Sauveur & fils – saisons 1 à 3

❤ ATTENTION Coup de coeur VIRAL ❤

Nous sommes nombreuses à l’Ouvre-Livres à avoir succombé aux charmes du psychologue Sauveur Saint-Yves et de son fils Lazare, 8ans. Certes, ce n’est pas la trilogie la plus légère -question volume physique- à emporter dans son sac de plage 2017 mais les chroniques pyscho-sociales et familiales des trois saisons de « Sauveur & fils » écrites par Marie-Aude Murail passionneront pour sûr vos ados et vous également, les adultes ! 

                                                                                

 

Sauveur Saint-Yves est psychologue clinicien. Et quand on s’appelle Sauveur, comment ne pas se sentir prédisposé à sauver le monde entier ? Sauveur Saint-Yves, 1,90 mètre pour 80 kg de muscles, voudrait tirer d’affaire Margaux Carré, 14 ans, qui se taillade les bras, Ella Kuypens, 12 ans, qui s’évanouit de frayeur devant sa prof de latin, Cyrille Courtois, 9 ans, qui fait encore pipi au lit, Gabin Poupard, 16 ans, qui joue toute la nuit à World of Warcraft et ne va plus en cours le matin, les trois soeurs Augagneur, 5, 14 et 16 ans, dont la mère vient de se remettre en ménage avec une jeune femme…  Mais à toujours s’occuper des problèmes des autres, Sauveur oublie le sien : Pourquoi ne peut-il pas parler à son fils Lazare, 8 ans, de sa maman morte dans un accident ? Pourquoi ne lui a-t-il jamais montré la photo de son mariage ? Et pourquoi y a-t-il un hamster sur la couverture ? L’irruption de secrets familiaux martiniquais dans la vie privée de Saint-Yves, le pousse à emmener son fils sur sa terre natale dès le 1er tome. Grâce aux confidences avec accent créole de son père, grâce aux maux et jargon médical qu’il espionne et  grâce à son meilleur ami, Lazare construit le véritable puzzle de sa vie qui aurait, d’après lui,  bien besoin d’être sauvée.

 

Chaque chapitre est le récit d’une semaine de consultations de Sauveur Saint-Yves et ses patients avec un double point de vue : celui du psychologue mais également celui de Lazare, le fils bien curieux qui écoute aux portes toutes ses consultations sans comprendre tout du jargon médical!  Chacun des chapitres nous tient en haleine par les maux divers et variés et plutôt chargés en émotions des protagonistes (autodestruction, quête d’identité, folie, filiation, racisme, suicide…), mais ceux-ci sont relatés avec tellement d’humanité et d’humour qu’ils en deviennent acceptables. Là est la grande force et la qualité d’écriture de Marie-Aude Murail – je ne vous apprends rien de nouveau hein- puisqu’elle arrive comme jadis dans »Oh boy » à briser les tabous et parler de tout avec bienveillance et sensibilité. 

Il est à noté également qu’il y a un peu deux histoires en une puisqu’en plus de suivre les méandres des patients, nous assistons également à la relation entre Lazare et son père, remplie d’organisation chaotique d’emplois du temps et de  secrets de filiation . Finalement, être fils de psy ne dispense pas de son lot de problèmes! Véritable miroir de la société lié à des évènements marquants de notre actualité contemporaine, on suit pendant 3 saisons soit 3 ans l’évolution de ce duo père/fils attachant, véritable et humaniste.

 

Pour vous donner envie de plonger dans ce triptyque, qui de mieux placer que son auteur même qui en lit quelques passages?

« Sauveur & Fils » Saison 1 à 3 de Marie-Aude MURAIL

Ecole des Loisirs, coll. MEDIUM

Avril 2016 -17 €

Romans à mettre en toutes les mains dès 13 ans!!!!

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Face à soi-même

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Qui aimerait, à 30-40 ans, se retrouver face à son « mini-moi » adolescent, dans les souvenirs ou physiquement ? Ça sent l’heure des bilans et peut-être des regrets. C’est un passé qui rattrape et qui bouscule bien évidemment. Le sujet n’est pas nouveau, mais pas souvent exploité en littérature pour la jeunesse. À leur manière, soit par le texte, soit par l’image, Marion Muller-Colard et Carole Maurel nous proposent des récits qui ont de nombreux points communs.

Les héroïnes sont des jeunes femmes qui affrontent ou reviennent sur ce qu’elles ont été 20 ans auparavant. Elles ont chacune des familles étouffantes et exigeantes, peu de considération pour la construction de soi et encore moins pour la différence. Surtout, ces deux récits traitent avec intelligence un thème comme celui de l’homosexualité. Le sujet est amené avec beaucoup de finesse, de tendresse mais aussi de rage et donc d’émotions. Les personnages sont chahutés, contraints à se dévoiler et obligés de faire face à leur propre « soi », leur individualité.

Dans « Bouche cousue« , Amandana, l’héroïne, est une adulte issue d’une famille dans laquelle le traditionnel et le conventionnel priment. Pour ses parents, qui tenaient un lavomatique, le parallèle est simple. La différence, les doutes, les états d’âme sont nettoyés, javellisés, stérilisés comme du modeste linge. Et, Amandana et sa soeur ont grandi dans cet environnement, prenant des chemins différents, sans être totalement épanouies et libérées de ce passé. Alors quand elle comprend que son neveu vit le même malaise qu’elle, Amandana décide de lui écrire, de lui confier ce qu’elle n’a jamais osé avouer et assumer.

Dans « Luisa, ici et là« , c’est ce que le personnage principal va devoir défier aussi, alors qu’adolescente, elle se retrouve projetée en 2013 se découvrant elle-même dans sa vie future. Les deux Luisa, face à face, vont se rejeter leur culpabilité, leur fragilité, leur mal-être jusqu’au « coming out » et une forme d’apaisement. Là encore, les parents, notamment la mère, ne sont pas épargnés du côté des préjugés et des non-dits. Un sablier ponctue chaque chapitre de ce récit, comme le temps qui passe, inéluctable, et la vie qu’il ne faut plus laisser filer. Il représente aussi ces deux « soi » que Luisa ne sait appréhender et supporter. À la fin, ils ne feront plus qu’un, rendant cette jeune femme enfin libre d’accepter ce qu’elle a toujours resenti.

Ces deux récits font partie de mes coups de coeur de l’été dernier. Ils expliquent avec beaucoup de psychologie un mal-être bien ancré, des sentiments refoulés qui peuvent peser longtemps. Mais ce sont aussi des récits optimistes qui secouent la fatalité et les chemins bien tracés. A faire lire sans commune mesure ! À partir de 13-14 ans.

Marion MULLER-COLARD. « Bouche cousue« . Gallimard, 2016. Coll. scripto. 7€

Carole MAUREL. « Luisa, ici et là« . La boîte à bulles, mai 2016. 32€

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 » Tu n’imagines pas le surplace sentimental que j’ai fait durant toutes ces années !  » 
Luisa à sa maman.