Ma vie de professeur-documentaliste : dictionnaire

Canapé (manifeste en faveur du)

le_coin_lectureEst-ce que vous aimez lire, vous, sur des chaises froides et dures? Non? Les élèves qui viennent au CDI non plus !

Point de lecture sans détente et point de détente sans canapé!

Par contre ne rêvez pas. C’est pour les élèves les canapés… En 4-5 ans de canapé, j’ai dû m’assoir 2 fois 10 secondes dessus.

Collègues « disciplinaires »

Ça surprend au début mais c’est comme ça que, nous les profs-docs, on appelle les autres profs : histoire-géo, maths, français, SVT et j’en passe. Eux, ils ont une « discipline ». C’est à dire une matière qu’on étudie et qui rentre dans l’emploi du temps des élèves. Nous autres devons nous contenter de portfolios, recommandations, progression ou référentiels. Pas de programme officiel, pas d’heures imposées dans les emplois du temps, pas d’agrégation. Mais souvent aussi : pas de notes (ce qui ne signifie pas qu’il n’y ait pas d’évaluation) et pas de réunion parents-profs.

Les collègues, pour en revenir à eux, sont souvent nécessaires à la réalisation de projets pédagogiques. C’est logique : si on veut travailler une compétence (le Graal) avec les élèves, on ne peut pas leur demander de rester à 17h30 après leurs cours. Ni de revenir le samedi après-midi. Non. Il faut donc s’arranger avec les collègues « disciplinaires » pour nous faire prêter des élèves. A ce moment-là mieux vaut construire un projet en binôme, le mener ensemble et aller boire des coups le soir avec ce collègue plutôt que de lui « chiper » des élèves alors qu’il n’a rien demandé et qu’il y a le programme à finir (et que merde je suis en retard avec les 4B).

Concours

Créé en 1989 par Lionel Jospin, le CAPES de documentation est le concours d’accès à la fonction de professeur-documentaliste. C’est un des CAPES les plus sélectifs. Il faut désormais un Master 2 pour pouvoir le passer. De nombreux sites vous renseignent sur les épreuves, les taux, etc. Ça m’évite comme ça de le faire.

Elève

Individu qui nous surprend à chaque rentrée par le nombre de centimètres qu’il a pris pendant les vacances.
Il vaut mieux ne pas en avoir peur parce que ce sont parfois les seuls êtres vivants que l’on rencontre pendant les heures de travail (voir Solitude). Avec certain(e)s ont peut discuter de littérature, mais aussi de choses plus futiles, voire complètement niaises.

Hiérarchie

Bien plus qu’un professeur de maths, de lettres ou autre (voir Professeur disciplinaire), le professeur-documentaliste comprend vite l’intérêt d’entretenir de bonnes relations avec son chef d’établissement (principal ou proviseur). En effet, le chef a autorité sur un certain nombre de points sensibles : l’emploi du temps et le budget des livres du CDI, notamment.

L’avantage quand on n’apprécie pas particulièrement un chef, c’est qu’ils changent tous les 4-5 ans afin de promouvoir leur carrière. Par contre, quand on l’adooore, on sait d’avance qu’il ne fait que passer.

Une autre espèce de chef que l’on côtoie, mais plus rarement : l’IA-IPR-EVS. Pour « Inspecteur d’Académie – Inspecteur Pédagogique Régional – Etablissements et Vie Scolaire ». Tout ça. Alors lui (souvent un homme…) a la douloureuse mission de nous inspecter en profondeur : bilans annuels, rapports d’activités, statistiques de fréquentation, taux d’emprunts, … tout est passé au crible. Et on est même observé en train de faire cours (voir Séance pédagogique). C’est souvent à cette occasion-là que l’on découvre à quel point les élèves sont passionnés par la construction d’une bibliographie ou la conduite d’une recherche documentaire! Quel talent!

Livres

espace_de_travailY’en a partout! Enfin, en principe. Pour l’anecdote : en 2009, quand j’ai pris mes fonctions dans le collège où je travaille, je découvris un CDI où aucun bouquin n’était visible! L’ancien chef (voir Hiérarchie) avait imposé le stockage d’une dizaine d’ordinateurs occupant l’essentiel de l’espace. Les livres devaient se contenter d’un coin qu’on ne voyait pas en rentrant.

Donc, normalement, un CDI est reeeempli de livres : des grands, des petits, des pour les « petits » 6e et des pour les « grands » 3e, si l’on bosse en collège. On trouve des documentaires sur tous les sujets, des romans pour toutes les occasions et même quelques pépites que les élèves se montrent en cachette (ceux où ça parle de SEXE – parce qu’au collège, permettez moi de vous dire, que la sexualité fait partie des programmes, ce n’est pas sale).

Comme pour ma copine Libraire jeunesse, on ne peut pas lire tous les bouquins disponibles au CDI. Et en plus on n’a pas envie.

Mammouth

Professeur-documentaliste = Éducation Nationale. Et même professeur-documentaliste = France cocorico car il n’existe dans aucun autre pays des enseignants qui gardent les livres aussi bien que nous (entre autres).

Faire partie du Mammouth, c’est la certitude de ne pas travailler pendant les vacances scolaires mais aussi que le salaire soit compté sur 10 mois puis multiplié par 10 puis divisé par 12. Ne cherchez pas le 13e mois même-si-on-n’a-pas-le-droit-de-se-plaindre-par-rapport-à-d’autres-qui-font-plus-d’heures-et-qui-gagnent-mois.

En même temps, j’ai envie de vous dire : venez voir comment on travaille dans les bahuts et passez le concours. Gnark gnark gnark.

Manuels scolaires

[Cette partie a volontairement été retirée. Sources insuffisantes].

Partenaires particuliers

Citons quelques partenaires dans le désordre. Les bibliothécaires du coin qui souvent font un boulot formidable et sont en demande de partenariats. Le gestionnaire/intendant/comptable que l’on peut positionner sur une échelle allant de « précieux allié » à « boulet ». Les libraires pour leurs bons conseils et le soin qu’ils mettent à traiter les commandes souvent vite et bien. Les partenaires culturels du coin ou de plus loin. Le Conseil d’orientation psychologue, l’infirmière, le conseiller principal d’éducation… Les profs-docs du coin ou de plus loin qui sont souvent là quand ont a besoin d’eux (voir Solitude). Ma famille, sans qui je ne serai pas là où j’en suis arrivée au jour d’aujourd’hui et à l’heure qu’il est.

A vous tous, merci 🙂

Séance pédagogique

Habituellement appelé « cours » pour les autres profs ou les élèves, la séance pédagogique est aux profs-docs ce que la sonnerie est à la récréation.

Mais alors là, attention! Tout est possible, tout est envisageable. Les mailing-listes professionnelles sont là pour témoigner de la diversité (devrais-je dire richesse?) de notre métier. Il y a ceux qui n’en font jamais, ceux qui en font 3 dans l’année et ceux qui en ont 4 par semaine. Il y a ceux qui font ça à plusieurs. Et ceux qui ne prennent qu’une moitié de classe.

Dans le cas « classique » (enfin, dans mon cas), le prof-doc enseigne aux élèves la recherche documentaire, les questions de droits d’auteurs, les « dangers » des réseaux sociaux, la bibliographie, le logiciel documentaire, tout ça, tout ça. La plupart du temps, je « prends » les élèves en demi-classe, ce qui permet au collègue de travailler avec un effectif allégé. Mais j’ai aussi une heure hebdomadaire intégrée à l’emploi du temps des élèves et où je fais cours à toute une classe. En fait, ça dépend (ça dépasse).

Solitude

Si vous êtes incapable de travailler seul et que vous compter toujours sur les autres, ce métier n’est pas fait pour vous. Il est rare (et de plus en plus) que le professeur-documentaliste travaille au même endroit qu’un autre de ses pairs. Quand c’est le cas, le chef d’établissement (voir Hiérarchie) aspire davantage à augmenter l’amplitude horaire du CDI que de fournir une compagnie à un prof-doc esseulé.

Ceci dit les journées passent vite tant la diversité des tâches (et des taches) qui nous incombent est grande. De la solitude, oui, mais point de routine!

Statut

Professeur certifié. Classe normale ou Hors classe. La plupart du temps titulaire mais de plus en plus, malheureusement, contractuel.

Donc même grille de salaire, même système de notation et de mutation et on a même un casier en salle des profs avec son nom marqué dessus : Mme CDI.

10 réflexions sur “Ma vie de professeur-documentaliste : dictionnaire

  1. DanyG dit :

    SURNOM : Le plus souvent, c’est la ‘dâme du CDI’, parfois ‘la meuf du CDI’ (plus moderne !?) ou ‘celle-qui-donne-les-livres’, mais d’autres petits noms doux peuvent être attribués aux spécimens les plus typiques d’entre nous : ‘le Dragon’ , ‘Le Dinosaure’… Vous en connaissez sûrement de plus gratinés encore ! (Au fait, les garçons-docs, ils ont quoi comme surnoms ? Le ‘type du CDI ?)

  2. SILENCE : Obsession du prof-doc, ce concept souvent abstrait pour les élèves (mais pas seulement) peut s’avérer très subjectif selon l’âge et les motivations de chacun. On peut par exemple passer plus d’un quart d’heure à négocier pour l’obtenir, avant de voir anéantir tous ses efforts en un instant par un collègue (sans mauvaise intention) qui pense que la règle ne s’applique qu’au moins de 18 ans, et qui débarque en déclarant tout fort « Dis donc tu pourrais me passer un manuel de 4e, je te le ramène dans 20 minutes promis-juré »…

  3. Génial! je retrouve l’ambiance des moments passés au CDI du collège! Je me souviens encore du nom de la dame du CDI: Mme Trihn , on pouvait lui demander n’importe quoi, elle savait! Un puits de science dans une paire de talons très) hauts (ne me demandez pas pourquoi je me souviens de ce détail!)

  4. sandrinemz dit :

    La dame du CDI peut aussi se faire appeler La CDIste par ses collègues disciplinaires… C’est comme si le prof d’informatique s’appelait l’Ordinatiste, le prof d’EPS le Gymnatiste, Le prof de SVT le Laboratiste… De quoi inventer un nouvel album, non ?

  5. marionladoc dit :

    Moi j’ai aussi eu droit à la CDIère , comme théière, soupière ou policière: chut! ,p
    Merci pour ce post des plus rafraichissant…ça reflète tellement bien notre quotidien!

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