Les lois de l’été turques

Le printemps dernier, j’ai eu la chance de découvrir la ville d’Istanbul accompagnée d’un couple d’amis qui vit & travaille là-bas temporairement. J’ai été très curieuse de découvrir les librairies stambouliotes et notamment l’une d’elle spécialisée en jeunesse. Tout en sachant que visiter une ou deux boutiques n’est pas représentatif de la production turque, j’ai été déçue de constater que la plupart des ouvrages (les albums en particulier) est issue de traductions (beaucoup de titres anglo-saxons et même – cocorico – quelques français).

Mon cher & tendre a eu un coup de cœur pour un album signé Shaun Tan, un artiste australien dont le coup de pinceau ne m’était pas inconnu

De retour à la maison, il y a eu de nombreuses lectures de l’album à notre p’tit bout et ne parlant pas du tout turc, il faut bien avouer que cela s’apparentait vraiment pour le papa comme pour la maman à un langage inventé de toutes pièces mais ça n’a pas empêché notre fils de nous réclamer encore et encore ce livre, dont la magie a beaucoup résidé dans les mystérieuses, oniriques, surréalistes illustrations de Shaun Tan. Et c’est tout un scénario qui s’est construit dans chacune de nos trois têtes autour d’Asla neden diye sorma

Les deux adultes parents que nous sommes ont pourtant fini par faire quelques recherches pour enfin dénicher une version française et découvrir le texte en français.

C’était une belle expérience littéraire que de s’approprier un ouvrage par les images associées à des sonorités inconnues tout en se démarquant de la lecture d’un album sans texte pourtant…

Les lois de l’été, Shaun Tan, Gallimard jeunesse, 2014

Asla Neden Diye Sorma, Shaun Tan, Desen, 2015

Nos amis, qui apprennent le turc, étaient très enthousiastes à l’idée de proposer leur propre traduction de l’album. Il faut dire que la mise en page invite à écrire à même les feuilles… En attendant la version des copains, nous avons retranscrit la traduction française sur notre exemplaire stambouliote. Nous pourrons alors faire un petit exercice de comparaison d’ici quelques temps!

Au moment de publier ce post, quelle ne fut pas ma joie de tomber sur un album turc traduit en français, coup de cœur des éditions Rue du Monde…

 

Moi, j’adore la pluie, Ozge Bahar Sunar, Ugur Altun, Laurana Serres-Giardi (trad.), Rue du monde, 2019

A la moindre goutte d’eau tombée du ciel, les rues se vident, les portes se ferment… tout le monde court se mettre à l’abri parce que personne n’aime la pluie ! Alors, Madame la Pluie boude ! Vexée d’être si mal considérée, elle décide de disparaître à jamais. Certes, les habitants profitent allègrement du grand soleil, mais, de jour en jour, l’herbe vire au jaune, l’eau se raréfie et… une petite fille est même privée de son plus grand plaisir, danser sous la pluie ! Au cœur de l’album, le lecteur découvre en effet le secret de cette fillette, qui va réussir à faire revenir la pluie : ses oreilles ne fonctionnent pas. 
N’entendant aucun son, elle ne peut danser que portée par le rythme des gouttes de pluie que son corps perçoit. C’est cette sensation magique qui la fait si magnifiquement danser… Quel bonheur que la pluie revienne pour cette fillette… mais quelle chance aussi pour les fleurs, les arbres et les poissons rouges du bassin ! Ce Coup de cœur d’ailleurs venu de Turquie nous raconte dans un style graphique très contemporain une histoire riche autour de la pluie, cet élément vital pour la nature et les humains, mais il nous fait aussi réfléchir au handicap, pour le bien de tous.

Yağmur Adam ve En Güzel Dans,Özge Bahar Sunar, Uğur Altun, Redhouse kidz, 2019

Une petite vidéo pour vous donner une idée de l’ouvrage! Dommage qu’on n’entende pas la lecture en langue turque…