconté.

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Vous êtes illustratrice depuis 5 ans et avez publié plus d’une vingtaine de livres. Comment tout a commencé ? Que pensez-vous de ce chemin parcouru ?

En 2007, j’ai ouvert un blog sur lequel j’ai posté des dessins. Ce blog à été vu par un auteur : Michaël Escoffier. Il m’a proposé des textes et il y en a un en particulier qui m’a beaucoup plu. C’était le texte du Gentil P’tit lapin. J’ai commencé à en réaliser les illustrations puis nous l’avons soumis à Isabel Finkenstaedt des Éditions Kaléidoscope. Elle a beaucoup aimé et l’a publié. J’ai eu beaucoup de chance de commencer avec un auteur comme Michaël et une maison comme Kaléidoscope. Ça reste un de mes albums préférés, un très bon souvenir. Tout commençait. 

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Vous avez reçu deux prix : le prix Enfantaisie du « Meilleur album 2013 » au salon du livre et de la presse de Genève pour Jour de piscine et le prix « Petite enfance » du salon du livre de Gaillac 2012 pour Une histoire toute bête. Qu’ont-ils changé dans votre carrière ? Que représentent-ils pour vous ?

Ils n’ont pas changé fondamentalement ma carrière. Mais ça fait très plaisir d’avoir la reconnaissance des enfants, ça donne confiance. Car pour les 3 prix que j’ai eu le plaisir de recevoir, (j’ai obtenu aussi avec Orianne, le prix « coup de pouce » pour Le Loup qui cherchait une amoureuse en 2012), ce sont les enfants qui ont voté. C’est une belle récompense.

Le Loup qui voyageait dans le temps, écrit par Orianne Lallemand et illustré par Eleonore Thuillier. Editions Auzou, 2014.

Le Loup qui voyageait dans le temps, écrit par Orianne Lallemand et illustré par Eleonore Thuillier. Editions Auzou, 2014.

La série sur votre personnage Le Loup qui…, écrite par Orianne Lallemand, plaît beaucoup aux enfants : elle est en tête de gondole dans les librairies. Comment expliquez-vous ce succès ?

Je pense que le personnage est attachant. Il n’est pas parfait et moralisateur, il est plutôt maladroit, rigolo et râleur ce qui fait que les enfants l’aiment bien. Là encore j’ai vraiment beaucoup de chance.

Ce Loup se décline désormais en peluches ou en jouets. Avez-vous le sentiment que ce personnage  auquel vous avez donné corps, vous échappe désormais ?

Non, je n’ai pas ce sentiment là. Au contraire, quelle fierté pour moi de savoir que plein d’enfants ont adopté mon Loup comme doudou et qu’il fait partie de leur quotidien. Ensuite, Orianne et moi gardons un œil sur tout ce qui se fait. Il s’agit de ne pas faire n’importe quoi sous prétexte que le personnage plait. 

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Allez-vous parfois à la rencontre de vos lecteurs ? Si oui, que vous apportent-ils ?

J’y vais autant que je peux. C’est très important et enrichissant pour moi. Les enfants sont très contents de me voir et moi je suis ravie de rencontrer mes petits lecteurs. Il y a un joli échange. Les parents aussi sont adorables. Ça m’apporte énormément. 

 Vos illustrations sont bourrées de détails rigolos qui ne sont pas dans le texte ; par exemple, dans Le Loup qui voyageait dans le temps, on remarque un paillasson à l’entrée de la grotte des hommes préhistoriques, des lunettes 3D à un bal costumé à Versailles, ou encore une sonnette devant la caverne d’un énorme dragon. De quelle liberté l’illustrateur dispose-t-il face au texte ?

Je dispose de toutes les libertés. C’est ce qui est vraiment intéressant. J’adore distiller des références humoristiques dans les illustrations et ajouter une double lecture au texte. Et puis j’aime bien quand il se passe quelque chose en arrière plan qu’on ne remarque pas forcément à la première lecture. 

Le gentil p'tit lapin, écrit par Michaël Escoffier et illustré par Eléonore Thuillier. édition Kaléidoscope, 2009.

Le gentil p’tit lapin, écrit par Michaël Escoffier et illustré par Eléonore Thuillier. édition Kaléidoscope, 2009.

Vous travaillez avec plusieurs auteurs : Michaël Escoffier, Orianne Lallemand ou Jean Leroy pour n’en citer que trois. Comment s’établissent vos collaborations ? 

Les collaborations se font surtout par mail sauf pour Orianne avec qui j’ai le plaisir de travailler régulièrement. Il y a un réel échange. C’est passionnant et très enrichissant.

Vos illustrations permettent une seconde lecture de l’histoire, visuelle et ludique, avec des propositions fortes. Par exemple, dans Jour de piscine, vous n’hésitez pas à changer le sens de lecture, en faisant basculer le livre à la verticale pour en utiliser toute la longueur. Comment vous emparez-vous de l’objet livre ?

En fait, je me sers du livre comme support. J’essaie de ne pas avoir trop de contraintes et de casser un peu la « monotonie »… Ça rend la lecture plus « vivante » et j’ai remarqué que les enfants aimaient bien.

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Votre palette est très vaste : vous passez des dessins poétiques à d’autres plus comiques, vous utilisez des collages, des pochoirs, des crayons, de la peinture… Et pourtant, on reconnait tout de suite votre trait. Comment le définiriez-vous ?

Je ne sais pas vraiment. Je suis plus à l’aise lorsque je traite un texte humoristique, c’est certain. C’est le style qui me va le mieux pour le moment.

Est-ce que vous adaptez votre style à celui des auteurs ou est-ce l’envie de toucher à tout qui vous incite à utiliser différentes techniques ? 

J’adapte mon style au texte pas à l’auteur, à ce que j’imagine dès la première lecture. Je me laisse guider. J’essaie, je me trompe, je recommence… J’ai de plus en plus envie d’essayer de nouvelles choses.

Jour de piscine, écrit par Christine Naumann-Villemin et illustré par Eléonore Thuillier. Editions Kaléidoscope, 2012.

Jour de piscine, écrit par Christine Naumann-Villemin et illustré par Eléonore Thuillier. Editions Kaléidoscope, 2012.

Vous habitez en Tunisie et travaillez pour des éditeurs français. Comment organisez-vous votre journée de travail ?

Assez classiquement. Je travaille de 9h à 16h environ. Grâce à internet je suis tout le temps en contact avec mes éditeurs et auteurs. C’est comme si j’habitais en France, il n’y a pas de différence. 

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Je me demande à quoi ressemble votre bureau…  Est-ce un coin de votre maison ou une pièce dédiée ? À quoi ressemble-t-il ? Croule-t-il sous vos croquis ou est-il impeccablement rangé ?

Je rêve d’avoir un atelier mais pour le moment mon bureau est dans un coin et croule sous le bazar…

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Parlons références. Avez-vous des livres cultes ? Des illustrateurs vous ont-ils inspirée ? Quelles sont vos dernières découvertes, vos derniers coups de cœur ?

J’ai un livre culte, celui qui m’a donné envie de faire ce métier. C’est Ma maison de Delphine Durand. Sinon il y a beaucoup d’illustrateurs dont j’admire le travail. Mes derniers coups de cœurs sont nombreux, j’adore l’humour de Vincent Malone (auteur de la série des Kiki par exemple ou encore du génial Quand papa était petit, y’avait des dinosaures. Et j’admire des illustrateurs comme Carter Goodrich et Peter de Sève. 

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Quels sont vos projets actuels ? Quelles sont vos envies pour la suite de votre carrière ? Souhaiteriez-vous écrire et illustrer vos propres histoires ?

Mon envie c’est de continuer sur ma lancée. J’ai une nouvelle série intitulée Rosie et Rosette (éditions De la Martinière) dont je suis à la fois l’auteure et l’illustratrice. Je continue la série du Loup qui… chez Auzou avec Orianne. Et puis d’autres albums sont en préparation. Bref, je ne m’ennuie pas. 

Rosie et Rosette, écrit et illustré par Eléonore Thuillier. Editions La Martinière, 2014.

Rosie et Rosette, écrit et illustré par Eléonore Thuillier. Editions La Martinière, 2014.

Merci Eléonore pour cet échange ! Nous vous souhaitons une très bonne continuation et à très vite sur L’Ouvre-livres ! 🙂