C’est une forêt extraordinaire !

Un article depuis bien longtemps en attente, mais il n’est jamais trop tôt ou trop tard, n’est-ce pas ? Pour parler de certains albums qui marquent nos instants magiques de lecture.

« La forêt » est un album qui fait partie de ceux-là. « La forêt » est une invitation à la promenade, une ode à la nature. C’est aussi une très belle déclaration faite à la vie, une fine parabole. Dans « La forêt », l’aspect immaculé des personnages – pleine page – aux yeux évidés contraste avec les couleurs vives et gaies de la végétation. Ces yeux, un peu intrigants, sont également une invitation à la découverte, l’admiration, la contemplation. Chaque page tournée nous tient en « mode » curiosité et nous permet de nous enfoncer peu à peu dans l’épaisseur de l’histoire. Les représentations collent au moment précis d’une vie, l’enfance, les « singeries » dans les arbres, l’amusement ; l’adolescence, la découverte de soi, de son image, les émotions, l’Amour ; … Il y a aussi tous les moments de joie, de tristesse, les rencontres, la solitude, la solidarité, l’accomplissement, la sérénité, l’attente…

En parallèle, on y lira une autre Histoire, avec un grand H. Celle des Hommes, des Civilisations, de l’Humanité.. « La Forêt » a alors un goût de réflexion, de pause philosophique.

C’est aussi un album très BEAU et tactile, plein de sensibilité. On y utilise l’embossage, l’évidage, les pliures pour proposer une drôle d’aventure-lecture. Les illustrations, incontestablement, en font une vraie perle littéraire. Coup de coeur assuré.

Ricardo BOZZI. La forêt. Illustré par Violeta LOPIZ et Valerio VIDALI. Gallimard jeunesse, 2018. Coll. Giboulées. 25€

« C’est ici que la forêt est le plus enchevêtrée. À chaque pas, on risque de se cogner ou de s’égratigner. Mais d’après la science et le bon sens, il est impossible de retourner en arrière. »

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Des bidules, des truffes et des machins !

TruffeMachin_DP_300-1Truffe et Machin sont de joyeux frères lapins et Emile Cucherousset et Camille Jourdy nous racontent – dans ce petit roman – trois de leurs histoires, ou devrait-on dire plutôt, trois de leurs fabuleuses journées. Ainsi, tantôt, Truffe et Machin vont se lancer à la recherche d’une idée perdue (génial !), tantôt ils partiront à la chasse aux ombres (excellent !), tantôt ils se mettront en tête de retrouver leurs dents (parfait !). Autant d’aventures qui les mèneront à rencontrer d’autres personnages de la forêt (quelques fois aussi loufoques qu’eux), à se retrouver dans des situations abracadabrantes, voire flippantes… mais avec toujours beaucoup de courage, de solidarité et de fraternité,  sans oublier l’espièglerie et la tendresse. Car ces lapereaux n’en restent pas moins des enfants,  qui reviennent chaque soir auprès de « môman », qui peut les gronder (c’est sûr) mais aussi les réconforter. Et ça, quand même, c’est plutôt bien pratique…

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Ce sont de petites histoires qui se dévorent avec de grands éclats de rire et beaucoup d’empathie. Ben oui, qui n’a jamais eu l’idée de retrouver ses dents de lait… ? Ces deux frères, attendrissants, ont des idées bien saugrenues et sont un délice de joie, de bonne humeur et de positivité. Et quelle originalité de trouvailles et d’inventions de la part d’Emile Cucherousset, avec ces situations qui transmettent nombre d’émotions, et qui plairont sans aucun doute aux jeunes lecteurs. C’est aussi plein de philosophie et quelques leçons de vie (comme par exemple, occuper un temps qui est loin d’être perdu). Par ailleurs, on retrouve dans les dessins de Camille Jourdy une belle sensibilité (qui m’avait déjà touchée dans « Rosalie Blum »), avec des dessins frais, « rieurs » (si, si c’est possible) et garnis de petits détails qui attisent une belle curiosité.

Bref, un sacré duo qu’on a hâte de retrouver…  autant les frères lapins, que leurs créateurs.

« Truffe et machin« . Emile Cucherousset et Camille Jourdy (ill.). MeMo, 2017. Coll. « Petite polynie ». 8 euros

La collection « Petite polynie » est une nouveauté chez MeMo, qui propose de petits romans à partir de 7 ans et elle est très, très, très prometteuse. Merci !

Extrait :  » Truffe et Machin sont épuisés lorsqu’ils arrivent enfin devant leur terrier. Ils s’assoient quelques instants et pensent à l’idée qu’ils ne retrouveront plus. Pour un peu, ils laisseraient s’écouler quelques gouttes de chagrin sur leurs joues. Mais, comme tout ça est bien trop mélancolique à leur goût, ils se mettent à regarder passer les trains imaginaires de la nuit, dans le silence. « 

Comment c’est quand on est morts ?

Comment aborder le sujet si délicat de la mort avec les enfants ? Une sélection de titres qui nous a paru pertinente à différents âges.

Certains albums vont servir de support aux questions, pourront inciter aux échanges entres adultes et enfants. Quelques titres à lire lorsque l’enfant est concerné par un deuil, ou lorsqu’il pose des questions sur la mort.

Moi et rien Kitty Crowther Moi_et_rien

L’histoire de Lilas qui s’invente un ami imaginaire qui l’aide à surmonter le deuil de sa mère, et à se confier. Un ami peut-être pas si imaginaire, et qui va en tout cas aider père et fille à se retrouver.

citronCitron, fraise et chocolat de Kochka

Lorsque le papa de Lucas meurt, se mettent en place des petits rituels qui vont aider à apprivoiser la douleur, parmi lesquels les bonbons-baisers avec des goûts différents, ainsi que la goutte d’espoir à distiller dans le café. Une belle manière d’aborder les émotions liés au deuil, et d’admettre que la vie doit continuer malgré tout.

Journal de Mac Lir Jean-François Chabas

Lorsque la mère et la sœur de Mac Lir meurent, son père et lui s’isolent dans une cabane de pêcheurs. Et cet adolescent va devoir gérer le quotidien, porter son père qui s’écroule de désespoir. Il nous livre ses sentiments dans son journal, les ponctuant des rencontres avec un requin et une tortue.

Citons aussi des collections-phare pour aborder des sujets de société, comme les Goûtes philo, avec le titre La vie et la mort, et puis les Max et Lili chez Calligramm avec Grand-père est mort.

Et même s’il ne s’agit pas de littérature jeunesse, un titre qui fait du bien. Car oui, il ne faut pas voir la vie en rose, ni broyer du noir, mais accepter les épreuves de la vie qui font des bleus, et voir la vie en bleu, ce « bleu de travail qu’on doit enfiler chaque matin pour faire du jour qui se lève l’occasion de belles choses ».
La vie en bleu : pourquoi la vie est belle même dans l’épreuve, Martin Steffens, Marabout

Quelques titres à lire en toutes circonstances, pour leur beauté artistique et pour les réflexions qu’ils déclenchent sur le thème de la mort.

albertusAlbertus l’ours au grand large de Laurence Gillot et Thibaut Rassat

Un ours est retrouvé sur l’Albertus, un navire de marchandises, et il appartient forcément à un marin. S’en suit une enquête pour savoir à qui il peut bien appartenir. Attention spoiler : Un point de vue peu traité puisqu’il s’agit ici de la mort d’un enfant, et d’un parent qui se raccroche au doudou de ce dernier. Plein d’émotion, l’album s’ouvre aussi sur une note d’espoir.

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Cinq minutes et des sablés de Stéphane Servant et Irène Bonacina.

Lorsque l’ennui et la routine s’installent chez la petite Vieille, celle-ci décide d’attendre la mort. Mais sa venue crée une animation inhabituelle chez la petite Vieille, qui attire un défilé de personnes curieux, et donnerait envie de continuer à vivre…

Cet album est l’un des rares à aborder la mort de façon sereine, voire humoristique. La petite ritournelle redondante « Cinq minutes de plus ou cinq minutes de moins, quelle importance ? » ainsi que la structure en randonnée en font un bel album qui laissera des traces.

La caresse du papillon de Christian Voltz

Que répondre à un enfant qui demande où est l’être disparu, question épineuse s’il en est ? Papapa trouve une réponse personnelle, où d’après lui le « fantôme » de Mamama veille sur ses proches. A noter sur le thème du même auteur, le titre Vous voulez rire ?.

La-caree-du-papillon

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Comme chaque année, les épreuves du bac débutent par la philosophie. Connue comme l’une des plus redoutées des lycéens, cette discipline n’est pas évidente à appréhender… On vous propose donc aujourd’hui une sélection d’ouvrages pour apprivoiser la réflexion philosophique grâce à des thèmes qui « parlent » aux ados.

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Super-héros & philo, Simon Merle, Bréal, 2012, 18 €

Déjà évoqué là, cet essai ludique tisse des liens entre les aventures des super héros de comics américains (Superman, Batman etc) et de grandes notions de philosophie (la responsabilité, l’identité, le pouvoir, la justice…) au programme de terminale.

Le musée philosophique: quand les tableaux donnent à penser, Martine Laffon, Milan, 2011, 23,90 €

Et si Edward Hopper, Bruegel, Frida Kahlo, Vassily Kandinsky ou Auguste Renoir nous apprenaient à philosopher ? Un tableau donne à voir à plusieurs niveaux : ce qu’il représente, bien sûr, mais aussi les émotions que l’artiste a voulu transmettre. Enfin (surtout ?), il nous apprend des choses sur nous-mêmes en fonction de nos réactions face à une toile. Dans tous les cas, il donne à penser, comme le montre ce Musée philosophique, conçu comme une grande exposition imaginaire propice à une découverte de l’art et de la philosophie.

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Rock’n’philo, Francis Métivier, Bréal, 2011, 21,90 €

Dans cet ouvrage-ci, on propose de (re)découvrir des auteurs classiques de philosophie tout en (ré)écoutant des groupes et leurs morceaux cultes autrement… Sont donc associés et analysés des extraits de textes philosophiques et des chansons de rock’n’roll. Les thèmes majeurs de philosophie sont passés en revue à travers des chanteurs aussi variés que les Beatles, The Doors, The Who, Noir Désir, Bob Dylan, Alain Bashung, Led Zeppelin, Patti Smith, BB Brunes, Radiohead, Bruce Springsteen, Marylin Manson, Pink Floyd, Jimi Hendrix, Téléphone, Nina Hagen, Elvis, The Rolling Stones…

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Philosophie en séries, Thibaud de Saint Maurice, Ellipses, 2009, 14 €

Philosophie en séries, saison 2, Thibaud de Saint Maurice, Ellipses, 2010, 12,70 €

Les séries sont aujourd’hui l’un des programmes les plus regardés de la télévision. Ce succès ne tient pas seulement à leur qualité de divertissement : il tient aussi au fait que ces séries mettent en scène de grandes questions de l’existence. Desperate Housewives pose le problème du bonheur, Prison Break, celui de la liberté, tandis que Dr House confronte au problème de la recherche de la vérité et 24 Heures Chrono conduit à se demander si tout est permis pour lutter contre des terroristes. Chaque chapitre part ainsi de l’analyse d’une série, pose un problème philosophique et conduit à la lecture d’un ou plusieurs textes de philosophie plus ou moins classiques. Clair et pédagogique, ce livre relève le pari de faire se rencontrer la culture de masse et la philosophie à travers un dialogue permanent entre les personnages et les concepts philos. Les amateurs de séries verront leurs héros préférés sous un nouvel angle tandis que les lycéens, les étudiants et tous ceux qui s’intéressent à la philosophie auront, avec ce livre, l’occasion de philosopher autrement…

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Cinéphilo: les plus belles questions de la philosophie sur grand écran, Ollivier Pourriol, Hachette Littératures, 2008

Ollivier Pourriol, agrégé de philo, donnait des leçons de philosophie bien spéciales. Il étayait ses démonstrations à l’aide de films connus. Ces séances baptisées Ciné-Philo se déroulaient au MK2 Bibliothèque à Paris. Il en a tiré un livre où sous les traits de Brad Pitt, Tom Cruise, Emmanuelle Béart ou encore Keanu Reeves, on  nous fait sentir et expérimenter les idées éternelles.

A écouter: Du côté de chez soi tous les dimanches de 17h à 18h sur les ondes de France Culture et sous la houlette d’Ali Rebeihi. Une heure environ, autour de philosophes, psychologues, scientifiques, sociologues… pour prendre soin de soi autrement et s’initier en douceur à la philosophie.