Partir en livre Jour 7 : La bulle à histoires de la cour de récré

Un mardi de juin. 17h. Couloir des CE2-CM1-CM2. Mme D. et Mme C. papotent.

blablabla….j’ai lu un bel album…..bla bla….ah oui moi aussi! …….bla bla…. faudrait partager ces lectures  ….hum ….le petit présentoir à l’entrée du couloir ne suffit pas….pas assez grand…..pas assez accessible…. Blabla….Noémie affalée contre la porte  …. blabla….. pas confortable….hum….

Blanc. Soupirs.

Idée.

UNE BULLE A HISTOIRES DANS LA COUR DE RECRE !

Qui?

=> Lecture plaisir = aucune évaluation, aucune obligation. Donc qui veut.tissus-coupon-tissus-africain-wax-1er-cho-470319-img-8964-270b2_big

=> Les élèves lisent aux autres des histoires préparées seul ou à plusieurs. On peut organiser un tableau d’inscriptions  dans le couloir avec la date, le nom des élèves et le titre des histoires lues. Ce tableau doit être géré par les élèves (cycle 3). Ou pas.

=> Les élèves écoutent une histoire pendant la récréation. L’idée est d’écouter une seule histoire pour avoir le temps de jouer avec les copains et avoir le temps de ne rien faire aussi.

Quand?

=> A chaque récréation de l’après-midi. Cela laisse le temps aux « raconteurs » de préparer leur lecture lors de leur temps libre.

Quoi?

=> Des albums accessibles aux 6-10 ans. La lecture ne doit pas être trop longue pour ne pas mobiliser tout le temps de récréation.

=> Des albums validés par les enseignants pour éviter les dérivés commerciaux souvent pauvres et inadaptés. Les albums pourront être issus de la liste référence proposée par le Ministère (http://eduscol.education.fr/cid50485/litterature.html ) ou de découvertes personnelles afin que l’élève  puisse « se constituer une première culture littéraire partagée ».

=> Mais aussi des poèmes lors du Printemps des Poètes.

Où?

=> Un lieu où les enseignants puissent exercer leur surveillance.

=> Un lieu qui permette d’entendre une histoire (loin du terrain de foot et des kaplas qui s’écroulent)

=> Un endroit agréable, déplaçable, partiellement clos….comme une tente !

De quoi ça aurait l’air?

slide2=> quelque chose de coloré, d’aérien, de léger..

=> quelque chose de démontable, déplaçable selon les rayons de soleil, le chant des oiseaux, les humeurs des uns et des autres.

 

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Mélange de tente bédouine et de tipi lumière……il va falloir y réfléchir….

Des idées?

 

 

 

 

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P comme Printemps, P comme Poésie !

C’est en lisant  Jean-Pierre Siméon que je me requinque. De la vitamine P, enfin! P comme Printemps, P comme Poésie9782355041969

Voici en quelques lignes ce que je retiens de cette lecture…..

Le stéréotype de la poésie scolaire est tenace : des vers qui riment + apprendre par cœur + une récitation devant les copains qui gloussent + la maîtresse qui demande de mettre « le ton » (ceci est ma représentation d’élève et d’enseignant non formé sur la didactique de la poésie).

Jean-Pierre Siméon place la poésie au cœur de notre humanité et affirme que la poésie est le bien de tous. Il lève tous les malentendus, la poésie ce ne sont pas que des vers qui riment (« le caractère le plus constant de la poésie est son inconstance »), ce ne sont pas des représentations du monde harmonieuses et lumineuses, parfois certains textes sont loin du « joli », le poème n ‘est pas qu’évasion mais traite surtout de la réalité, du questionnement sur le monde.

Il définit la poésie comme reposant sur deux gestes fondateurs. Le premier geste est éthique, une invitation à l’effort d’ être attentif à soi, aux autres, au monde : « Cette façon d’être attentif aux presque riens du réel, d’en révéler la valeur et la profondeur, est le geste fondateur du poète ». Le second geste est esthétique, « la poésie est un extraordinaire laboratoire d’invention dans la langue. » Pour identifier la poésie dans la langue, J-P.Siméon évoque trois critères fondateurs à savoir l’intensité de la langue et de la saisie du monde, la densité (« dire le profond et le multiple avec peu de mots ») et l’opacité (tout n’est pas perceptible immédiatement). Il souligne le fait que le poème ne peut pas être expliqué avec des mots, il porte sa part d’inconnu, d’ailleurs aucun poème ne peut vouloir dire la même chose pour tous. Il faut accepter que la poésie déroute, accepter de ne pas tout comprendre. Il pointe du doigt la responsabilité des passeurs de poèmes : ne pas transmettre « le patrimoine clos de sens consacrés par la tradition exégétique mais faire des lecteurs hyperactifs ».

Dans une seconde partie il démontre la richesse de la poésie en évoquant de nombreux poètes classiques et contemporains étudiés. Il analyse le problème de la poésie à l’école : il y a ceux qui considèrent la poésie comme un outil d’apprentissage, ceux qui renoncent à la poésie ou encore ceux qui font du problème l’argument de leur enseignement. L’enjeu de la poésie est de restaurer chez l’enfant son rapport à la langue et son désir d’apprendre. Les pratiques traditionnelles en milieu scolaire se réduisent à la récitation et à l’explication de texte. L’élève cumule les difficultés : affronter un public, la mise en voix, la respiration, la voix, l’articulation, la mémoire. La proposition est d’initier dans un premier temps les enfants à la lecture à voix haute de la poésie sans souci de la mémorisation. L’adulte doit se faire « passeur de poèmes » : donner des poèmes dès le plus jeune âge , mais de « vrais poèmes insolites, imprévus, mystérieux », il se doit de « substituer aux stéréotypes de la récitation et de l’explication de textes des activités multiples ».

Dans une troisième partie, Jean-Pierre Siméon suggère que les activités pédagogiques se développent autour de trois axes : la familiarisation avec le fait poétique; le travail sur la mise en voix du poème et le travail d’écriture. Il débat sur la poésie jeunesse (a-t-on vraiment besoin de la poésie pour la jeunesse alors que l’on a déjà la poésie ?), il cite quelques maisons d’édition qui proposent au jeune lecteur « une poésie qui ne les sous-estime pas » et propose un répertoire qui doit « immerger l’enfant dans la diversité profuse et l’insolite ». Il s’intéresse ensuite à l’écriture de poèmes à l’école et recentre le sujet en proposant avant tout de « revenir sur cette idée que les enfants seraient naturellement poètes ». Il questionne la place du médiateur et le caractère obligatoire de l’exercice d’écriture de poème. Enfin, la mise en voix fait l’objet de son propos. « L’oralisation du poème révèle de nombreux problèmes propres aux enjeux de la poésie » telles que l’interprétation. L’idée est de multiplier les entrées afin de faire vivre aux enfants « le plus grand nombre d’expériences possible ». Il termine son ouvrage avec des exemples concrets de la mise en voix face à un public, les Brigades d’Intervention Poétique (BIP) qui lisent des poèmes aux classes, la Babel heureuse qui propose des lectures croisées dans différentes langues et l’Atelier de diction qui aborde des compétences techniques relatives à la mise en voix.

Il ne manque pas d’évoquer le Printemps de Poètes : http://www.printempsdespoetes.com/

Je retiendrai cette citation:

« Confronter un enfant à la poésie, ce n’est pas lui donner une leçon à apprendre[…], c’est l’exercer à la lucidité, à l’étonnement, libérer son regard et l’amener à se reconnaître tributaire d’un destin commun. »

Une réelle problématique de classe quand on a comme compétence du socle commun des connaissances à évaluer :

« L’élève est capable de :
– dire de mémoire, de façon expressive une dizaine de poèmes et de textes en prose. »

Suite à cette lecture, et au séminaire « Enseigner le Théâtre et la Poésie d’Aujourd’hui » proposé par le Centre de Recherches en Didactique de la Littérature de l’Université Stendhal de Grenoble 3, je vous propose quelques références à mettre entre les mains des jeunes lecteurs. Il ne tient qu’à vous de les compléter…

Aux éditions Motus, mes élèves ont apprécié:

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Le verlan des Oiseaux et autres jeux de plumes, Michel Besnier, Boiry

Mon kdi n’est pas un kdo, Michel Besnier, Henri Galeron

Le rap des rats, Michel Besnier, Henri Galeron

Mais la découverte continue …